Je suis un loup-garou naturel. Cela signifie que je n'ai pas été mordu. Je suis né avec le gène lycanthrope. J'en ai hérité de mon père, qui en avait hérité du sien et de son père avant lui. Ma famille remonte sur plusieurs générations de loups-garous. Les mâles McFersen reçoivent le gène, pas les filles. C'est une chose qui dépasse la logique mais à laquelle je me suis habitué. Je n'ai jamais connu ma mère. Elle a accouché puis s'est dissipée dans le brouillard londonien. Je soupçonne mon père de l'avoir finalement bouffée. Je ne lui en tient pas rigueur, rien qu'en regardant les quelques photos d'elle à la maison j'ai presque l'eau à la bouche. Autant dire que je n'ai pas vraiment été élevé comme la plupart des enfants. J'ai appris très jeune à supporter la douleur de la métamorphose jusqu'à ne plus la ressentir du tout. J'ai appris tous les secrets de la chasse, à utiliser chacun de mes sens indépendamment des autres jusqu'à ce qu'ils soient tous parfaitement aiguisés. Contrôler ma soif, courir plus vite, frapper plus fort, sauter plus haut, dormir moins longtemps. Tels ont été mes objectifs d'apprentissage. Mes pouvoirs se sont déclarés exceptionnellement tôt, à l'école, car un camarade à moi saignait du nez. J'ai provoqué un anévrisme. Il en est mort sur le coup. Peu de jeunes sorciers tuent du premier coup lorsqu'ils découvrent leurs pouvoirs, parce qu'ils ne connaissent pas l'impact de la mort et ne peuvent pas concevoir l'idée de la souhaiter pour quelqu'un. Ce n'était pas mon cas. Après de nombreuses thérapies, j'appris également à cacher ma nature sauvage pour qu'on m'autorise à côtoyer le monde extérieur. Selon les test positifs, j'étais apte à poursuivre des études en compagnie d'autres enfants sans que cela comporte un risque. J'ai donc été inscrit à Poudlard, l'école de sorcellerie anglaise. Lorsque ma lettre est arrivée, je n'ai pas été joyeux ou surpris. J'ai soupiré et accompagné mon père acheter le nécessaire. Rester enfermé dans un château pour apprendre des choses inutiles en compagnie de morveux que je ne pourrai pas tuer, représentait une activité à plein temps peu amusante à mon goût.

A l'école, j'ai été place à Gryffondor. Sûrement à cause de ma haine envers les règlements et mon côté bagarreur. Je n'ai eu de cesse de tourmenter les autres enfants, trouvant toujours des excuses cependant pour ne pas être expulsé.Parce que j'étais le plus grand et le plus costaud, les garçons aimaient bien me mettre à l'épreuve en tirant les chaises avant que je m'installe et autres bêtises puériles. Chacun d'entre eux repartait avec le nez cassé. Je n'avais qu'une poignée de copains qui essayaient tant bien que mal de contenir mon esprit farouche et indomptable. En bref, ma scolarité se passa relativement bien. J'excellais notamment en cours de défense contre les forces du mal et soins aux créatures magiques. Mon père me donna des cours supplémentaires en potion et en sortilège pour rattraper mon retard du à mes difficultés. En effet, ces deux matières m'étaient essentielles pour mon futur métier. Je voulais être médicomage et côtoyer de près la douleur des gens, comme une drogue. A l'âge de quinze ans, je faisais ma première victime. Une petite fille blonde avec des cheveux bouclés, des petites joues roses et de grands yeux bleus. Elle était plus appétissante qu'un rôti. On ne retrouva que des restes éparpillés dans la forêt interdite et personne ne fut capable de déterminer l'identité du coupable. Après tout, cette enfant n'aurait jamais du rompre le règlement et se rendre dans un endroit aussi dangereux. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Au final, j'obtins mes diplômes avec brio et on me désigna comme stagiaire à St. Mangouste. S'en suivirent plusieurs années d'apprentissage ennuyeuses, mêlées à l'odeur irrésistible du sang et au son mélodieux des sanglots. Je me nourrissais de la souffrance des gens, à un point que cela me rendait euphorique. Je voulais la côtoyer de plus près, toujours plus près. Jusqu'au jour où on me remarqua pour mes connaissances et mon absence de gêne en présence de sang ou d'opérations délicates. A l'âge de vingt-cinq ans, mon rêve se réalisait enfin. J'étais un médicomage accompli.

Les années sont passées à une vitesse incroyable. Je suis aujourd'hui un homme dans le fleur de l'âge. J'ai quarante-quatre ans et une vie splendide. Grâce à Dimitri, j'ai rejoins le groupe des Néo-Grindelwaldiens qui agissent pour le crime discrètement pour honorer la mémoire de Grindelwald. Non pas que je sois particulièrement attiré par cette notion de mémoire et de dessein politique, mais cela me permet d'assouvir mes nombreuses pulsions sanglantes. Petit à petit j'ai su me faire une place dans le groupe, jusqu'à en devenir un des piliers de la compagnie. Ma vie n'a pas grand chose de compliqué. Je ne me prive de rien, je réponds à tous mes caprices, j'étanche ma soif dès que j'en ai besoin, j'assume pleinement ma condition de monstre. Je n'essaye pas de boire de potion tue-loup les soirs de pleine lune. Je ne m'enferme pas en espérant que les chaines tiendront et que je ne ferai aucun victime. Je me laisse aller à l'appel de la lune, la transformation ne me fait plus mal, je me sens même extrêmement bien lorsque je me réveille le lendemain sans savoir ce que j'ai fait la veille, avec ce goût métallique dans la bouche. La saveur du sang.