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n léger soupir s'échappa des lèvres de la jeune femme tandis qu'elle admirait son propre reflet dans le miroir de cette coiffeuse devant laquelle elle était assise. Ses cheveux impeccablement coiffés, son visage était mis en beauté par ce maquillage si léger qu'elle finissait d'appliquer avec soin. Une fois la dernière touche de rouge à lèvres posée, la poupée se leva et se dirigea vers cet immense dressing où s'alignaient des tenues hors de prix. Ses doigts fins effleuraient chacune de ces étoffes précieuses, en appréciant le toucher, en admirant le tombé si parfait. Son choix s'arrêta sur une robe fourreau et bustier finement ouvragée où avaient été brodées des myriades de petites perles nacrées. La couleur pastel venait rehausser le teint de porcelaine de la jeune femme. Nemesis retourna s'admirer. Elle était parfaite. Son regard glissa alors sur cette chambre décorée avec goût et amour. Là aussi tout semblait parfait. Et quand bien même elle se serait évertuée à faire le tour de chacune des pièces de cette maison si luxueuse que Tristan lui avait offerte, la jeune femme savait que, là aussi, tout serait parfait. Irréprochable, somptueux, magnifique et parfait. Comme chaque chose dans sa vie depuis le jour où son frère les avait présentés l'un à l'autre. Depuis ce jour là la petite princesse qu'elle avait toujours été était devenue une reine. Et son fiancé de roi ne reculait devant aucun effort, ni aucune dépense, pour la satisfaire en tout point. Car, lui aussi, était le plus parfait des hommes et des fiancés !

Elle soupira tout en se laissant tomber sur ce lit qui était le leur. La perfection... Tout ce qu'elle avait toujours désiré obtenir, tout ce dont elle avait rêvé était devenu réalité ! Sa vie était un modèle pour beaucoup, un fantasme pour tous ces envieux qui ne cessaient de les jalouser Tristan et elle. Elle sentit une larme perler à son œil de biche tandis qu'elle s'emparait d'un oreiller et le serrait entre ses bras comme une petite fille l'eut fait de son ours en peluche. La larme roula sur sa joue alors et vint mourir à ses lèvres tandis qu'elle réalisait qu'elle ne voulait pas de cette vie ! Qu'elle n'en voulait plus ! Ou, du moins, qu'elle ne savait plus... Tout avait été pourtant tellement simple jusqu'à dernièrement ! Elle se réjouissait de pouvoir bientôt convoler, mettait toute son énergie débordante au service de ce mariage qui la ravissait et elle s'imaginait déjà pavaner au bras de celui qui serait son époux, peut-être même bien le prochain Ministre de la Magie qui sait ? Oui, elle avait tout pour être heureuse ! Puis Kieran était réapparu. Il avait croisé sa route et, depuis, Nemesis ne savait plus où elle en était. Kieran... Il lui avait tellement manqué ! Pendant huit ans la jeune femme avait tenté de l'oublier mais cela n'avait, visiblement, servi à rien ! Elle ne l'avait jamais oublié et, non, elle n'avait pas non plus oublié l'amour qui les avaient liés jadis. Qui les liaient visiblement encore... Il la voulait, la désirait... Il le lui avait dit ! Jamais plus il ne la laisserait s'éloigner ! Jamais....

Ce fut le moment précis que Tristan choisit pour faire son entrée. Le visage baigné de larmes, Nemesis releva avec une timidité non feinte son visage vers lui. Le jeune homme la regardait ne semblant pas comprendre les raisons pour lesquelles sa fiancée pleurait. Elle aurait aimé pouvoir lui dire qu'elle le quittait, qu'elle ne l'aimait plus et qu'elle s'en allait le soir même ! Après tout cela faisait déjà près d'une semaine que tous les deux ne se parlaient presque plus, se touchaient encore moins. Nemesis trouvant toutes les excuses possibles et imaginables pour ne jamais se retrouver seul avec lui. Elle rentrait tard à la maison se servant de son métier comme du meilleur des alibis. Et la jeune femme ne comptait plus le nombre de fois où elle avait annulé leurs déjeuners ou ramener des amis à dîner. Et, lorsque le moment tant redouté de rejoindre leur chambre arrivait, la belle poupée prétextait une migraine ou feignait de s'endormir comme une masse. En clair, elle s'était éloignée. Alors qu'elle parle ! Qu'elle lui avoue tout et s'en aille ! C'était si simple ! Mais, là et subitement, elle ne le pouvait pas. Se levant doucement elle se précipita vers Tristan et lui sauta au cou. Enfouissant sa tête au creux de son épaule, agrippant sa chemise elle pleura, déversant toutes les larmes de la terre.

Tristan ! Je suis désolée... Tellement désolée... Je... Je t'aime, tu le sais n'est-ce pas ?

Nemesis avait avouer aimer Tristan. Et c'était vrai. Tout aussi vrai qu'elle aimait Kieran.

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on regard se leva doucement, avec une curiosité qu'elle ne se connaissait plus. Et, pourtant, alors que son fiancé la tenait si tendrement enlacée dans ses bras Nemesis se surprenait à le redécouvrir. Non, à la regarder réellement pour la première fois peut-être même. Au fond de ses prunelles étincelait une lueur froide, une incompréhension totale. Ils se connaissaient depuis un moment déjà, vivaient sous le même toit sans être mariés et sans que leurs si dignes et consensuelles familles n'y trouvent pourtant rien à redire... Tristan et Nemesis partageaient leur quotidien, leur nuit et bientôt ils partageraient jusqu'à ce nom qui était celui de ce jeune homme qu'elle ne connaissait pour ainsi dire pas le moins du monde. Ce qu'il était, sa carrière, ses ambitions et ce corps dont elle aurait presque pu dessiner les yeux fermés les moindres des courbes... Oui, cela la brillante avocate le connaissait. Mais ce que Tristan était réellement, ce qu'il était quand il déposait son masque de politicien, ses peurs ses angoisses ou même ses espoirs... Elle les ignorait. L lui était un inconnu qu'elle n'avait même jamais voulu prendre la peine de découvrir, ne le considérant que comme la suite évidente et logique de son existence. Son frère l'adorait et cela suffisait à Nemesis. Sa famille se réjouissait de leurs noces ? Parfait. Non ? Non. Ce soir la séduisante poupée en voulait plus. Tellement plus. Elle voulait le connaître lui. Lui et rien que lui. Pas de masques, pas de faux semblants. Sa main se détacha lentement de cette étoffe qui couvrait le corps de son fiancé pour venir en caresser la joue avec une tendresse toute nouvelle. Puis, esquissant l'aurore d'un sourire elle  posa sa tête sur l'endroit où elle sentait palpiter son cœur.

Ecoutes nous Tristan... Nous nous avouons nous aimer mais nous en souffrons. L'un comme l'autre. Tu ne vois donc pas ? Nous devons nous marier, lier nos destins à jamais mais, ces derniers temps, c'est à peine si nous parvenons encore à nous comprendre... Comment le pourrions-nous d'ailleurs ? Tout n'a jamais été que convenance et arrangement dans notre couple. Pas de hasard, juste la volonté de Gwendall puis celles de nos familles mais, nous, à quel moment nous sommes nous réellement choisis ?

La jeune femme se détacha à regrets presque de cet homme auquel elle assénait, aussi doucement qu'elle le pouvait, des vérités qu'il avait le droit de connaître, de comprendre. Car, oui, Nemesis aimait Tristan. Certes pas avec cette passion enflammée et irrépressible qui la consumait dès lors que Kieran se trouvait près d'elle mais, oui, elle l'aimait. De la tendresse, de l'affection, de l'admiration... Du respect aussi. Voilà ce qu'elle se découvrait éprouver pour cet homme que son frère avait choisi à dessein, elle aurait pu le parier, pour elle. Et, oui, Tristan était le fiancé parfait. Beau à se damner, intelligent et brillant au possible. Et si parfaitement amoureux d'elle. Quoiqu'elle lui demande, quoiqu'elle exige de lui l'homme le lui offrait toujours. Sans jamais s'énerver, ni même s'agacer de ces caprices qu'elle lui imposait si souvent. Combien de femmes auraient payé pour se trouver à sa place ? La plupart. Et Nemesis elle-même savait que, en d'autres circonstances elle aurait aussi pu l'aimer. Tendrement et passionnément. Mais son cœur, elle l'avait offert à un autre. C' était il y avait bien longtemps, alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Kieran lui avait si doucement pris son cœur, son innocence et jusqu'à cette âme qui était la sienne. Et même si l'avocate mondaine qu'elle était aujourd'hui devenue aurait aimé pouvoir les lui reprendre elle savait qu'elle ne le pourrait jamais. Nemesis regarda celui qu'elle devrait un jour quitter, briser mais auquel elle ne voulait, aussi paradoxal cela soit-il, pas faire le moindre mal. Et alors qu'elle avait été à deux doigts de le faire ce soir, il avait suffit à Tristan de parler, de la serrer dans ses bras pour la faire renoncer. La jeune femme n'était pas aussi mauvaise qu'elle le pensait. Pas aussi insensible non plus au charme incroyable de son fiancé. Agrippant doucement la main du jeune homme, l'amenant à s'asseoir sur cette couche qui était la leur, elle posa sa tête sur son épaule et, soupira. Les yeux baissés elle murmura d'une voix encore emplie de sanglots.

T'es-tu jamais demandé pourquoi tu m'aimais Tristan ? Je veux dire... Je n'ai jamais douté de tes sentiments à mon égard mais... Comment peux-tu affirmer vouloir faire de moi ton épouse alors qu'il y a tant de choses que tu ignores à mon sujet ? relevant son visage vers le sien, offrant au sorcier un baiser pour une fois bien tendre, sa main revenant caresser sa joue elle sourit tristement avant de poursuivre Tu es l'homme idéal, celui dont toute femme sensée rêverait Tristan. Et je ne sais par quel miracle j'ai pu te plaire mais... Peut-être ne suis-je simplement pas digne de toi, de tout cet amour que tu me portes... Tu es si parfait ! Moi ? Je ne le suis pas crois-moi... Un jour je pourrais te faire du mal et je ne le veux pas. Je t'aime trop pour cela. Oui, je t'aime au point de ne pas vouloir te faire souffrir.

Nemesis parlait, se confiait pour mieux se contredire aussi. Pourtant elle se montrait honnête même si elle savait que Tristan ne la comprendrait sûrement pas. Comment le pourrait-il ? Elle omettait de lui dire le plus important, elle oubliait de lui dire qu'il y en avait un autre. Un homme qu'elle avait toujours aimé et qu'elle aimerait toujours. Plus qu'elle ne pourrait jamais l'aimer lui. Même si, et cela l'étonnait, elle pensait ce qu'elle disait quand elle confessait aimer Tristan. C'était un homme bien et, non, elle ne le méritait pas.

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. Eux qui prétendaient que la sincérité était une bonne chose, que sans elle nulle relation ne pouvait seulement espérer s'épanouir... Alors ces gens là ne devaient pas la pratiquer bien souvent ! Parce que, alors qu'elle tentait d'ouvrir les portes de son cœur plus que jamais tourmenté à celui auquel elle ne voulait pas le moindre mal, Nemesis sentit son cœur se serrer de la plus douloureuse des façons. Il ne comprenait pas, tremblait presque de pouvoir comprendre ce que les mots de celle qu'il affirmait avoir choisie dissimulaient si bien. Tristan, celui dont tous, et elle la première, vantaient la solidité et le côté inébranlable, celui-là même se faisait pour elle et devant elle un homme. Rien qu'un homme véritablement amoureux. De celle qui, hélas, ne pourrait jamais lui rendre ces sentiments si purs et entiers qu'elle lui découvrait éprouver. Il l'avait choisie, voulue, désirée... Et il se réjouissait de leur mariage à venir... Elle le regarda, sincèrement interdite et murmura, les yeux toujours bordés de larmes

Je me souviens de ce jour-là... avait-elle dit de sa voix douce et en esquissant malgré elle un tendre sourire Il faisait magnifiquement beau et pourtant j'étais de fort méchante humeur... Et puis Gwendall m'a présentée à toi, ou était-ce l'inverse ? Peu importe... Dès lors j'ai senti mon cœur se remettre à battre, si faiblement encore, mais il battait. lui souriant plus encore, presque apaisée, elle mordilla sa lèvre en ancrant son regard à celui de son fiancé Tu m'as redonné la vie ce jour-là... Alors peut-être as-tu raison, peut-être t'ai-je moi aussi choisi...

La jeune avocate ne savait plus quoi penser, ni quoi faire ni encore moins dire. Là, devant cet homme qui la troublait, l'émouvait de par cette sincérité, cette capacité à mettre son cœur à nu qu'elle-même ne possédait pas. Elle l'avait laissé venir à elle, et Nemesis se berçait d'illusions folles tout en l'écoutant lui parler, lui avouer une fois de plus tous ces sentiments qu'il lui portait. Il l'aimait ! Une dernière larme perla à son œil, venant rouler sur sa joue avant que de mourir sur ses lèvres tremblantes. Se jetant au cou de Tristan elle enfouit son visage dans le creux du jeune homme et y déposa une nuée de doux baisers. Puis, reculant, elle posa un index sur ses lèvres à lui, comme pour mieux lui demander de se taire, de la laisser parler.

Je veux être heureuse et je souhaite que tu le sois aussi... Tu ne me comprendras sûrement pas mais, à ma façon, je tiens à toi et je t'aime. Sincèrement, autant que je le peux. Je... Je doute seulement de pouvoir t'apporter ce bonheur si parfait que tu attends de moi... J'aimerais, vraiment. Parce que tu le mérites. Mais... puis, marquant une pause elle mordilla sa lèvre et murmura doucement Gwendall t'a-t-il jamais dit pourquoi il tenait tant à ce que cela marche entre toi et moi ? T'a-t-il avoué les raisons pour lesquelles il insistait tant pour nous nous marions, et vite si possible ?

Tristan avait le droit de savoir, non ?

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