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una Lovegood disposait d'une imagination qui ne tolérait ni bornes ni frontières. Si aux confins de son imaginaires, les mots fusaient avec une aisance toute particulière, ils peinaient davantage à trouver leurs places sur le papier. La blondinette avait toujours envié son père pour cela, il savait user des mots à la perfection, et créer des récits intelligents, raffinés, tantôt drôles, tantôt émouvants... (oui, Luna était clairement subjective quand il était question de Xenophilius Lovegood). Quand elle s'essayait au même exercice, le récit était moins fluide, bien moins intéressant, et la lecture de sa prose était plus un challenge lancé à l'intelligence de chacun qu'une activité que l'on puisse trouver plaisante. La bleue et bronze, lucide sur peu de choses, l'était au moins à ce sujet. En effet, oui, ses talents d'écriture laissaient à désirer. À force de ratures, et de phrases dont elle abandonnait l'écriture en cours de route, pour dessiner quelques spirales  et autres ronflaks cornus dans la marge de son parchemin, elle devait se rendre à l'évidence. Elle était née pour explorer, et non pour retranscrire... Raison pour laquelle, d'ailleurs, père et fille savaient si bien faire la paire. Raison pour laquelle il lui manquait tant... Renoncer à l'idée de retrouver un jour son père (bien qu'un semblant d'espoir renaissait depuis son procès, qui laissait entendre que le ministère allait sérieusement se pencher sur leur cas et prêter main forte à Dumbledore), c'était par la même renoncer à une multitude d'habitudes qu'elle affectionnait pourtant. Ses promenades en pleine nature en sa compagnie (ce qu'il avait pu lui manquer, ces dernières vacances), les potins improbables pour d'autres, mais sensés selon elle, qu'ils s'échangeaient au petit déjeuner... et sa lecture régulière du "Chicaneur", qui lui parvenait périodiquement à la table de Serdaigles, et lui donnait l'impression, même entre les murs de Poudlard, d'être encore chez elle. Il n'y avait plus de balades en pleine nature, à la recherche de créatures communément reconnues pour ne pas exister (sauf par elles), plus d'échange de ragots, plus de "Chicaneur"... Tout lui rappelait qu'il n'avait pas d'existence en ce monde, et qu'elle devrait peut-être accepter de vivre sans lui pour de bon. Écrire, c'était pour elle comme tenter de créer un lien avec lui qui dépasserait l'espace et le temps. Une sorte de Chicaneur personnel, somme toute. Mais le résultat était bien loin d'être à la hauteur des attentes. Dans un léger soupir, non pas exaspéré (Luna semblait incapable de l'être) mais plutôt résigné, elle finit par ranger plume et parchemins dans son sac en bandoulières et par se relever (oui, elle était assise au beau milieu du couloir, en train d'écrire, ignorant complètement les personnes qui se trouvaient autour d'elle).

Ce ne fut qu'après avoir fait quelques pas de son habituelle démarche quasi sautillante qu'elle réalisa qu'elle avait oublié une partie de ses notes sur le sol du couloir (Luna ? Distraite ? Pensez-vous ? Oui, d'accord, c'était une seconde nature, chez elle. Et qui lui collait à la peau...). Elle rebroussa donc chemin pour retrouver son morceau de parchemin piétiné par une élève de Serpentard, qui n'avait de toute évidence pas dû remarquer sur quoi elle venait de marcher.

-Excuse-moi. fit Luna de son habituelle voix cristalline. Tu pourrais lever ton pied, s'il te plaît ?

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a demoiselle à qui elle venait de s'adresser ne semblait pas de la meilleure humeur au monde, mais pas d'humeur, pour autant, à l'asséner de quolibets divers comme d'autres savaient si bien le faire. Sans prononcer le moindre mot à son égard, elle se contenta de lever le pied afin de permettre à la blondinette de récupérer ses notes. Elle s'empressa de s'exécuter et de fourrer le morceau de parchemin dans son sac. Nul doute que beaucoup d'autres n'auraient pas eu la seule délicatesse de faire ce qu'elle demandait sans réfléchir plus avant. Mais de toute évidence, Amy n'avait pas envie de s'embarrasser avec ce genre d'affrontements. La bleue et bronze n'avait pas plus envie de s'attirer des ennuis. Elle se redressa, cala une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille, et esquissa un fin sourire.

-Merci. Son regard, toujours un peu globuleux, tomba sur le morceau de pain qu'Amy était en train de déguster. Bon appétit. ajouta-t-elle donc, puisque ce semblait parfaitement de circonstance.

Tiens... Elle avait un petit creux, elle aussi, maintenant qu'elle y pensait. L'heure du déjeuner n'était pas passée depuis très longtemps, certes, mais quand on veut trouver de la place dans son estomac, c'était toujours possible. Cela étant, elle se sentait plus d'humeur à savourer une bonne assiette de pudding qu'un simple morceau de pain. Après avoir refermé son sac en bandoulière, la demoiselle adressa un nouveau regard à son interlocutrice. Elle pensa d'abord prendre immédiatement congé de la vert et argent (qu'auraient-elle à se dire, quoi qu'il en soit ? Elles ne s'appréciaient pas, l'une comme l'autre), mais il lui sembla découvrir dans son regard cette sorte de lassitude que ne peut qu'inspirer une journée mal démarrée. Que fallait-il qu'elle en fasse ? Qu'elle laisse courir. Elle le pouvait bien, après tout, ce n'était pas comme si elles se devaient quoi que ce soit l'une à l'autre. Mais il faut croire que Luna n'était pas suffisamment égoïste. Son altruisme finirait peut-être pas la perdre un jour, on le lui avait déjà dit, d'ailleurs.

-Est-ce que tout va bien ?

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