Je suis né moldu, ce qui signifie que mes parents sont dénués de pouvoirs magiques. Je viens au monde dans un petit quartier tranquille de Londres qui ressemble à s'y tromper à tous les autres de la banlieue. Les maisons, les voitures, les gens, y sont identiques en tous points si ce n'est éventuellement la couleur de temps en temps. A l'hôpital, le médecin a dit a mes parents que j'étais trop frêle et que je pourrais ne pas survivre. Finalement, je m'en suis plutôt bien sorti. La photo là, c'est celle de ma première nuit dans ma chambre personnelle. Avant cet âge, je refusais de dormir ailleurs que dans la chambre de mes parents. Pour l'occasion, m'a mère m'avait acheté un pyjama panda. Mignon, hein ? Je suis ensuite allé à la maternelle puis au primaire. Je pense qu'on peut dire que je n'étais pas l'enfant le plus adoré, surtout aux yeux de mes camarades de classe. Mon air de corbeau chétif faisait de moi une victime parfaite. Au fond, je ne leur en veux pas d'avoir fait de moi une tête de turc, parce que c'est ce qui m'a permis de découvrir mes pouvoirs.

C'est arrivé un jour comme les autres. Il pleuvait, ce qui n'est franchement pas rare en Angleterre. Comme d'habitude, Bill avait pris mon goûter sans que je m'y oppose un seul instant. De toute façon, je n'avais pas faim très souvent à cet âge. Seulement voilà, le vilain garçon voulait aussi voler celui de Chloe, une de mes rares amis. Qu'on me persécute à cause de mon physique, je pouvais le tolérer, mais pas une pauvre gentille fille sans défense. Sans que je sache vraiment comment, j'ai cligné des yeux une seconde et le nid d'abeilles accroché sur la branche au dessus de Bill est tombée. Le pauvre n'a pas eu trop mal, mais par contre il restera probablement traumatisé à vie par les insectes volants. C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à provoquer des situations parfois tordantes ou surprenantes lorsque mes émotions dépassaient mon entendement. Mes parents n'ont pas très bien pris la nouvelle, mais au final ils ont bien été obligés d'admettre que quelque chose n'allait pas avec moi. Ils m'ont retiré de l'école publique et c'est mon père qui m'a donné des cours à domicile.

Cette situation a durée jusqu'à mes onze ans, ce qui représente une période relativement longue de solitude. Lorsqu'un hibou a débarqué dans le salon pour m'apporter une lettre, mes parents ont presque tourné de l'oeil. Des choses bizarres, ils en avaient vues autour de moi, mais ça c'était le pompon. Heureusement, ils se sont sentis rassurés en ouvrant l'enveloppe et en découvrant que je n'étais pas un cas isolé et qu'il existait un établissement spécialisé pour les gens comme moi. Cette lettre d'admission, moi elle ne me plaisait pas énormément. Quel enfant coupé du monde pendant tant d'années accepterait de quitter soudainement la maison familiale pour aller vivre des mois dans un château rempli d'inconnus super étranges ? Y a de quoi faire des cauchemars. Malheureusement, on ne m'a pas vraiment demandé mon avis. C'est donc en traînant des pieds que je me suis rendu à la gare avec mes parents. Une famille de sorciers nous a montré comment traverser le mur de briques pour rejoindre la voie 9 3/4 et j'avoue avoir eu envie de pleurer de soulagement en arrivant de l'autre côté.

A l'école, on m'a demandé de m’asseoir sur un tabouret pour qu'un vieux chapeau pointu parlant m'indique dans quelle maison m'installer. Je ne ferai aucun commentaire sur le nouveau traumatisme que cela m'a causé, sinon la liste serait interminable à la fin. Il parait qu'aller à Gryffondor est une bonne chose. Je me demande encore aujourd'hui en quoi les autres maisons n'en étaient pas une. Personnellement je n'ai jamais fait la différence. Lorsque les cours ont débutés, je me suis rapidement senti perdu et débordé. Contrairement à beaucoup d'autres, il me manquait les bases élémentaires à propos du monde magique. J'ai donc passé de nombreuses heures à la bibliothèque à assimiler le plus de connaissances possibles. De véritable troll, je suis passé à effort exceptionnel. Malgré mon cran de retard, ma persévérance commençait à payer. Au fil des années, je suis devenu plus intelligent, mais malheureusement pas plus fort ou plus beau, ce qui m'a causé bien des problèmes. Le plus important de ces soucis venait de cette fille : Miranda. Je vais le dire sans détour, elle me plaisait beaucoup. Nous étions amis, mais j'espérais toujours devenir un peu plus. N'ayant aucune confiance en moi, je ne me suis jamais lancé, et heureusement car elle a fini par se fiancer avec un garçon vraiment plus beau et plus intéressant que moi. C'est en gardant un précieux souvenir de cette amie qui voulait que je l'appelle Lucy, que j'ai réussi mes derniers examens avec brio.

Mes études à Poudlard étant terminées, je suis rentré chez mes parents pour de bon. Fiers de moi mais inquiets pour mon avenir, ils se sont mis en tête de me trouver une occupation. C'est là qu'ils ont décidé de me payer un voyage autour du monde - du monde connu actuel - afin de découvrir d'autres traditions et d'autres vies. C'est le coeur lourd mais intrigué que j'ai suivi leur conseil pour prendre mon envol. Lorsque je suis rentré des années plus tard, ils ne m'ont presque pas reconnu. Devenu un homme, j'avais pris plusieurs centimètres, des muscles, et une bonne dose d'assurance. Bien que ma timidité remonte régulièrement à la surface, je ne craignais plus autant les gens. Une nouvelle passion m'avait envahi lors de mon périple : l'étude des étoiles. C'est auprès de grands scientifiques que j'avais étudié en Italie, en France, en Asie... Plusieurs thèses écrites de ma main ont été retenues. C'est plein d'espoir et de courage que je suis alors retourné à Poudlard, là où tout avait commencé, pour enseigner l'astronomie. Jusqu'ici, je trouve que je m'en sors pas mal, je suis heureux dans mon travail, j'ai mon propre chez-moi, je suis un adulte à part entière. Néanmoins, il me reste une oeuvre inachevée qui m'empêche d'être pleinement satisfait de mon évolution. Je dois retrouver Lucy. J'ignore quelle sera notre relation lors de notre prochaine rencontre, mais je dois savoir ce qu'elle est devenue durant tout ce temps.