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ne journée terriblement normale. Luna aimait les surprises (quoi qu'elles n'étaient pas toutes très bonnes dernièrement), et tout ce qui pouvait sortir de l’ordinaire, mais il fallait bien admettre qu’elle se satisfaisait très bien de cette journée qui s’était déroulée sans encombres et sans conversations embarrassantes. La normalité, ça avait du bon, aussi (enfin, la normalité selon les critère de Luna était une notion parfaitement contestable - mais qu’est-ce que la normalité, au fond ?), même si la journée d’une voyageuse temporelle, en lutte contre le futur seigneur des ténèbres, n'était pas forcément comme toutes les autres, même si la journée d'une fille comme Luna, en fait, n'était pas forcément comme toutes les autres. Quoi qu’il en soit, aux yeux de la demoiselle, cette journée avait été agréablement quotidienne, quotidienne et solitaire, une solitude qui n’avait pas déplu à la jeune fille, puisque cette fois-ci, elle l’avait choisi pour les bonnes raisons, non pas pour échapper à certaines des nombreux problèmes qui se posaient à elle depuis qu’elle était arrivée dans ce temps étranger, mais tout simplement pour se retrouver seule avec elle-même et s’adonner à ses activités étranges auxquelles, étonnamment, personne ne voulait jamais prendre part. Oh bien sûr, il y avait eu les cours, mais s’étant contentée de se montrer attentive (ça lui arrivait), elle ne vit pas vraiment le temps passer.

Luna revenait tout juste des cuisines, et pour une fois, ce n’était pas une envie quelconque de s’extraire aux embarras de la communauté qu’elle devait côtoyer qui l’avaient amené jusque là-bas. Elle avait juste eu envie de voir les elfes de maisons. Si elle ne se sentait pas, comme Hermione, investie d’une tâche des plus nobles qui consisterait à libérer tous les elfes de maison de la planète, elle avait tout de même beaucoup de respect pour ces petites créatures qui ne cessaient de s’activer pour leur bon plaisir, et ayant pu constater l’effet d’une simple gentillesse sur leur attitude, elle se plaisait à les complimenter de temps à autres, ce sans difficultés, puisque leur nourriture était bel et bien excellente. Ceci fait, elle avait choisi de faire chemin jusqu'à la salle commune des bleus et bronze, de sa démarche habituelle, un peu étrange et... sautillante.

   Mais alors qu'elle s'approchait de l'angle d'un couloir, elle fut légèrement bousculée, sous l’effet de la surprise, elle n’eut le temps d’analyser la situation qu’après qu’une voix vaguement connu l’ait ramenée à la réalité. Elle se trouvait en face de Mrs Watson, leur nouveau professeur d'enchantement, qui lui semblait préoccupée.

-Il n'y a pas de mal. répondit-elle très sincèrement dans un haussement d'épaules tout aussi sincère. Puis son regard examina plus attentivement celui de son interlocutrice. Il y a comme du soucis dans votre regard...

Elle avait peut-être perdu quelque chose. Ou bien il lui était arrivé quelque chose de déplaisant. Ou bien elle avait des joncheruines plein le cerveau. Ou alors rien de tout cela. Ça ne la regardait peut-être pas, au fond. Quoique ce qui concernait des joncheruines la concernait toujours.

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una s'inquiétait-elle ? Non, pas forcément (de toute façon, quand elle s'inquiétait, ça ne se voyait pas spécialement). Elle avait assez des soucis qu'elle devait prendre en considération, sans être égoïste, elle ne se souciait de celui des autres que si on l'y autorisait, sinon, elle se contentait de les observer et passait son chemin (sauf s'il y avait des joncheruines, ça ça ne changeait pas), en tous cas, on ne lui ôterait pas qu'il y avait dans son regard un petit quelque chose qui n'avait rien d'apaisé ou de parfaitement quiet. Et en effet, son professeur avait perdu son chat. Ou non, le chat s'était enfui. Tiens, elle ne savait pas qu'elle avait un chat. Effectivement, sur le principe, ce n'était pas bien grave en soi, mais Luna comprenait sans mal l'inquiétude de Mrs Watson. S'il y en avait une qui adorait les animaux et y accordait une attention et une affection toute particulière, c'était bien la bleue et bronze, si bien que dans son esprit, c'était déjà tout décidé, elle aiderait son professeur à récupérer le félin fugitif, et ce serait pour elle un véritable plaisir, et certainement pas une corvée. Oui, les animaux, c'était sa grande passion, les grands, les petits, les doux et les gluants, de la limace jusqu'à la licorne en passant par toutes ces créatures que personne ne pouvait jamais affirmer avoir vu avec certitude (mais ce n'était pas parce que personne n'avait pas vu la corne d'un ronflak cornu que les ronflaks cornus n'existaient pas, Luna, en tous cas, y croirait dur comme fer tant qu'on ne lui aurait pas donné de preuve du contraire).

-J'allais dans ma salle commune. répondit-elle doucement et avec un fond d'indifférence dans le ton de sa voix, c'est que les raisons qui la poussaient à traîner dans les couloirs n'étaient ni "illégales", ni vraiment intéressante. Elle allait d'un endroit à l'autre, et c'était tout. Ce n'est pas vraiment intéressant. affirma-t-elle avec son habituelle et désarmante franchise, qui l'habituait à dire autant ce qu'on avait pas envie d'entendre que ce qu'il était inutile de dire... En l'occurrence, elle aurait pu s'épargner de prononcer ces mots d'une voix cristalline. Mais non. Puisqu'elle était elle-même... À la place, elle préféra revenir sur ce que son interlocutrice lui avait apprit tout à l'heure. Votre chat est comment ? demanda-t-elle très sérieusement. Je peux vous aider à le trouver, si vous voulez ?

En fait, même si elle ne le voulait pas, Luna, sachant qu'il y avait un chat en liberté que cherchait désespérément sa maîtresse (ou non, c'était plutôt l'inverse), avait bien envie de trouver la piste de ce félin dont elle ne savait pas encore le nom. Son amour des animaux reprenait le dessus sur le reste. Faute d'avoir des joncheruines, au moins, il y avait un chat (qui, s'il s'était échappé, avait peut-être des joncheruines, les petits, ceux qui avaient les animaux domestiques comme objets de prédilection. Dans ce cas, ça faisait une double raison de jouer les assistantes de la mère Michèle.

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h, elle devait vraiment y tenir, à son chat ! Tout dans son attitude semblait en être la preuve, ne serait-ce que la façon que ses pensées avaient de filer ailleurs quand elle s'adressait à Luna, semblant à peine écouter ce qu'elle avait à dire. La bleue et bronze ne lui en tenait en rien rigueur. Elle l'avait dit elle-même, son propos n'avait rien de bien intéressant, et elle comprenait parfaitement que, soucieuse, son professeur ne parvienne pas à ce concentrer sur ce qu'elle disait et préfère s'intéresser à son pauvre chat perdu. De toute façon, de manière générale, Luna était habituée à ce qu'on ne l'écoute pas, soit parce qu'on considérait que son opinion n'était pas intéressante, soit parce qu'on y comprenait rien. Cela faisait longtemps, bien longtemps qu'elle s'était habituée à cet état de fait. Elle n'avait dans tous les cas pas eu l'intention de s'épancher sur elle-même. Le professeur courait après son chat en fuite, et la bleue et bronze voulait sincèrement l'aider à le retrouver. Elle n'avait pas proposé son aide dans le vide. C'était une chose qu'elle ne faisait jamais.

Madeleine accepta son aide. En même temps, il aurait été dommage qu'elle la refuse, alors que la bleue et bronze était sincèrement enthousiaste à l'idée de la seconder dans la recherche de Moustache. Moustache, c'était un très joli nom, d'ailleurs. Un chat sibérien noir et blanc. Luna ne pouvait pas prétendre connaître absolument toutes les races de félin existantes, mais elle en connaissait un certain nombre, sa passion des animaux aidant, elle saurait donc parfaitement reconnaître le fuyard, d'ailleurs, il devrait être reconnaissable de loin. Ces bêtes-là étaient rarement maigrelettes. Luna fit non de la tête quand son professeur avait autre chose à faire. Pas qu'elle sache non... Ou peut-être que si. Pour tout dire, la bleue et bronze était souvent distraite, même quand il était question de ses devoirs, elle les noter de façon anarchique dans des morceaux de parchemins qu'elle coinçait dans sa trousse et, sans aucune mauvaise volonté de sa part, il lui arrivait d'oublier certains rendus de devoirs, par moments. De toute façon, même si elle en avait eu à faire, ça ne l'aurait pas empêcher de partir à la recherche de Moustache.

D'un pas un rien sautillant, elle avança donc dans les couloirs en même temps que son professeur, interpellant le chat avec tant de douceur et de calme que même ses oreilles aiguisées ne l'auraient sans doute pas entendues. Elle progressa sur plusieurs mètres quand elle aperçut une forme noire et blanche se glisser derrière une statue. Une forme noire et blanche, et très poilue, aussi. De ce qu'elle avait pu en distinguer, c'était un très bel animal. Normal que Madeleine y tienne autant. Même si les animaux les plus laids ne méritaient pas moins que l'on y tienne, bien au contraire, ils en avaient même davantage besoin.

-Je crois que je  l'ai trouvé. affirma-t-elle, en penchant la tête de côté désignant du doigt la statue derrière laquelle le chat avait disparu, et de laquelle il n'était pas ressorti encore.

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