G

wendall n'avait eu le temps de rien, ni d'analyser la situation ni, en conséquence, de comprendre la situation. Tout ce qu'il savait, c'est que cet homme qui avait si brutalement abordé celle qu'il aimait ne lui inspirait pas le moins du monde confiance, et qu'il n'allait certainement pas le laisser importuner Sasha. Son instinct protecteur, déjà développé, prenait toujours le pas sur tout le reste quand il était question de la jeune femme, et il était en plein éveil, au point qu'il se moqua bien de lâcher les deux jeunes mariés pour s'assurer que Sasha ne courait aucun danger. Qui que soit cet homme, et quel que soit son lien avec Sasha, il ne pouvait pas lui vouloir du bien, cela se voyait à la sévérité de sa voix, à la haine qu'il avait cru voir luire dans son visage. Une fois arrivé au niveau de la jeune femme, il toisa l'inconnu du regard, prêt à l'inviter à dégager sur le champ. Rien au monde ne pouvait justifier qu'il importune sa belle, et même si cette attitude de chevalier servant n'était pas forcément nécessaire, étant donné que Sasha avait prouvé plus d'une fois être capable de se débrouiller toute seule, il ne comptait pas l'abandonner pour autant.

Mais alors qu'il allait l'inviter à dégager sur le champ, l'homme prononça une phrase qui eut le don de complètement déstabiliser l'Auror. Il venait de qualifier Sasha de moldue... C'était... absurde... Bien sûr, il savait qu'elle était une sorcière, et une sorcière brillante, il l'avait vu user de sa magie, mais ce n'était pas la question, il avait bien compris que l'inconnu parlait du sang de la jeune femme. À bien y réfléchir, Gwendall ignorait tout des origines de Sasha. Il savait ce qu'elle avait fait subir à ses parents avec son frère et, de fait, c'était un sujet qu'ils ne jugeaient pas vraiment d'aborder... Sans oublier bien sûr que, d'une certaine manière, ils s'exprimaient quand ils étaient ensemble, bien plus physiquement que par la parole... Il allait sous peu regretter de ne pas s'être penché plus avant sur la question. Car la jeune femme démentit sans vraiment le faire, elle niait peut-être sa naissance, elle était allée jusqu'à tuer le père, mais elle avouait quand même que le père en question était de sang moldu... et ça, ça plaçait Gwendall face à une vérité qu'il n'aurait finalement jamais voulu entendre.
Le nombre de questions qui traversaient son esprit se comptaient au centuple, mais il y avait plus urgent, Sasha venait d'avouer ni plus ni moins un meurtre à cet homme, qui la dévisageait désormais, l'air aussi estomaqué que haineux. Gwendall agit dans l'urgence, il lança, presque par réflexe, un sortilège d'oubliette à cet homme avant d'attraper la main de Sasha pour la faire transplaner jusque ces lui. La conversation qu'ils devaient avoir devaient se faire à l'écart de ce mariage. Quant à cet homme, il n'oubliait pas son visage, Merlin sait ce qui se passerait s'ils se revoyaient.

-C'était qui ? demanda-t-il, lui lâchant la main, à peine étaient-ils arrivés à destination.

Le ton de sa voix était différent de celui qu'il employait d'habitude avec elle, l'on y décelait moins de douceur, moins de tendresse. Il devait, en plus du reste, accuser le contrecoup d'une révélation qui devait forcément tout bouleverser.

code by Mandy

L

e frère de sa mère. Donc ça se confirmait. Même s'il n'y avait, au fond, pas vraiment de confirmation à douter, il aurait fallu un miracle pour donner tort à ses suspicions, malheureusement. Elle connaissait effectivement cet homme, et cet homme la connaissait très bien. Il n'était nul autre que son oncle. Son oncle... Un membre de sa famille, qui en conséquence était le mieux placé pour parler du sang de la jeune femme. Ses doutes étaient donc confirmés, même s'il ne saurait y croire tant qu'il ne l'aurait pas entendu de sa propre voix. Elle ignorait ce qui la liait à cet homme, mais il se félicitait, en tous cas, d'avoir eu le réflexe de lui lancer ce sortilège d'amnésie (sa formation d'Auror avait de très clairs avantages, par moments), il lui avait sauvé la mise, au moins temporairement. Car oui, même si la cruelle vérité semblait annoncer pour lui l'éminence de ce qu'il n'aurait jamais voulu vivre, il ne saurait jamais faire autrement que de vouloir protéger la femme qu'elle aimait, et qu'il aimerait toujours, dans tous les cas... Car oui, les sentiments qu'il éprouvait pour elle avaient le don de le surprendre lui-même, et il ne pensait pas que son coeur puisse s'emballer à ce point un jour pour aucune autre femme. Mais ça ne changeait rien. À ses convictions, et à ce fichu sens du devoir personnel qui était autant son atout le plus fort que son plus grand défaut. Pendant une fraction de seconde, il laissa peser un silence sur la scène. Il avait envie de faire les cent pas, comme souvent lorsqu'il était nerveux (car oui, ça lui arrivait), mais il s'abstenait, supportant comme il le pouvait ce statisme qui lui était des plus difficiles pour le moment. Il ne répondit pas à sa question première. C'est vrai, ils auraient pu tout simplement retourner au mariage. S'en aller sans même dire au revoir ne se faisait pas vraiment, mais pour Gwendall, c'était le cadet de ses soucis. D'autant qu'il n'avait ni affection, ni estime particulière à l'égard d'Elena et Caleb Lestrange. Il savait qu'il n'en était pas de même pour Sasha, mais pour l'heure, peu lui importait, il y avait plus important à régler. Et la cérémonie, les festivités, tout cela lui semblait à mille lieux de ses priorités. Elle l'avait perçu, il n'avait pas réussi à le cacher. Non, ça n'allait pas. Pas du tout, même. Parce qu'il allait être confronté à ce choix qu'il n'aurait jamais voulu faire. Quand le coeur et la raison ne sont plus sur la même longueur d'ondes. Que reste-t-il à faire ? Malheureusement, Gwendall Colloway avait toujours privilégié la raison.

-C'était vrai ce qu'il a dit ? ... Pour ton sang ?

Qu'est-ce qui était le pire ? Qu'il n'en ait rien su jusqu'ici où qu'il soit tombé sous le charme d'une sang de bourbe ? Il ne se pensait pas capable d'aimer quelqu'un de... cette espèce ? Et si c'était le cas, il ne pensait pas avor d'autres choix que de s'en guérir. Ils ne pouvaient pas. Tout simplement pas.

code by Mandy

S

asha avait beau nier, et avec une véhémence que Gwendall savait sincère, les faits étaient les faits, et dans les faits, elle n'était pas une sang pur à proprement parler. Un sang véritablement pur se devait être irréprochable, pas une goutte de sang moldu pour venir gâcher le tout. Et là, on parlait de plus d'une goutte innocente. Elle avait beau les haïr de toute son âme (et sur ce point, il savait qu'elle était sincère aussi, ses gênes étaient pervertis, et, même si cela était indirectement, elle était liée à cette sous-espèce de l'humanité qui devait à tous prix disparaître. Ce n'était pas seulement pour la forme, que Gwendall prônait la pureté du sang, c'était une chose à laquelle il croyait dur comme fer. Les moldus étaient des aberrations, une espèce vouée à s'éteindre, puisqu'elle ne revêtait pas le moindre intérêt en comparaison des sorciers. Mais le moldu était une espèce maligne., vraiment. elle ne se contentait pas de survivre comme le plus immonde des parasites, elle  les contaminait, en se reproduisant avec eux, si bien que les sorciers, les vrais, ceux qui n'avaient pas à rougir de leur sang, n'étaient vraiment pas bien nombreux. Pour que cela dure, il fallait respecter les traditions, et veiller à ses fréquentations. Il aimait Sasha, il l'aimait de tout son être, comme il ne pensait pas être capable d'aimer qui que ce soit, mais ils ne pouvaient pas continuer, ils ne devaient pas continuer. Gwendall Colloway était un homme de conviction, il ne pouvait les briser ou les fouler au pied, même par amour. Il avait tout fait pour séparer sa soeur de son absurde amant et lui assurer un mariage digne d'elle, quelle hypocrisie se serait de sa part que de continuer à fréquenter Sasha. S'il ne s'était agi que d'une simple amourette, peut-être, mais le fait est que plus le temps passait, plus Gwendall s'était projeté avec elle, quitte à imaginer ne pouvoir avoir qu'elle pour épouse et mère de ses enfants. Il devait donc se résigner à demeurer célibataire et sans enfants, il faut croire...

-Si, Sasha, ça change tout...  Il marqua une pause. Il n'en revenait pas. Jamais il n'aurait cru pouvoir décider de se séparer de lui-même de celle qu'il aimait, et pourtant, voilà où il en était. Parce qu'il n'avait pas le choix. Cette décision allait le vouer à la douleur, il le savait, mais il ne concevait pas d'autres solutions. Je ne peux pas, tu comprends ? Je ne peux pas...

Ce n'était pas elle, qu'il remettait en cause. On ne choisit pas sa famille, c'est un fait avéré, mais voilà, ce qu'elle était déterminée à être était parfaitement incompatible avec ce qu'il était lui. Elle restait parfaite, belle, intelligente, incroyable... mais elle ne pouvait être à lui. Elle ne devait pas être à lui. Quelle sorte d'homme serait)il s'il se laissait avoir par les simples élans de son coeur en oubliant les valeurs qu'il avait défendu corps et âme tout au long de sa vie ?

code by Mandy

C'

était pour lui un véritable supplice que de voir les larmes couler le long de ses joues. Il mourrait d'envie de la serrer dans ses bras, de sécher ses larmes, de l'embrasser, de lui jurer que tout irait mieux, et de faire en sorte que toute aille mieux. Mais c'était impossible. Il ne pouvait pas rebrousser chemin. Sa décision était ferme et inébranlable. Ça lui faisait un mal de chien, son coeur se brisait en des milliers de morceaux, mais il devait tenir bon. Pire que de la voir malheureuse, savoir que c'était lui qui la rendait malheureuse était un vrai supplice pour lui... Et pourtant, il n'y avait rien qu'il puisse faire. Si ce n'est, peut-être, la convaincre qu'elle ferait mieux de se passer de lui, que sa vie serait meilleure dans tous les cas. Et c'était sûrement vrai. Ils ne pouvaient pas être ensemble, mais pour autant, Gwendall ne souhaitait en rien que Sasha soit triste. Il ne rompait pas parce qu'il ne l'aimait plus, c'était tout le contraire. Il l'aimait beaucoup trop. Elle se défendait, lui affirmait qu'il n'avait pas le droit, mais si... Il pensait tout le contraire. Il avait le droit de faire cela. Et même, il en avait l'absolu devoir. Pour l'instant, ils en souffraient. Mais en définitive, ce serait le mieux pour tout le monde. Pour lui, pour elle. Dès qu'ils auraient pris la distance nécessaire. C'était beau, de rêver. Il n'avait pas la moindre idée de ce à quoi il s'exposait. Il allait se montrer plus ferme, lui faire comprendre avec d'autant plus de détermination que tout devait s'arrêter là, qu'ils y mettaient un point final. Mais ce qu'elle lui dit le déstabilisé totalement.

-Me protéger ?

Il ne comprenait pas où elle voulait en venir, et ses interrogations, sa curiosité, avaient pris le pas sur tout le reste. Il avait voulu mettre un terme au plus vite de cette discussion, lui demander de s'en aller, pour ne plus jamais la revoir, pas parce qu'il en avait envie, mais parce que c'était beaucoup mieux ainsi selon lui. Et puis, plus vite elle s'en allait, moins il serait tenté de faire marche arrière, de l'embrasser, et de faire comme si rien ne s'était passé, comme s'il n'était au courant de rien, comme si rien n'avait d'importance... Sauf que sa réflexion l'intriguait, et qu'il voulait en avoir le coeur net. Il la connaissait tout de même suffisamment bien (en dépit de tout ce qu'il avait ignoré) pour savoir que son interlocutrice ne mentait pas uniquement pour le retenir. Si elle disait avoir tout fait pour le protéger, c'était qu'il s'était passé quelque chose en particulier, quelque chose qu'elle lui avait caché jusqu'ici, et il voulait savoir de quoi il était question, être sûr que Sasha ne s'était pas mise en danger dans la foulée. Ça ne changerait rien à sa décision, elle était irréversible, à l'inverse des élans de son coeur, qui ne changeraient jamais de destinataire.

code by Mandy

E

lle lui demandait d’oublier sa remarque d’il y a un instant, vraiment ? Bien essayé, sauf que Gwendall en était parfaitement incapable, il voyait bien que sa réflexion dissimulait quelque chose, une autre chose qu’elle lui avait caché, une chose qui pouvait être grave et, qui sait, la mettre en danger... Il était hors de question qu’il laisser faire, qu’il laisse passer une telle réflexion sans réagir. C’était décidé, il quittait Sasha, leurs chemins se séparaient, parce qu’il ne pouvait pas en être autrement, mais quand bien même ils emprunteraient des voies différentes, elles demeureraient parallèles quoi qu’il en soit, et jamais bien éloignées, de sorte qu’il pourrait toujours garder un oeil sur sa personne. Le sentiment amoureux était une chose étrange, forte, intense, inexorable. Ce n’était pas une simple déception qui pouvait le faire disparaître. Ceux qui, dans l’impossibilité, cessaient d’aimer, n’avaient en vérité jamais su ce qu’amour voulait dire. L’amour ne se décide pas, c’est une force plus grande que vous, un torrent qui vous emporte vers des rivages incertains, et l’on n’en guérit pas. Gwendall, d’ailleurs, ne voulait même pas en guérir. Il l’aimerait, toujours, et tant pis si c’était folie, tant pis s’il rêverait chaque jour de l’avoir tout en refusant de la posséder. L’amour, c’était aussi des sacrifices. En bref, non, il ne la laisserait pas s’en aller comme ça, pas tant qu’il n’aurait pas eu les réponses aux questions qu’il se posait. De toute façon, il ne se sentait pas prêt encore à lui laisser passer le pas de cette porte. Aussitôt qu’elle aurait quitté cet appartement, il ne la verrait plus jamais que de loin, ou quand la situation les y obligerait, plus jamais il ne pourrait poser les yeux sur elle comme il le faisait encore maintenant. Plus jamais... Non, il fallait qu’elle reste encore un peu. Pour cette raison, pour la retenir, il lui attrapa le poignet.

-Pas encore... dit-il sans l’ombre d’une menace dans la voix, juste du mal à ne pas lui témoigner toutes les raisons qui faisaient que, au fond, il ne voulait pas qu’elle s’en aille de suite. Pas encore, non. Ses doigts ne lâchèrent pas le poignet de la jeune femme. Il profitait de ce dernier contact avant le néant. Dis moi ce que tu as fait.

Et si elle choisissait de lui résister avant que de répondre dans un premier temps, elle ne lui en voudrait pas. Parce que cela voulait dire qu’il pouvait encore l’avoir à lui quelques instants, instants éphémères mais nécessaires, il n’avait pas la moindre idée de la façon dont il allait s’en sortir pour parvenir à vivre sans elle. Elle n’était pas arrivée dans sa vie il y avait si longtemps que cela, mais il avait l’impression qu’elle était là depuis toujours, il n’avait pas la moindre envie de voir tout cela s’arrêter, mais il le fallait. Et tant pis s’il n’arrivait plus à rien sans elle. Il l’acceptait. Pour le mieux. Voilà tout. Et tant pis s’il survivait au lieux de vivre. Tant pis.

code by Mandy

Q

uand elle lui demanda de la lâcher, sur un ton qui semblait ne tolérer aucun refus, Gwendall ne put que s'exécuter. Il rompit à regret le contact, lui qui aurait voulu ne jamais le rompre, lui qui aurait voulu la garder près d'elle pour toujours. Oui, il avait lâché son bras, mais pour autant, il ne voulait toujours pas qu'elle s'en aille. Ce serait injuste que de la retenir de force alors que c'était lui qui la quittait, mais Merlin, qu'il en avait envie, de fermer cette porte derrière eux, de les enfermer à jamais dans cet appartement, où il n'y aurait jamais eu qu'eux, eux et personne d'autre, coupés du reste du monde, coupés des préjugés et de ces convictions qui les empêcheraient à jamais d'être heureux. Sauf que les désirs étaient toujours très éloignés de la réalité. Et les siens ne pouvaient pas, ne devaient pas s'accomplir. Et il allait devoir la regarder s'en aller, ce qui certainement le spectacle le plus déchirant auquel il assisterait de toute son existence.

En attendant, il espérait encore, il voulait croire qu'il parviendrait encore à lui voler quelques instants, de ces instants perdus dans le temps et l'espace, où il pourrait simplement la regarder, même si cela signifiait voir des larmes en bordure de ses yeux et de la colère au creux de son crâne, où il pourrait entendre encre le son de sa voix, mais si elle serait teintée de déception et d'acceptation. À un moment ou à un autre, elle finirait par le haïr pour de bon, quand lui-même serait encore décidément et irrémédiablement amoureux d'elle. Il ne la laisserait pas partir encore si elle le lui accordait, pourtant. Il y avait toujours un mystère à éclaircir, et il voulait être certain que la jeune femme n'avait pas pris des risques inconsdérés pour lui. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire, demandait-elle ? Eh bien, tout. Parce que tout ce qui la concernait le concernerait toujours, maintenant et à jamais, qu'elle le sache ou non. Et mieux valait qu'elle ne le sache jamais, qu'elle puisse tourner la page quand lui ne le ferait pas, en serait incapable. Il avait besoin de savoir, et il espérait tout de même qu'elle lui accorderait au moins cela.

-Si tu as pris des risques pour moi, j'estime que j'ai le droit de savoir. Son ton était bien plus froid que celui qu'il avait envie d'employer. Ce qui me concerne n'a plus de raisons de te concerner désormais. Il ne fallait pas qu'il lui donne l'impression de s'accrocher encore, quand bien même c'était le cas, il voulait lui laissait l'opportunité d'être heureuse, elle ne le serait pas en découvrant trop de l'affection qu'il avait pour elle. Et mes problèmes ne doivent pas être les tiens.

Et ça, il le pensait, il ne voulait pas qu'il lui arrive quoi que ce soit, et encore moins par sa faute, il ne s'en remettrait pas. Par contre lui, c'est évident, continuerait toujours à être concerné par son sort à elle, et ne cesserait jamais de veiller sur sa personne.

code by Mandy

P

lus Sasha se refusait à lui apprendre ce qu'elle avait fait, ce qui s'était réellement passé, plus elle tentait de garder cela pour elle, plus il devenait évident pour Gwendall que l'affaire était grave, et donc, plus il considérait qu'il était important qu'il sache. Elle ne pourrait certainement pas le comprendre, puisqu'elle devait entendre que leur rupture signifiait qu'il se désintéressait à jamais d'elle, chose dont il était positivement incapable, mais il n'y aurait jamais aucun de ses problèmes à elle qu'il ne considèrerait pas comme étant de sa responsabilité. Il ne comptait pas le lui dire, bien sûr, mais il le savait bien, il ne se passerait jamais un seul jour sans qu'il se soucie d'elle, jamais un seul jour sans qu'il cherche à la protéger, peu importe les démons dont elle était assaillie, peu importe l'étendue de ses problèmes, peu importe les obstacles. Bien sûr, il n'avait en aucun cas pu s'attendre à ce qu'elle lui apprit alors.

Elle avait trahi les neo-grindelwaldiens. S'il s'était agi de n'importe qui d'autre, quelqu'un dont il n'avait rien à faire, quelqu'un pour qui il ne nourrissait pas un amour à ce point brûlant, il n'aurait pas hésité une seule seconde, il l'aurait livré à Borodine, et l'aurait sérieusement blâmé pour avoir trahi leur cause, lui qui la soutenait et y croyait dur comme fer. Sauf qu'il l'aimait, et que surtout, il réalisait qu'elle avait bel et bien fait tout cela pour lui. Et elle voulait qu'il reste en dehors de cela ? C'était totalement hors de question. Si elle avait pris tous ces risques pour le préserver lui, il était normal qu'il en prenne autant pour la préserver elle, mais c'était une chose qu'il ne comptait pas exprimer de vive voix. À la place, il se contenta d'afficher un visage impassible, avant que de prendre la parole, d'une voix qui ne manifestait pas davantage d'émotions.

-Qui est cette personne ?

Son ton demeurait froid, parce qu'il ne voulait pas qu'il lise son inquiétude, l'angoisse véritable qu'il éprouvait. Non, il n'était pas en colère, il craignait plutôt pour Sasha, et pour les éventuelles retombées de ses actes. Et si cet homme, qu'elle trahissait en lui apprenant tout, décidait de se venger. Dans tous les cas, il devenait clair que Sasha pouvait être en danger, sérieusement en danger, et il ne laisserait pas cette personne faire, qui qu'elle soit. Pensez bien que, en découvrant qu'il s'agissait d'un gamin d'à peine dix-sept ans, il tomberait des nues. Pour l'heure, il pensait davantage à un rival plus direct de Borodine, qui n'aurait pas apprécié qu'il se proclame comme étant le nouveau Grindelwald. Dans tous les cas, les risques inconsidérés qu'elle avait pris pour éviter que son signalement ne tombe entre les mains de McDowell (qui en savait déjà beaucoup trop sur lui) lui allaient droit au coeur autant qu'ils le troublaient. C'était la dernière chose qu'il aurait aimé entendre alors qu'il devait déjà supporter d'être séparé de celle qu'il aimait.

code by Mandy

P

lusieurs choses avaient clairement échappé à Gwendall au sujet de Sasha, mais il en était une au sujet de laquelle il n'avait jamais eu le moindre doute. Elle était butée, et elle ne lâchait jamais rien quand elle avait une idée en tête. Elle était obstinée, oui, et c'était là une qualité qui plaisait énormément. Ceci dit... Il aurait aimé qu'il n'en soit rien, cette fois, il aurait aimé pouvoir la convaincre de lui parler, mais il savait qu'il n'arriverait à rien. Du moins pas sans recourir à la force ou à la violence.. Et le fait est qu'il avait bien trop de respect pour elle pour en arriver à de telles extrémités. Il avait envie de savoir, bien sûr qu'il voulait savoir, et il se promettait d'apprendre la vérité par tous les moyens, mais il comprenait que ce n'était pas si simple. Il n'obtiendrait rien d'elle, s'il voulait des réponses à ses questions, il allait falloir qu'il se débrouille différemment. Et donc, il allait falloir qu'il la laisse partir. Cette perspective lui faisait un mal de chien. Elle avait l'impression qu'un poids gigantesque opprimait son coeur. Non seulement il la laissait, mais en plus, il la laissait dans un danger potentiel, mais il ne pouvait pas faire autrement, il n'imaginait pas d'autres options. Il n'y avait pas d'autres options. Il ne pouvait plus être avec elle. Ce que son coeur lui hurlait à corps et à cris, sa raison l'en empêchait. Il n'avait pas le choix. Résigné, les poings serrés, il hocha la tête. Oui, il en avait fini. Avec cette interrogatoire, avec elle, avec le sens de sa propre vie, avec tout. Il n'avait pas le choix. Sa voix était brisé quand il lui répondit :

-Va t'en alors.

Sa main lui désignait la porte, et pourtant, il aurait voulu qu'elle ne s'en aille jamais. Son injonction était en contradiction totale avec tous ses désirs. Ça ne voulait en rien dire qu'il l'abandonnait à son sort, où qu'il ne chercherait pas à comprendre qui était cet homme, et quel mal il pourrait faire à celle qu'il aimait, il s'était seulement résigné à l'apprendre d'une façon différente... Il la protégerait toujours, veillerait toujours sur elle, car il ne s'imaginait pas d'autre façon d'être ou de vivre. Mais à compter de l'instant où elle abandonnerait cette pièce, il ne serait plus que l'ombre de lui-même. Il murerait son coeur, et par une interstice, il la verrait sans pouvoir l'approcherait, l'aimerait sans s'y autoriser. Il en avait pertinemment conscience à cet instant. Il était totalement incapable de passer à autre chose, de penser à quelqu'un d'autre, et il ne pensait pas pouvoir en être capable à aucun moment. Il avait scellé son destin. Il ne ressemblait en rien à celui qu'il s'était imaginé, mais il supporterait cette évidence. Du moment qu'il parvenait à la protéger et à éviter que quoi que ce soit lui arrive... Ce qui ne serait pas une mince affaire, il le savait bien.

code by Mandy