Ah, les hommes! [PV Nemesis]

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Il y a des jours comme ça où on a pas envie. Et il y a des jours où on nous donne pas envie. Morticia se trouvait dans ce cas. Pourtant, c'était une journée qui s'annonçait plutôt bien. Un jour tout à fait normal et sympathique. Elle n'avait même pas encore fait de bêtise. Mais c'était peut-être là le hic de cette journée. Et oui, aujourd'hui, Morty n'avait tout simplement pas le cœur à faire une bêtise. Je sais, on a du mal à y croire. Elle était pour ainsi dire malade. Aucune envie de faire quoi que ce soit. La journée touchait à sa fin mais elle s'en apercevait à peine. C'est dire!
Depuis le début de cette journée qui allait jusqu'à être ensoleillée, la jeune femme était prise d'une flemme aiguë. Elle avait mis plus de temps que d'habitude à se lever, ce qui du coups lui avait laissé moins de temps pour le reste. Et puisqu'elle n'aimait pas avoir à se dépêcher, elle avait un peu plus le moral dans les chaussettes. S'en est suivie une journée de cours semblables aux autres. Du coup, elle commença à se dire que la routine tuait aussi le moral. Disons que l’enchaînement des événements ne faisait qu’aggraver le cas déjà désespéré de Morticia. Que voulez-vous, elle ne pouvait pas toujours faire preuve d'un moral d'acier ponctué d'un sadisme sans faille. Comme tout le monde elle avait ses moments de faiblesse. Du coup, lorsque son dernier cours toucha à sa fin, lorsqu'elle eut poussé son dernier soupir de la journée (dernier d'une longue série), Morticia alla jeter ses affaires dans un coin de ses appartements avant de prendre sa cape et de sortir du château.
Puisqu'elle n'avait pas à se lever aussi tôt le lendemain autant finir cette journée en beauté. Et pour une femme telle que Morticia Mathews, le meilleur moyen de finir une journée horriblement longue et ennuyante était dans un pub devant un verre, lui même issu d'une série plus ou moins longue en fonction du degré d'ennui de la journée. Affrontant le froid et le chemin jusqu'à Pré-au-lard, Morticia pestait intérieurement une fois de plus contre ses collègues masculins qui d'après elle étaient encore pire que ces dames. À quelques exceptions près bien entendu. Mais il n'était pas nouveau que Morticia avait des problèmes avec ces messieurs. Et puis, après tout, tant qu'ils ne venaient pas la chercher, elle n'irait pas le faire non plus.
Morticia finit par arriver Aux Trois Balais où il y avait toujours un certain nombre de personnes. Mais puisque cultiver sa vie sociale n'était pas le but principal de Morticia en venant ici, elle se posa simplement au bar comme si tout allait bien. Sans vraiment s'en rendre compte, alors qu'elle avait vidé son premier verre, elle commença à penser à voix haute.

-Ces hommes, tous des abrutis.

Bien qu'elle n'ait pas été jusqu'à le crier, sa voisine avait certainement entendu sa remarque. Pour tout vous dire, Morticia ne le remarqua pas tout de suite. Et puis, au fond, elle se moquait pas mal de qui pouvait l'entendre râler. Depuis le temps!

Ah les hommes !

Cela commençait à devenir une habitude pour cette petite poupée que de traîner dans ces lieux que, jusqu'à présent elle évitait soigneusement. Pour une femme, à cette époque et dans la classe sociale qui était la sienne, se rendre seule dans un tel établissement ne pouvait signifier que deux choses : être une femme de très petite vertu ou alors de moeurs plus que légères ! Ce qui, en soit et à bien y penser, revenait strictement au même ! Combien de fois Nemesis avait-elle méprisé ces filles perdues ? Bien souvent et, bien qu'elle ne regretterait jamais ses pensées, elle avait quand même grimacé en commandant sa première vodka. Maintenant, elle était l'une des leurs. Ou presque... Nemesis ne venait pas chercher ici l'aventure mais bien plus un oubli que le fond des verres qu'elle descendait plus vite qu'un homme semblaient refuser de lui apporter !

La jeune femme, confortablement installée, sirotait son troisième verre - la soirée ne faisait que commencer quand même et il lui fallait conserver la tête lucide pour commander les suivants - quand les paroles d'une autre personne la firent sortir de sa rêverie des plus solitaires. Elle leva doucement sa tête de poupée et se retourna pour découvrir les traits de celle qui venait d'énoncer une vérité fracassante de bon sens ! Oui, la plupart des hommes étaient des abrutis ! A bien y réfléchir ils l'étaient tous d'ailleurs ! A des degrés et de manières différentes mais il n'y en avait hélas pas un pour rattraper l'autre. Dans la vie si parfaite de l'avocate en tous cas c'était le cas : son meilleur ami s'était foutu dans un guêpier sentimental sans nom, son fiancé ne cessait de la presser de préparer ces noces dont il ne voyait pas même qu'elle ne voulait plus, son frère elle préférait oublier ce mensonge qui ne les avait pas encore séparés mais qui pesait telle Damoclès au-dessus de leurs têtes et Kieran... Lui... Lui était l'exception de la règle.

- Qui que vous soyez je bois à votre clairvoyance ! avait-elle répondit dans un demi-sourire et en levant son verre à la santé de celle qui, la poupée en était persuadée, ne demeurerait pas longtemps une inconnue Et si vous me le permettez je vous offrirai bien votre prochain verre ! rit-elle cette fois tout en reposant son verre et en lui tendant une main amicale Je me nomme Nemesis... Nemesis Colloway. Enchantée !

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N'allez pas croire que Morticia était une alcoolique invétérée. Mais il faut bien avouer que cela faisait du bien. Oublier un peu ses soucis en compagnie d'un bon verre. Avec tous les petits tracas de la vie et aussi les gros, elle ne voyait pas ce qu'il y avait de mal à sortir un peu de son train train quotidien. Et puis, elle n'en était qu'à son second verre après tout.
Donc, elle vidait son verre tranquillement sa tequila lorsque sa pensée passa la barrière de ses lèvres. Une remarque à priori anodine qui ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde. Morticia ne savait pas du tout qui était sa voisine et n'aurait pas forcément cherché à le savoir. Du moins jusqu'à ce qu'elle lui fasse un compliment.

- Qui que vous soyez je bois à votre clairvoyance !

Alors là... Les compliments, Morty n'y était pas tout à fait accoutumée. Mais bon, avec un coup dans le nez et l'ambiance du pub, cela la fit plus sourire qu'autre chose.

-Et si vous me le permettez je vous offrirai bien votre prochain verre !

Décidément, elle l'aimait bien cette voisine de comptoir! Pour quelqu'un avec un budget aussi serré que Morticia, se faire inviter comme cela était presque une bénédiction. Et puis, vous imaginez bien que cela ne lui arrivait pas tous les jours non plus. Sans parler du fait qu'en général, se bourrer la gueule, ça se fait seule. Mais bon, une inconnue qui n'avait pas les hommes en admiration et prête à lui payer un verre avait tout pour plaire. Aussi, Morticia serra sagement la main qu'elle lui présenta et alla même jusqu'à la gratifier d'un sourire.

-Je me nomme Nemesis... Nemesis Colloway. Enchantée !
-Morticia Mathews. Et j'accepterais votre offre si vous m'accompagnez. Qui je suis importe peu finalement.

Pouviez-vous imaginer cela? Nemesis et Morticia qui sympathisent? Et bien vous auriez du y penser. Après tout, Nemesis entourée de trop d'hommes et Morticia de pas assez (même si elle affirme et affirmeras toujours le contraire), du coup, si l'une se plaignait, l'autre suivrait automatiquement.
Devant un nouveau verre très apprécié, Morticia se mit en tête d'en apprendre plus sur celle qui lui avait fait son premier compliment depuis au moins dix ans.

-Alors, outre leur habituelle stupidité, qu'y a-t-il pour vous monter contre ces messieurs? En supposant que vous vouliez me le dire.

Les hommes présents dans la salle regardait notre professeur légèrement de travers. Et elle ne se gênait pas pour leur répondre de ses regards habituellement réservés à ses élèves.

Ah les hommes !

Une brillante et snobissime avocate en train de siroter comme du petit lait la plus alcoolisée des boissons cela faisait déjà légèrement désordre dans une existence pour le moins lisse et policée. Mais, qu'elle s'y adonne en compagnie d'une parfaite inconnue cela en devenait tout aussi intriguant qu'excitant ! De toutes façons Nemesis ne s'embarrassait guère plus de ce genre de préoccupations ! Les conventions sociales, ces même usages qu'elle s'était, toute sa vie durant, efforcée de suivre à la lettre, désormais elle s'en contrefichait éperdument ! Du moins s'accordait-elle quelques heures de liberté de façon régulière... Après tout où était le mal ? Nemesis était une femme indépendante, non ? Elle ne faisait, qui plus est, rien de mal ni de tellement répréhensible, si ? Pourquoi les hommes pouvaient-ils se vautrer dans la pire des débauches alcoolisées sans que jamais on ne leur en tienne rigueur tandis que si une femme s'avisait de boire plus de deux verres de vins elle passait pour une fille de mauvaise vie ? Le monde souffrait d'un insupportable machisme !

- Et bien, Morticia, permets moi de te dire que tant que tu m'accompagnes dans mon délire alcoolisé, qui que tu sois et quels que puissent être les crimes que tu ais jamais pu commettre, je m'en fiche ! Tout ce que je veux c'est boire jusqu'à oublier ces hommes dont tu parles si justement !

La jeune avocate riait, adressant à la jeune femme son plus radieux sourire. Après tout une femme aussi jolie et libérée que semblait l'être cette femme, Morticia ne devait pas être dangereuse. Si ce n'est pour ces hommes qui semblaient l'agacer au plus haut point elle aussi. Levant son verre à la santé de la jeune femme la poupée russe avisa une table légèrement en retrait où elles seraient bien plus tranquilles pour discuter paisiblement. Une table éloignée de tous ces hommes qui ne semblaient pas vraiment apprécier, eux, les propos de la jolie brune ! Et Nemesis ne put s'empêcher de sourire plus encore en constatant à quel point ces messieurs pouvaient être susceptibles ! Commandant une bouteille, elle désigna du regard la table et invita son interlocutrice à la suivre. Puis s'asseyant, elle remis en place sa robe de soie blanche avant de s'allumer une cigarette et de pousser le paquet vers Morticia. Laissant la poison envahir ses poumons de la plus délicieuse des façons elle rebondit ensuite sur les paroles de sa nouvelle amie.

- Disons que si certaines femmes se plaignent de ne pas en trouver j'en ai pour ma part un peu trop... Un meilleur ami qui se fait mal tout seul, un frère que j'aime malgré ce mensonge qu'il m'a servi et qui a changé à jamais le cours de ma vie, un fiancé tellement parfait qu'il en devient insipide, et un amour de jeunesse que je ne peux oublier ou auquel je ne me vois plus refuser... Alors je ne sais pas si ce sont eux les idiots ou moi mais, ce que je sais, c'est que ce soir je les hais tous ! Ou du moins que j'aimerais pouvoir les haïr... et vous ? Que vous ont-ils donc fait ces goujats ?

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Après tout, prendre une cuite avec une parfaite inconnue pouvait avoir ses avantages. D'abord il y avait le fait qu'elle lui payerait ses consommations. Et puis au moins elle était presque certaine de ne plus jamais la voir. Alors elle pourrait bien se lâcher un peu. Pour une fois, cela serait un comble que qui que ce soit ne lui reproche. Alors d'accord, Morticia était enseignante et devait donner l'exemple à ses élèves. Mais des élèves, il n'y en avait pas dans le pub. Du coup, pourquoi garder toutes ces conventions? Alors oui, ce soir Morticia se laisserait totalement griser par l'alcool et les rires. Et si cela pouvait se faire avec une femme à peine connue mais tout à fait charmante, pourquoi pas? Et puis elle lui payait les consommations! C'était une occasion en or à ne pas rater! Accompagner Nemesis c'était comme accepter un signe divin.

- Et bien, Morticia, permets moi de te dire que tant que tu m'accompagnes dans mon délire alcoolisé, qui que tu sois et quels que puissent être les crimes que tu ais jamais pu commettre, je m'en fiche ! Tout ce que je veux c'est boire jusqu'à oublier ces hommes dont tu parles si justement !

Elle la tutoyait, et alors? Si elles devaient se mettre dans un état pas possible ensemble, autant y aller franchement. Et puis elle était tout à fait charmante cette Nemesis. Allez savoir pourquoi, Morty commençait à clairement apprécier cette sympathique blonde. Et il semblerait qu'elle avait parfaitement cerné le professeur. Sans aller jusqu'à parler de crimes, Morty n'était pas tout à fait nette. Quand aux hommes... bah, même pas la peine d'en parler finalement. De toute façons ils étaient stupides et immatures. Tous!
Nemesis souriait franchement et Morty s'en amusait un peu. Il ne semblait pas lui falloir grand chose. Mais elle était satisfaite de voir ces messieurs aussi agacés par ses propos et ses regards insistants. Et ces pauvres bougres n'étaient pas au bout de leur peine. Parce que comme elles étaient parties, les hommes risquaient d'en prendre pour leur grade.
La jolie blonde commanda une bouteille et Morticia la suivit à une table à l'écart. Elle ne pris pas la peine de réajuster sa tenue, contrairement à son interlocutrice. Au fond, la seule chose que Morticia aurait éventuellement put reprocher à Nemesis, ça serait l'état douteux de ses poumons. Pourtant, de temps à autres, Morticia appréciait s'en griller une petite, juste pour le plaisir. Elle savait que ce n'était pas une idée de génie, mais en même temps, cela pouvait faire un bien fou. Aussi, lorsque Nemesis lui tendit son paquet de cigarettes, Morty ne put s'empêcher d'en saisir une qu'elle ferait durer un peu. La première bouffée lui libéra déjà un peu plus l'esprit. Elle accorda ensuite son attention à la jeune femme qui répondait un peu à ses paroles.

- Disons que si certaines femmes se plaignent de ne pas en trouver j'en ai pour ma part un peu trop... Un meilleur ami qui se fait mal tout seul, un frère que j'aime malgré ce mensonge qu'il m'a servi et qui a changé à jamais le cours de ma vie, un fiancé tellement parfait qu'il en devient insipide, et un amour de jeunesse que je ne peux oublier ou auquel je ne me vois plus refuser...
-Bah dit donc, quel programme. Je ne sais pas comment tu fais, c'est impressionnant.

Oui, avoir autant d'hommes dans sa vie devait être particulièrement compliqué. Morty comprenait parfaitement qu'une jeune femme, si mignonne qu'elle puisse être, pouvait craquer un peu de temps en temps.

-Alors je ne sais pas si ce sont eux les idiots ou moi mais, ce que je sais, c'est que ce soir je les hais tous ! Ou du moins que j'aimerais pouvoir les haïr... et vous ? Que vous ont-ils donc fait ces goujats ?

Ah, la bonne question. Une question sublimement bien tournée et affreusement personnelle au fond. Mais tant pis, jamais plus Nemesis n'aurait l'occasion de reparler avec Morticia. Au fond, pourquoi pas?

-Avant j'avais un frère. Jusqu'à ce que lui et le reste de ma famille ne décide de faire comme je n'étais pas là. On s'entendait bien quand on était petits, mais c'est à peine si il m'adresserait un regard maintenant. Mais ça, je peux facilement faire avec. Non, le plus compliqué c'est de travailler tous les jours avec de parfaits imbéciles. Tu te rend compte que des parents leur laissent leurs gosses? Ah oui, parce que je suis "prof"... mais en fait on s'en fou.

Les boissons commençaient doucement à faire leur effet et Morticia en était ravie. Après tout, les discutions sont tout de suite plus amusantes une fois un peu animées par une légère embrouille mentale. Appréciant une nouvelle inspiration de fumée, elle pencha la tête en arrière en souriant. Juste le temps de se dire que pour le moment, rien ne pouvait l'empêcher de se laisser vivre quelques heures. Elle revînt vers Nemesis qui semblait avoir elle aussi son lot de problèmes à évacuer.

-Tu sais ce que je trouve énorme? Avec tout ce qu'ils peuvent nous faire comme misères, et bien ils trouveront toujours moyen de tout nous mettre sur le dos. Non, vraiment, ils sont forts.

Ah les hommes !

L'alcool était aussi puissant qu'il permette à deux parfaites inconnues de se livrer ainsi leurs plus intimes pensées sur ces gens qui appartenaient à ce que l'on nommait si pompeusement, et de façon bien trop péremptoire, le sexe fort ? Nemesis se posa un instant la question avant de renoncer à y trouver seulement une réponse. Après tout en quoi cela importait-il vraiment ? Morticia était une femme plutôt sympathique avec qui elle deviserait et s'enivrerait jusqu'à ce que l'aube les absolve de tous leurs péchés et efface leurs confidences dans un bouillard de lendemain de cuite. Bien sur l'homme qu'elle comptait rejoindre plus tard ne manquerait pas de lui poser des questions mais Nemesis s'en fichait ! Elle ne faisait rien de mal ! Absolument rien de mal ! N'est-ce pas ?

- Justement cela n'a rien d'impressionnant car, non, je ne gère absolument plus rien ! Moi, l'avocate la plus en vue du moment, la fiancée de l'homme politique le plus prometteur de sa génération, la si digne héritière au sang pur... Je ne gère rien du tout ! elle rit doucement en se versant un autre verre qu'elle vida d'un trait Je subis... Et tout ça pourquoi ? Par amour ! Par amour pour tous ces hommes qui ne veulent que mon bien mais qui, chacun à leur façon, creusent ma tombe ! L'amour n'est-il pas magnifique ? Je hais l'amour !

La suite du discours de Morticia laissa la poupée blonde un peu perplexe. L'alcool avait une légère tendance à annihiler ses capacités de réflexion et dut se concentrer pour parvenir à comprendre ce dont il retournait. Ainsi Morticia n'avait pas eu sa chance et il semblerait que sa famille l'ait rejetée. Nemesis grimaça se demandant si Gwendall aussi se détournerait d'elle si jamais elle venait à réellement abandonner Tristan pour suivre son coeur et donc Kieran. Peut-être bien en effet... Mais la jeune femme n'ait pas le temps de s'apeusentire sur ces sombres projections quand la jeune fille lui annonça être enseignante. Nemesis haussa un sourcil tout en fixant longuement la belle et piquante brune.

- Ma famille, mon frère plus encore, c'est tout mon univers. Si Gwendall se détournait de moi je pense que je pourrais en mourir. Tout aussi sûrement que si mon amour de jeunesse m'était de nouveau enlevé... Le problème ? Je ne pourrais jamais avoir les deux. Gwendall a juré de le virer de ma vie, de m'y faire renoncer ou alors de me renier. Et, lui... Je ne sais rien si ce n'est qu'il m'aime encore... Peut-êtve eut-il mieux valu que je ne le revois jamais ! A moins que ce ne soit le destin. Vous croyez au destin ?

Puis elle servit un autre verre à sa nouvelle amie et rit de bon coeur devant la verve dont elle usait pour décrire aussi bien le microcosme de Poudlard que la facilité avec laquelle les hommes parvenaient à faire endosser aux femmes le poids de leur propre culpabilité. Là elle marquait un point ! Si Nemesis savait que Gwendall, le seul coupable en réalité, parvenait à éveiller en elle un affreux sentiment de culpabilité, elle ne pouvait s'empêcher de se demander de quoi Morticia se sentait coupable elle. Ou ce qu'un homme avait pu lui faire de si terrible pour la rendre aussi vindicative à l'égard de tous les autres !

- J'étais loin de me douter qu'enseigner, à Poudlard je suppose, était à ce point pénible ! Tes collègues mâles sont-ils si débiles ou ton physique des plus avantageux, il faut bien avouer que tu es ravissante, te poursuivraient-ils de leurs assiduités ? puis elle rit doucement avant de lâcher dans un soupir et les yeux rêveurs Tu sais le pire ? J'ai beau râler tout ce que je peux... J'ai beau les détester cordialement de temps à autres... Je ne me vois pas non plus vivre sans eux ! Je crois que je suis incurable...

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Certes, il n'y avait peut-être pas que l'alcool pour délier la langue de Morticia. Mais cela aidait pas mal quand même. Et puis, pour une fois qu'elle se moquait de savoir ce qu'elle disait. C'est vrai, cette jeune femme blonde, bien que tout à fait charmante, elle n'avait pas beaucoup de chance de la recroiser un jour. Alors Morticia se laisserait bercer par la boisson et la fumée jusqu'au moment où ses responsabilités la rappelleraient à l'ordre. Et de toute évidence, Nemesis avait à peu près les mêmes plans pour la soirée... enfin la nuit...

- Justement cela n'a rien d'impressionnant car, non, je ne gère absolument plus rien ! Moi, l'avocate la plus en vue du moment, la fiancée de l'homme politique le plus prometteur de sa génération, la si digne héritière au sang pur... Je ne gère rien du tout ! Je subis... Et tout ça pourquoi ? Par amour ! Par amour pour tous ces hommes qui ne veulent que mon bien mais qui, chacun à leur façon, creusent ma tombe ! L'amour n'est-il pas magnifique ? Je hais l'amour !

Ah, avocate tout de même. Qui sait, peut-être un jour seraient-elles amenées à se revoir. Morticia n'avait jamais été en très bons termes avec la justice. Et ce n'était pas avec ses petites sautes d'humeur que cela allait s'arranger. Elle se doutait bien qu'un jour ou l'autre, un parent d'élève finirait par ne pas apprécier ses méthodes radicales mais efficaces et porterait plainte. Au minimum. Mais pour le moment, elle se contenta de légèrement sourire en buvant une nouvelle gorgée de boisson alcoolisée.

-Pour moi, l'amour est une des choses les plus stupides et surfaites au monde. On s'attache à une illusion, on se fait du soucis quand notre homme ne rentre pas à la maison, on s'énerve avec l'autre tout le temps... au fond ça ne pose que des problèmes. Ma mère a passé ses journées à s'inquiéter pour mon père, et lorsqu'il rentrait, ils ne trouvaient rien de mieux que de se crier de dessus pour n'importe quoi. Il faudrait que je sois condamnée, menacée et torturée pour vivre une telle stupidité.

Morticia pensait chaque moindre mot qui venait de franchir ses lèvres. Pour elle, l'amour était une perte de temps impressionnante. La boisson devait certainement commencer à chambouler les idées des deux jeunes femmes. Et Morty se rendit à peine compte de la réaction de son acolyte lorsqu'elle compris sa position d'enseignante. Après tout, elle s'en moquait aussi.

- Ma famille, mon frère plus encore, c'est tout mon univers. Si Gwendall se détournait de moi je pense que je pourrais en mourir. Tout aussi sûrement que si mon amour de jeunesse m'était de nouveau enlevé... Le problème ? Je ne pourrais jamais avoir les deux. Gwendall a juré de le virer de ma vie, de m'y faire renoncer ou alors de me renier. Et, lui... Je ne sais rien si ce n'est qu'il m'aime encore... Peut-être eut-il mieux valu que je ne le revois jamais ! A moins que ce ne soit le destin. Vous croyez au destin ?
-Crois-moi, on pense toujours ne pas pouvoir rester sans eux. Mais au fond, cela laisse tellement plus de liberté. Ne plus avoir besoin d'attendre d'avoir leur accord pour tout, ne plus avoir à les suivre dans tout ce qu'ils font. Ne plus rester dans leur ombre. Alors si tu as un choix à faire, réfléchi bien à tout les aspects du problème. Quand au destin, j'ai décidé de ne pas y croire.

Il y en avait des choses à dire sur le sujet, mais il y avait des limites tout de même. Par exemple, dire que son frère l'avait empêché de briller un minimum aux yeux de ses parents et avait contribué à la rendre aussi fragile mentalement parlant n'était pas la meilleur idée à avoir. Alors Morticia inspira une dernière fois une fumée chaude et délicieusement relaxante avant d'écraser le mégot dans le cendrier qui était devant elle.

- J'étais loin de me douter qu'enseigner, à Poudlard je suppose, était à ce point pénible ! Tes collègues mâles sont-ils si débiles ou ton physique des plus avantageux, il faut bien avouer que tu es ravissante, te poursuivraient-ils de leurs assiduités ?
-Je ne pense même pas qu'ils n'aient jamais pris la peine de regarder. Ils ont tendance à ne pas trop m'apprécier. J'aurais mauvais caractère d'après eux.

Jamais Morticia n'avait vu les choses sous cet angle. Et l'imaginer quelques instants la fit rire un bon coup. Vous imaginez un de ses collègue prêter la moindre attention à ses formes? Mais en y pensant, Morty pris un air tout à fait dégagé avant de doucement retirer son bustier vers le haut et de remettre sa jupe en place discrètement. Imaginer les hommes présents capables de loucher sur son décolleté ou ses jambes. Il ne manquerait plus que ça, franchement. Mais quoi qu'ils puissent faire, elle appréciait le compliment de Nemesis.

-Tu sais le pire ? J'ai beau râler tout ce que je peux... J'ai beau les détester cordialement de temps à autres... Je ne me vois pas non plus vivre sans eux ! Je crois que je suis incurable...
-Ce n'est pas parce que tu ne le vois pas que ce n'est pas faisable. Mais bon, je te dit ça, c'est ta vie et tu en fait ce que tu veux. Mais j'ai du mal à te suivre. Après tout, tu peux faire tes choix seule en ne prenant en compte que tes goûts. Tu ne pourras pas toujours diriger ta vie en fonction de ce qu'ils voudrons. Moi j'appelle ça de l'esclavage.

Ah les hommes !

Les mots que prononçait, avec une conviction à toute épreuve, l'enseignante résonnaient de la plus étrange des façons dans l'esprit quelque peu embrumé maintenant de la poupée russe. A l'en croire l'amour était une malédiction qui finissait, toujours et si bien, par causer le malheur de ceux qui avaient le malheur de s'y adonner, d'y succomber. Et, là-dessus aussi, elle marquait bien des points en effet ! Nemesis pouvait citer plus d'un exemple susceptible d'étayer cette vision des choses. James fut le premier et le plus évident qui lui vint à l'esprit. Cet homme s'était marié au nom de ce qu'il pensait être de l'amour et, aujourd'hui, il réalisait son erreur. Toujours au nom de ce même amour qu'il se découvrait éprouver pour un homme... Et, au final, nul n'était heureux ! Lui souffrait du mal qu'il faisait, son épouse était humiliée et enceinte quant à Ethan il y avait fort à parier qu'il n'était pas plus heureux non plus ! Et si elle se penchait sur sa propre expérience ce n'était guère mieux ! Tristan l'aimait, Kieran aussi et elle... Elle, elle était juste larguée dans sa propre existence ce qui était loin d'être la plus agréable des sensations ! Pourtant les mots qui s'écoulèrent de ses lèvres révélèrent une toute autre vision de l'amour. Celle qu'elle s'efforçait de nier au fond de son verre mais en vain visiblement. Ses yeux étincelèrent de milles feux et un sourire béat fleurit sur ses lèvres.

- Oui, l'Amour fait mal et corrompt souvent mais... C'est aussi tellement d'autres choses ! Le plaisir de se torturer en s'éloignant de cet autre auquel on ne peut s'empêcher de penser... Le bonheur d chaque instant comme volé au temps lui-même et qui n'appartiennent qu'à nous... Sentir son coeur bondir en son sein dès qu'il apparaît... puis, riant de cette douceur qui lui ressemblait si peu, elle ajouta dans un clin d'oeil complice à la jolie brune Mais je t'accorde ceci aussi : l'amour nous condamne. A souffrir mais aussi à éprouver les plus grands des bonheurs. N'as-tu jamais pensé que ce bonheur puisse valoir quelques désagréments ? Voir même quelques souffrances ?

Puis Nemesis se tut. Pour écouter son amie de la soirée, certes mais aussi parce qu'elle n'appréciait que peu de voir les regards que certains êtres ici présents, ceux qui se prenaient pour des mâles, des vrais, leur jetaient. Il y en avait deux, plus particulièrement, qui ne lui disait rien de bon. Certes elle était Legilimens mais elle était trop loin et l'alcool lui montait à la tête. Heureusement, ou malheureusement la suite le leur apprendrait bien assez vite, Morticia accapara de nouveau toute son attention. Destinée... Nemesis non plus n'y avait jamais cru... Du moins jusqu'à ce que Kieran lui soit rendu ! Etait-ce vraiment un simple hasard ? Non, elle ne pouvait y croire !

- Je suis indépendante, travaille à un poste que beaucoup d'hommes m'envient... Mais à quoi cela sert-il de réussir s'il n'y a personne avec qui partager nos joies et nos peines ? La victoire est amère si on la savoure seule. Quant au Destin... J'ai envie d'y croire. Ce sont les mensonges de ma famille qui m'ont ravi l'homme de mes rêves il y a huit ans. Aujourd'hui j'aime à penser que c'est le Destin qui nous rapproche. Même si j'ai bien conscience que cela aura un prix et que pour gagner le droit de l'aimer, lui, je devrais renoncer à tout le reste. N'y a-t-il donc personne au monde pour qui tu sois prête à pareil sacrifice ? Personne qui te fasses te sentir tellement en vie lorsqu'il est prêt de toi ?

Nemesis nota le subtil changement d'attitude de la jeune enseignante quand elle évoqua sa beauté. Celle-ci semblait étrangement gênée ou mal à l'aise. Comme si c'était la première fois qu'on la complimentait ! La poupée russe n'en dit rien mais elle se sentait proche de cette femme dont la vision de l'amour semblait pourtant radicalement opposée à la sienne. Peut-être Nemesis, plutôt que de se morfondre sur ce sort que bien des femmes lui envieraient, oui peut-être ferait-elle mieux de se réjouir de sa chance ! Après tout un coeur, même torturé ou brisé, était préférable à enfermer son coeur dans un cercueil de glaces éternelles !

- Il n'y a pas que ces hommes qui me dictent ma conduite. Morticia... Ma famille, la morale, cette société à laquelle j'appartiens ... Nul n'est réellement libre de n'être que ce qu'il souhaite être. N'as-tu jamais connu cela ? Ou, si tu as réussi l'exploit d'atteindre la véritable liberté je serai heureuse que tu m'apprennes comment ! Des fois j'étouffe tant qu'il me vient... disons... des idées sombres et définitives...

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L'amour était loin d'être un sujet tabou pour l'enseignante, mais cela restait un peu délicat. Pour cause, jamais elle n'avait eu de relation amoureuse, aussi courte puisse-t-elle être. Mais elle était loin de s'en plaindre d'ailleurs. Loin de là. Non, elle était tout à ait satisfaite de sa solitude. C'était seulement qu'il lui arrivait de se poser des questions. Et certaines revinrent au galop lors de l'intervention de sa camarade de cuite.

- Oui, l'Amour fait mal et corrompt souvent mais... C'est aussi tellement d'autres choses ! Le plaisir de se torturer en s'éloignant de cet autre auquel on ne peut s'empêcher de penser... Le bonheur de chaque instant comme volé au temps lui-même et qui n'appartiennent qu'à nous... Sentir son cœur bondir en son sein dès qu'il apparaît...

Au fond, c'était quoi aimer? Parce qu'on aime ses proches, du moins la plupart du temps. Mais aimer une autre personne, vouloir aller jusqu'à vivre avec elle, qu'est-ce que cela faisait? Mis à part se faire du mal, quelle raison pourrait pousser Morticia à chercher un minimum? La brune resta pensive quelques secondes. Et pas qu'un peu. Même si les verres qu'elle descendait ne l'aidaient pas, son cerveau était en pleine activité. Puis, riant légèrement, Nemesis repris la parole.
-Mais je t'accorde ceci aussi : l'amour nous condamne. A souffrir mais aussi à éprouver les plus grands des bonheurs. N'as-tu jamais pensé que ce bonheur puisse valoir quelques désagréments ? Voir même quelques souffrances ?

-J'estime avoir suffisamment donné de ma personne au nom de l'amour.

Étrangement, l'espace d'un instant, Morticia perdit son sourire. Elle avait aimé son frère, ses parents, et voulant bien faire, elle avait été brisée. Tous l'avaient pris pour une folle et au fond, peut-être avaient-ils raison. Mais consciente que cela ne devrait pas être très agréable comme situation, elle se remis rapidement à sourire, faisant comme si rien ne s'était passé. Finalement, elle jeta elle aussi un regard aux deux hommes que Nemesis venait de regarder. Morticia ne les sentait pas ceux-là. Puis Nemesis parla une nouvelle fois en écho à ses propres paroles.

- Je suis indépendante, travaille à un poste que beaucoup d'hommes m'envient... Mais à quoi cela sert-il de réussir s'il n'y a personne avec qui partager nos joies et nos peines ? La victoire est amère si on la savoure seule. Quant au Destin... J'ai envie d'y croire. Ce sont les mensonges de ma famille qui m'ont ravi l'homme de mes rêves il y a huit ans. Aujourd'hui j'aime à penser que c'est le Destin qui nous rapproche. Même si j'ai bien conscience que cela aura un prix et que pour gagner le droit de l'aimer, lui, je devrais renoncer à tout le reste. N'y a-t-il donc personne au monde pour qui tu sois prête à pareil sacrifice ? Personne qui te fasses te sentir tellement en vie lorsqu'il est prêt de toi ?

Morticia souriait à la pensée de Nemesis. Après tout, elle lui convenait et la blonde pouvait bien se raccrocher à ce qu'elle voulait. Mais il ne fallait pas compter sur Morticia pour la suivre jusque-là. La liberté ne pouvait réellement se savourer que si l'on avait personne pour poser ses contraintes. C'était du moins l'avis bien rude de Morty.

-Navrée de devoir te décevoir une nouvelle fois, mais personne ne m'attend et je ne cherche pas la compagnie d'une personne particulière. Les joies et les peines n'ont pas besoin d'être partagées, simplement surmontées. À chacun sa façon de le gérer. Si tu as besoins de quelqu'un pour t'épauler, à ta guise. Mais jamais je ne redeviendrais dépendante d'un autre.

Bien résignée, Ne me sis aurait du mal à obtenir autre chose de Morticia. Bien caché, son cœur ne s'ouvrira pas si facilement. Après tout, c'était elle qui l'avait enfoui si loin.

- Il n'y a pas que ces hommes qui me dictent ma conduite. Morticia... Ma famille, la morale, cette société à laquelle j'appartiens ... Nul n'est réellement libre de n'être que ce qu'il souhaite être. N'as-tu jamais connu cela ? Ou, si tu as réussi l'exploit d'atteindre la véritable liberté je serai heureuse que tu m'apprennes comment ! Des fois j'étouffe tant qu'il me vient... disons... des idées sombres et définitives...
-La liberté totale n'existe pas, c'est une évidence. Mais en même temps j'ai besoin de savoir que c'est moi qui décide. Même si ce n'est parfois qu'une impression. Tu comprends? Quand aux idées sombres, ma vie est bâtie dessus. Mais il faut s'accrocher aux petits plaisirs quotidiens, les petits bonheurs qui rythmes malgré nous nos journées. Malgré tout, je comprend tout à fait ce que tu penses.

C'était un peu compliqué. D'un côté, Morticia se disait qu'elle pouvait se débrouiller seule, que tout allait bien comme ça. Mais de l'autre il y avait le travail, les factures, le compte bancaire pas assez fourni. Du coup, la liberté avait ses limites, et elles étaient bien présentes. Alors elle souriait toujours à Nemesis qui avait l'air d'avoir des pensées plein la tête.

Ah les hommes !

Alors que ses yeux se posaient sur le beau visage de l'enseignante la jeune blonde se demandait ce qui avait bien pu lui arriver de si terrible pour que Morticia enferme ainsi son coeur à double tour ! Tout ce que l'avocate pouvait lui dire, chacun des arguments qu'elle lui avançait comme si elle eut été en train de plaider, la brune les repoussait méticuleusement les uns après les autres. Et, même si cela l'agaçait quelque peu, Nemesis ne pouvait s'empêcher que sa nouvelle amie n'avait pas totalement tort... Et, pour être parfaitement honnête, il y avait peu de temps elles se seraient même parfaitement entendues sur le sujet ! Tout comme elle Nemesis avait renoncé à l'idée de pouvoir jamais plus aimer. Elle aussi estimait avoir trop souffert au nom de l'amour et elle avait juré plus d'une fois qu'on ne l'y reprendrait plus ! Tristan était donc l'homme idéal pour elle : beau, prévenant et aimant, fidèle et loyal... Une parfaite façade pour un couple glamour et mondain mais où ne brillait pas le moindre amour. Ou du moins pas de son côté à elle. Et comme il ne lui demandait rien d'autre que d'être la plus adorable des petites poupées... Cela fonctionnait parfaitement ! Jusqu'à ce que Kieran ne revienne du moins... Et ne vienne balayer tous les arguments qu'elle écoutait ce soir s'écouler de la bouche de Morticia.

- Je pense que je peux te comprendre en fait... Par amour j'ai cru mourir... Et par amour je mourrai peut-être bien demain d'ailleurs ! dit-elle en riant doucement et en commandant une autre bouteille la leur arrivant déjà à sa fin Mais pour lui je pense que je défierai la mort elle-même s'il le fallait !

Elle ne releva pas les propos qui suivirent. Parce qu'elle savait que rien ne servirait d'argumenter et parce qu'elle n'avait pas la moindre envie de se disputer. Morticia lui était sympathique et Nemesis se sentait pleine d'empathie pour cette jeune femme qui devait avoir vécu la plus singulière des vies de famille à l'en croire. Lui servant en souriant un autre verre, leur commandant de quoi se sustenter, elle alluma une autre cigarette. C'est vrai qu'elle ne pouvait pas comprendre. Elle avait eu une enfance idyllique dans une famille aimante et unie. Et, jusqu'à ce jour, le clan Colloway était toujours aussi uni. Mais peu nombreux étaient ceux ayant eu la chance d'avoir connu pareil bonheur. Lorsque ses yeux plongèrent dans ceux de Morticia la jeune femme ne put s'empêcher d'y lire. Il était rare qu'elle use ainsi de son don de Legilimens mais l'alcool aidant... Sans même avoir à chercher elle y vit des scènes, des visages qu'elle ne comprenait pas. En fait elle éprouvait surtout beaucoup de souffrance... De la solitude... Les choses étaient trop confuses et Nemesis rompit volontairement le contact. Surveillant toujours du coin de l'oeil les hommes au bar elle grignota quelques uns de ces appetizers qu'on venait de leur servir. Puis, souriant à Morticia

- Pardonnes-moi mais... Qu'a-t-il bien pu se passer dans ta famille pour que tu en parles avec une telle amertume ? Je sais que tu ne me connais pas mais... Je ne sais pas... Traîtes-moi de folle si tu le souhaites mais je t'aime bien. Et aussi étrange que cela puisse sembler j'aimerais t'aider. Comment je l'ignore mais je veux t'aider !

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C'était vraiment étrange comme situation. Après tout, Morticia ne la connaissait pas cette fille! Mais elle avait l'impression de n'avoir rien à craindre. Parler d'amitié était exagéré. Mais à force de parler, elles n'étaient plus vraiment de simples connaissances. C'était particulier. Enfin, elle aimait bien cette situation quand même. Et puis, de se libérer un peu de temps en temps ne pouvait pas faire de mal. Alors oui, elle avait pris un soin tout particulier à mettre son cœur bien loin dans les tréfonds de son esprit. Mais pour une soirée, avec une femme connue par hasard, elle pouvait faire un petit effort. Après tout, elle lui offrait la boisson et lui faisait ses premiers compliments depuis... un certains temps. Le fait que le blonde soit avocate lui était bien égal.

- Je pense que je peux te comprendre en fait... Par amour j'ai cru mourir... Et par amour je mourrai peut-être bien demain d'ailleurs ! Mais pour lui je pense que je défierai la mort elle-même s'il le fallait !

Comprendre Morticia? Voilà qui était nouveaux. Habituellement Morty était une irresponsable, une sadique ou une folle. Entendre que finalement ses actes étaient peut-être compréhensibles était complètement inédit. En revanche, elle avait un peu de mal à suivre Nemesis. C'était particulier de se dire prête à mourir au nom de l'amour. Cette chose que Morticia tenait éloignée d'elle depuis des années. Nemesis était totalement dévouée à ses sentiments. Pourquoi? Cette simple question suffisait à toutes les réunir. Pourquoi rester si dépendante d'un sentiment si destructeur? L'instinct de survie ne devrait-il pas communiquer une sorte de besoin de fuite de cette situation? Non, vraiment, Morty n'y comprenait rien.
Ce besoin de comprendre, Morticia n'était visiblement pas la seule à le ressentir. Elle souriait, certes, mais lorsque Nemesis tenta de lire en elle, le professeur lui adressa comme une invitation. Elle avait ce besoin d'être comprise. La jolie blonde n'eut pas grand efforts à faire pour trouver ce qu'elle cherchait. Morty se laissa totalement faire.
Elle se retrouvait à onze ans, devant ses parents, leur montrant ses premières notes. Elle avait fait de gros efforts et ne ramenait que des Optimal. Contente d'elle, elle s'approchait des adultes, encore souriante.

« -Maman, papa, regardez.
-Qu'est-ce que c'est?
-Mes résultats. J'ai eu de...
-Oui, oui. Regarde ce que ton frère vient de nous montrer. Il a eu un Effort Exceptionnel en potions.
-Mais maman, je...
-Tu devrais prendre un peu exemple sur lui. Cela ne te ferait pas de mal. »

Puis le décor changea. Elle se retrouvait un deux ans plus tard dans sa salle commune. Il fait un peu froid, dehors c'est l'hiver. Elle est plongée dans ses devoirs qu'elle refait pour la troisième fois. Elle ne peux pas se permettre de les rater! Il faut qu'elle réussisse à faire réagir ses parents. Des amis passent devant elle prêts à sortir. Morticia, les sourcil froncés et les regard concentré sur ses papiers ne les a pas vu tout de suite.

« -Eh, Morty, on sort un peu, tu viens avec nous?
-Non, j'ai encore du travail.
-Oh, ça va, tu vas pas rester là toute la journée?
-J'ai pas fini je te dit.
-Mais ça fait trois fois que tu recommence ce truc, tu peux bien sortir deux minutes...
-Je t'ai dit que je n'avais pas fini, fou-moi la paix tu veux?! »

Elle s'était levé d'un seul coup et avait tapé du poing sur la table. La troupe de jeunes sortirent et Morticia repris ce qu'elle faisait. Une nouvelle et dernière fois, le terrain changea. De retour chez ses parents. Cette fois, Morty était âgée de dix-sept ans. Déjà plus similaire à celle que l'on connaît, elle restait sans le moindre sourire un peu en arrière. Ses parents se penchaient sur son frère qui venait de leur rapporter son premier contrat de travail.

« -C'est formidable mon chéri. Nous sommes fiers de toi. N'est-ce pas Morticia?
-Oui mère.
-Tu pourrais montrer un peu plus d’intérêt pour les résultats de ton frère. Il fait des efforts et il réussit.
-Et moi? Mes efforts? Il ne comptent pas?
-Ce n'est pas pareil. Il faut que tu travail ton comportement. Si nous n'arrivons pas à te marier, c'est peut-être parce que tu devrais commencer à te remettre en question. »

Furieuse, Morticia ne rajoutait pourtant rien. Cela n'aurait aucun effet. Elle le savait depuis le temps.
Mais Nemesis s'arrêta là. Un peu déboussolée, Morticia eut un petit temps de réaction. Elle se remit ensuite à sourire comme si elle n'avait pas remarqué cette intrusion. Elle espérait que cette petite visite suffirait. Mais de toute évidence, elle n'avait pas bien vu.

- Pardonnes-moi mais... Qu'a-t-il bien pu se passer dans ta famille pour que tu en parles avec une telle amertume ? Je sais que tu ne me connais pas mais... Je ne sais pas... Traîtes-moi de folle si tu le souhaites mais je t'aime bien. Et aussi étrange que cela puisse sembler j'aimerais t'aider. Comment je l'ignore mais je veux t'aider !

Quoi, l'aider elle? Cette femme ne la connaissait pas et elle voulait l'aider? L'aider à quoi d'abord? Morticia pouvait très bien vivre seule. Elle n'avait pas besoin de l'aide de Nemesis. Mais rien ne l'empêchait de lui parler un peu quand même. De toute façon, ça ne serait pas ses parents qui viendraient se plaindre.

-La folie est une notion relative. Quand à ma famille, cela n'a rien de bien compliqué. Une jeune fille sang-pur avec déjà un grand frère n'a pas grand chose à attendre de ses parents. J'ai essayé d'obtenir plus qu'un regard et ça m'a perdu. Je ne demandais pas grand chose. Juste un petit "Bien joué" ou même un petit "Oui, pas mal.". Sauf que moi j'avais "Pourquoi tu ne prend pas un peu exemple sur ton frère? Lui il ira loin. Tu n'iras nul part si tu ne te débrouille pas pour te faire apprécier." Mais j'ai pas lâché et ils m'ont trouvé abusive. Ces salauds m'ont renié parce qu'ils pensaient que j'étais folle. Ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent, mais en attendant j'ai toujours tout fait pour leur plaire et ils m'ont laissé tomber.

D'un seul coup, ça allait mieux. Elle avait lâché une grande partie de ce qu'elle avait sur le cœur. Au moins, Nemesis saurait à qui elle avait affaire si elle devait un jour croiser un autre Mathews. Morty, elle, sauterait certainement au cou de l'un d'eux si elle venait à en croiser. Au moins, ils auraient une bonne raison de crier à la folie.

Ah les hommes !

Les gens n'appréciaient que rarement qu'on s'immisce ainsi dans leur esprit et donc, par extension, dans leur vie. Aussi Nemesis fut-elle sincèrement, mais tout aussi agréablement, surprise de voir que la belle brune en face d'elle l'y invitait tacitement. Les portes de la mémoire de Morticia étaient grandes ouvertes à la Legilimens qui pénétra donc dans cet univers étrange et souvent perturbant où le présent n'est plus et où les raisons d'être de celui-ci se dévoilaient en images. Elle sourit en apercevant cette adorable enfant que l'enseignante avait jadis été. A une époque où, elle le sentait, Morticia ne méprisait pas encore l'amour. Au contraire elle le recherchait avec une avidité aussi touchante que douloureuse. Ses parents, les souvenirs en témoignaient trop bien, ne lui accordant pas le moindre intérêt. Une ombre... Voilà le premier mot qui avait jailli dans l'esprit de l'avocate quand elle eut fini de lire les pensées de celle dont elle voulait définitivement se faire une amie. Morticia n'avait été qu'une ombre au sein de cette famille qui, sans réellement la rejeter, lui refusait le droit on ne peut plus légitime de n'exister que pour et par elle-même. Toujours, et aussi grands soient ses efforts, on lui rappelait qu'elle n'était pas ce frère aîné qui accaparait, lui, toutes les attentions et tout l'amour de parents que Nemesis jugea injustes et aveugles.

Elle aussi avait été la seconde dans une famille de sang pur.. Et, tout comme Morticia, elle avait été la fille arrivant après l'héritier mâle. Mais la comparaison s'arrêtait là. Sa famille les avaient élevés et aimés, Gwendall et elle, comme des jumeaux ou s peu s'en fallait. Jamais la moindre différence n'avait été faite et quand bien même leurs parents auraient osé essayer qu'ils se seraient heurtés à un mur. Car son frère et elle avaient toujours étés plus que proches, fusionnels. Là où Morticia et le sien semblaient rivaux, Gwendall et Nemesis étaient alliés. Et la jeune femme remercia intérieurement les cieux et tous ces dieux auxquels elle ne croyait pas qu'il en fut ainsi. Sinon sans doutes serait-elle, aujourd'hui, aussi aigrie et amère que l'était la jeune femme qui prenait la parole, mettant des mots sur tous ces maux qu'elle lui avait permis de voir. Soupirant, picorant encore une crevette, Nemesis leur servit deux verres et leva le sien à la santé de la brune incendiaire. Puis, après avoir bu une longue rasade de ce liquide qui commençait sérieusement à lui tourner les sens et la tête elle soupira

- Je comprends mieux ton ressenti et je suis, sincèrement, désolée que ta famille n'ait ni su te comprendre ni répondre à tes attentes. Une famille se doit d'être unie et des parents ne devraient jamais privilégier un enfant au dépend d'un autre. Surtout pas parce que le second est une fille ! Mais... Cela ne devait pas influer sur toi aujourd'hui. Tu n'as plus rien à leur prouver. Tu es belle, tu as une belle carrière je n'en doute pas... Tu as réussi à te construire malgré tous leurs efforts pour t'en dissuader ! Tu ne pouvais rêver plus belle revanche. Pourquoi ne pas t'autoriser maintenant à aimer ou, même plus simplement, à te laisser aimer ? Cela peut-être bien doux par moments, je te l'assure. Et tout le monde en a besoin... tout le monde. En tous cas, quoique tu décides, moi je t'aime bien Morticia !

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Même si c'était étrange, Morticia aimait bien la belle blonde qui était en face d'elle. Et lui laisser l'accès à son esprit ne lui semblait pas si grave après tout. Ceci dit, cela lui avait fait ressentir des émotions oubliées. Oubliées et extrêmement désagréables. Douleur, peur et tristesse. Tout cela à la fois. C'était déstabilisant mais d'un autre côté, cela ne lui rappelait pas que de mauvais souvenirs. À cette époque, la petite mignonne Morticia était la joie de vivre et la bienséance incarnée. L'éducation l'obligeait. Et elle aimait bien loucher sur les garçons comme le font les filles de cet âge. Les regarder de loin, sourire bêtement, demander à son frère de les présenter. Le genre de choses que toutes les jeunes filles font. Sa vision de l'amour était encore idyllique et pleine de rêves. Chercher les prince charmant, s'imaginer devenir sa femme, s'avancer en voyant la vie de femme au foyer dévouée à son époux. Ce qu'une petite fille de son milieu pouvait penser. Sauf que maintenant, non seulement elle avait totalement oublié cette idée de prince charmant, mais en plus elle ne rêvait plus une seule seconde de devenir la femme au foyer de qui que ce soit. Elle avait déjà assez de mal à vivre seule, alors à deux.

Morticia ignorait presque tout de la vie de Nemesis. Aussi, elle ne se douta pas qu'elle avait aussi connu le monde des sang pur. Et au fond, ce n'était peut-être pas si important. L'avocate et elle semblaient presque être opposées, mais les deux jeunes femmes avaient l'air de bien s'entendre tout de même.

-Je comprends mieux ton ressenti et je suis, sincèrement, désolée que ta famille n'ait ni su te comprendre ni répondre à tes attentes. Une famille se doit d'être unie et des parents ne devraient jamais privilégier un enfant au dépend d'un autre. Surtout pas parce que le second est une fille ! Mais... Cela ne devait pas influer sur toi aujourd'hui. Tu n'as plus rien à leur prouver. Tu es belle, tu as une belle carrière je n'en doute pas... Tu as réussi à te construire malgré tous leurs efforts pour t'en dissuader ! Tu ne pouvais rêver plus belle revanche. Pourquoi ne pas t'autoriser maintenant à aimer ou, même plus simplement, à te laisser aimer ? Cela peut-être bien doux par moments, je te l'assure. Et tout le monde en a besoin... tout le monde. En tous cas, quoique tu décides, moi je t'aime bien Morticia !

C'était un peu plus compliqué que cela. Oui Morticia était contente de pouvoir dire qu'elle s'en était sortie seule. Sauf que le seul problème était qu'elle ne s'en sortait pas aussi bien que le disait sa nouvelle peut-être et certainement future amie. D'abord il y avait cette histoire d'amour inexistant et totalement inconnu. Mais aussi le fait qu'enseigner lui sortait par les oreilles par exemple. Ou encore les factures de plus en plus difficiles à payer. Sans compter les entretient tendus à la banque. S'en sortir était une chose. Bien s'en sortir en était une autre. Mais Morticia était touchée par les propos de la pétillante blonde qui devait commencer à sentir les effets de l'alcool. D'ailleurs, peut-être un peu trop touchée, Morty laissa passer une petite larme qu'elle ne laissa pas partir bien loin en la balayant d'un geste de la main. Elle s’empressa ensuite de rire légèrement en trinquant avec Nemesis en espérant qu'elle n'ait rien vu ou n'y ait pas fait attention.

-J'ai beau dire ce que je voudrais, ils restent les personnes qui m'ont permis de me former. Pas très bien, c'est certain, mais ils ont tout de même voulu faire les choses correctement. Mais je te remercie pour tous ces compliments, vraiment. Et je t'aime bien aussi, si cela t'intéresse.

Morticia marqua une petite pause. C'était un peu compliqué. Faire des concessions c'est bien mais il faut de la volonté. Cependant, avec Nemesis, elle avait presque envie d'essayer. Elle aussi savait être convaincante. Assez pour laisser Morticia pensive.

-Mais admettons que je laisse de côté mes à priori, qui crois-tu être encore capable de s'intéresser à moi. Au cas où tu ne l'aurait pas remarqué, je ne suis pas la personne la plus aimée au monde.

Toujours dans l'optique d'une ironie parfaite, Morticia posait une véritable colle à sa camarade de beuverie. Tout en vidant un nouveau verre, elle ne pouvait s'empêcher de sourire, amusée d'imaginer quelqu'un capable de passer outre son caractère horrible, sa situation délicate et ses tendances violentes. Mouais, bon courage!

Ah les hommes !

-Figures toi que non seulement cela m'intéresse mais que j'en suis, surtout, honorée. dit la poupée blonde avec une sincérité qui l'étonna elle-même. Puis, leur servant un autre verre, elle ajouta les joues légèrement rosies et en allumant une autre cigarette Sais-tu pourquoi cela me touche autant ? Parce que tu ne t'intéresses ni à mon argent, ni aux faveurs que mon politicien de fiancé pourrait t'accorder... Tu ne vois en moi que la blonde un peu portée sur la boisson et un brin bavarde et tu l'apprécies. Et, ça, ça n'a pas de prix à mes yeux !

Et le pire dans tout cela c'était que Nemesis pensait chacun des mots qu'elle venait de prononcer. Cela lui était réellement agréable, et rafraîchissant malgré cette chaleur que l'alcool faisait naître en elle, de rencontrer quelqu'un qui ne se plie pas devant elle pour lui faire mille et une courbettes. Pas non plus quelqu'un qui craignait la férocité de l'avocate. Quelqu'un qui se fichait pas mal de qui pouvait être son fiancé et du fait que ce dernier tiendrait bientôt un rôle important sur la scène politique sorcière et britannique. Non, Morticia ne voyait pas cela. Elle ne voyait que Nemesis et l'appréciait. Pour ce qu'elle était et quand bien même leurs visions s'opposaient parfois. Elles n'auraient peut-être pas du se rencontrer mais le destin en avait décidé autrement et l'avocate s'en réjouissait.

- Quand tu parles de te former tu parles de ceux qui t'ont permis d'enseigner ? A t'entendre j'ai l'impression que ton travail est très loin de t 'épanouir, me trompes-je ? puis souirant un nuage de nicotine elle poursuivit en balayant d'un geste de la main les arguments de sa nouvelle amie quant au fait que quelqu'un puisse l'aimer On se fiche que tu sois ou non la plus aimée. Qui plus est les hommes se lassent vite des gentilles petites ménagères qui ne font que hocher affirmativement de la tête à leur moindre requête ! Non, ce qu'ils veulent c'est ce qu'ils fustigent si bien en public ! Les apparences avant tout, n'est-ce pas ? puis, plongeant dans les yeux de la belle brune elle ajouta, dans un sourire entendu et complice Les hommes aiment les femmes de caractères et de tête ! Celles qui les font courir après eux et leur donnent du fil à retordre ! S'ils veulent être obéis ils s'achètent un chien ou convoque leur elfe de maison. Mais s'ils veulent l'amour alors ils cherchent celle qui leur fera déposer les armes à ses pieds. Et, ça, c'est le genre de femme que tu es Morticia. Tu n'as pas besoin d'être aimée de tous mais d'un seul. Il en suffit d'un pour bousculer des habitudes et une vie. Crois moi, je sais de quoi ej parle hélas...

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-Et pourquoi devrais-je m'intéresser à ton argent ou à ton fiancé? Est-ce que ce sont eux que j'ai en face de moi? Non. Je ne vois pas l'intérêt d'une relation aussi soudaine que la nôtre si elle est bâtie sur des mensonges. Où serait le plaisir? Et puis je n'ai rien contre les blondes et j'aurais moi aussi quelques difficultés à me lever demain matin.

Voilà une réponse qui faisait bien rire Morticia. Nemesis devait connaître un grand nombre de relations plus ou moins intéressées. Alors qu'au point où elle en était, Morty pouvait avoir la reine d'Angleterre en face d'elle qu'elle tiendrait le même discours. Et puis d'attendre des faveurs de quelqu'un ne lui plaisait pas tant que cela au fond. Voire même pas du tout. Cela reviendrait à devenir dépendante de cette personne. C'est qu'elle avait encore un minimum d'amour propre!

-Quand tu parles de te former tu parles de ceux qui t'ont permis d'enseigner ? A t'entendre j'ai l'impression que ton travail est très loin de t 'épanouir, me trompes-je ?

En fait, que ce soit avec ou sans légilimencie, Nemesis n'avait aucun mal à savoir qui était Morticia Mathews. C'était assez inquiétant en fait... Mais pour une fois elle s'en fichait. Après tout, c'était un peu sa première amie depuis Poudlard. Ça fait drôle à entendre, hein?

-En fait, je pensais plutôt à ce petit brin de folie dont je ne peux me défaire et à mon foutu caractère. Mais à part ça tu avais plutôt bon. L'enseignement était plutôt une sorte de plan D qui me permet de payer les factures... à peu près... mais jamais en retard!

Malgré le sujet assez peu réjouissant, Morty gardait un ton assez léger et détendu. Ce n'était pas qu'elle était maso, mais elle ne voyait pas l'intérêt de se plaindre de sa situation.

-On se fiche que tu sois ou non la plus aimée. Qui plus est les hommes se lassent vite des gentilles petites ménagères qui ne font que hocher affirmativement de la tête à leur moindre requête ! Non, ce qu'ils veulent c'est ce qu'ils fustigent si bien en public ! Les apparences avant tout, n'est-ce pas ? Les hommes aiment les femmes de caractères et de tête ! Celles qui les font courir après eux et leur donnent du fil à retordre ! S'ils veulent être obéis ils s'achètent un chien ou convoque leur elfe de maison. Mais s'ils veulent l'amour alors ils cherchent celle qui leur fera déposer les armes à ses pieds. Et, ça, c'est le genre de femme que tu es Morticia. Tu n'as pas besoin d'être aimée de tous mais d'un seul. Il en suffit d'un pour bousculer des habitudes et une vie. Crois moi, je sais de quoi je parle hélas...

Encourageant mais très peu rassurant. Le discours de Nemesis avait tout pour plaire... sauf ce petit "hélas" en fin de parcours. Ce petit mot montrait bien que tout n'était pas rose dans la vie sentimentale. Et c'était bien ça qui faisait peur à Morticia. Quand on aime on ne fait pas attention, et puis un jour on le paye. Elle aussi avait un discours bien rodé. Mais puisqu'elle opposaient leurs idées depuis le début de la soirée, Morty ne lui en tenait absolument pas rigueur et alla même jusqu'à ignorer le mot qui la fâchait. Elle pourrait toujours y revenir plus tard...

-Oui, je vois bien de quoi tu veux parler. Sauf que pour se faire courir après, il faut quelqu'un pour courir... Je suis peut-être à moitié saoule, voire même plus, mais cela ne m'empêche pas de voir qu'à part ces deux idiots là-bas, il n'y a pas grand monde pour s'intéresser à nous. Ceci dit, c'était gentil d'essayer...

Ah les hommes !

Pardonnes-moi si mes propos ont pu te choquer mais c'est ce à quoi je suis confrontée de façon quasi quotidienne. C'est peut-être même la première fois que je rencontre quelqu'un qui semble sincèrement s'intéresser à moi tout en se fichant comme de son premier sort de ce que je pourrais ou non lui apporter. En fait... son regard se voilà et ses joues s'empourprèrent délicieusement alors qu'elle ajoutait dans un murmure tendre En fait, hormis mon si cher Kieran, tu es la seule. Mais avec lui c'est différent. Nous nous connaissons depuis l'enfance... puis reprenant avec une pointe d'amertume dans la voix et des éclairs de colère au fond des yeux Et si ma famille, une fois qu'elle eut appris que son sang n'était pas aussi pur qu'elle le pensait, n'avait pas décidé de bouleverser la donne... Alors aujourd'hui je serais Mrs O'Connell et non la future Mrs Mayfair...

Puis la jeune femme sembla s'enfoncer au fond de la plus maussade des humeurs. Comme à chaque fois où ce qu'elle tentait, visiblement en vain, d'oublier au fond de ces verres qu'elle enchaînait depuis un moment déjà lui revenait en pleine face. Cela faisait mal. Très mal même. Nemesis sourit à Morticia quand celle-ci trouva encore matière à gentiment la reprendre sur son pourtant bien beau discours sur ses chances d'être heureuse. Mauvais caractère ? A ce qu'elle voyait de la jeune femme Morticia n'avait pas un mauvais caractère mais un caractère fort. Ce qui était radicalement différent.

Si j'étais un homme je les aimerais bien moi ta folie douce et ton fort caractère. Mais oublions cela pour le moment. Je ne voudrais pas que nos divergences d'opinions nous fâchent déjà. puis mordillant ses lèvres avant de faire une grimace devant ce que lui avouait sa nouvelle amie elle soupira Pourquoi ne pas devenir préceptrice ? Tu serais libre et cela paye surement mieux qu'enseigner à Poudlard il me semble... En tous cas si je peux t'aider en quoique ce soit, je serais heureuse de le faire.

Puis elle avait rit devant l'affirmation de la jeune et jolie brune mais quelque chose l'en empêcha. Les deux hommes que venait d'évoquer Morticia semblait avoir compris qu'on parlait d'eux et s'approchaient de la table où les deux jeunes femmes se trouvaient. L'un d'eux s'assit, sans même demander la permission ou se présenter, aux côté de Nemesis qui soupira, dégoûtée visiblement. Elle pouvait sentir le parfum écoeurant où se mêlaient effluves d'alcool bon marché et mauvaise haleine. Génial... Avant qu'elle n'ait pu dire quoique ce soit l'homme l'agrippait par la taille et l'attirait à lui. Se passant sa langue épaisse sur ses lèvres boursouflées l'homme lui murmura

Alors ma jolie... Envie de t'amuser ce soir ?Ta copine et toi êtes ravissantes et des plus appétissantes avait-il dit en plongeant le regard dans le décolleté de l'avocate. Mon pote et moi nous allons vous donner ce que vous voulez mes belles...

Cela Nemesis en doutait fortement. Et si quelqu'un devait jouer, alors ce serait Morticia et elle. Et ces pauvres mâles en rût allaient bientôt regretter leur impudence. Cruellement le regretter même.

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-Pardonnes-moi si mes propos ont pu te choquer mais c'est ce à quoi je suis confrontée de façon quasi quotidienne. C'est peut-être même la première fois que je rencontre quelqu'un qui semble sincèrement s'intéresser à moi tout en se fichant comme de son premier sort de ce que je pourrais ou non lui apporter. En fait... En fait, hormis mon si cher Kieran, tu es la seule. Mais avec lui c'est différent. Nous nous connaissons depuis l'enfance...
-Je peux le comprendre, ne t'en fait pas. J'ai connu ça un certain temps.

Nemesis était devenue toute rose et Morticia trouvait cela tout à fait mignon. Kieran devait tellement compter pour elle. Même pour quelqu'un comme notre enseignante c'était touchant. Mais lorsque la blonde repris, c'était avec une toute autre attitude. Un mélange entre l'énervement pur et le regret. Cruel cocktail que Morty ne connaissait que trop bien.

-Et si ma famille, une fois qu'elle eut appris que son sang n'était pas aussi pur qu'elle le pensait, n'avait pas décidé de bouleverser la donne... Alors aujourd'hui je serais Mrs O'Connell et non la future Mrs Mayfair...

Encore une fille que sa famille avait fait changer de route. Le jour où les jeunes filles pourraient vivre comme elles le souhaitaient n'était pas encore arrivé. Touchée et elle aussi un peu en proie à ce sentiment, Morticia sourit tout sincèrement à Nemesis en posant amicalement sa main sur la sienne. Ne sachant tout simplement pas quoi dire, c'était tout ce qu'elle avait trouvé pour lui signifier son soutien. Mais elle était persuadée que le message passerait.

-Si j'étais un homme je les aimerais bien moi ta folie douce et ton fort caractère. Mais oublions cela pour le moment. Je ne voudrais pas que nos divergences d'opinions nous fâchent déjà.
-Pourquoi échanger simplement des idées devrait-il nous fâcher? Mais d'accords, si tu préfère changer de sujet je ne m'y opposerais pas.

Nemesis fit une légère grimace et Morty en conclut que c'était peut-être bien une bonne idée de changer le fond de cette conversation. Elle accepterait n'importe quel sujet maintenant, alors pourquoi pas. Laissant sa nouvelle amie orienter ce nouvel échange, elle continua à sourire.

-Pourquoi ne pas devenir préceptrice ? Tu serais libre et cela paye surement mieux qu'enseigner à Poudlard il me semble... En tous cas si je peux t'aider en quoique ce soit, je serais heureuse de le faire.

La réaction de Morticia fut immédiate. Un bref mouvement de surprise amusée. Un peu gênée de cette réaction, elle s'empressa de s'expliquer.

-Pardon, mais je ne suis pas habituée à ce qu'on aille jusqu'à me proposer de l'aide. Le fait que je ne te connaisse finalement pas tant que cela m'a fait un peu bizarre. Mais je n'apprécie qu'un peu plus le geste. Quand à devenir préceptrice j'ai un peu peur que ma réputation ne me cause quelques ennuis. Pour ne rien te cacher je suis un peu au bord du renvoi, même à Poudlard... Et je ne suis pas certaine que je devrais te le dire d'ailleurs...

Morty se demandait si parler des menaces du directeur était une bonne idée. Pour une fois qu'on s'intéressait à elle, il serait bête de tout gâcher maintenant.
Mais de toute façon, ce malaise laissa bientôt place à un autre bien plus gros. Et quand je dis gros, je veux aussi parler du tour de taille du malaise en question. Les deux hommes que Nemesis et Morticia surveillaient du coin de l'œil depuis le début de la soirée venaient de se décider à entrer dans le vif du sujet. Tout en finesse bien entendu. Le premier s'asseyant à côté de Nemesis, la tenant par la taille et faisant un geste ignoble de la langue. L'autre ayant décidé qu'il serait une bonne idée de venir à la gauche de Morticia qui était à la fois scandalisée et amusée par leur comportement affreusement provocateur.

-Alors ma jolie... Envie de t'amuser ce soir ?Ta copine et toi êtes ravissantes et des plus appétissantes Mon pote et moi nous allons vous donner ce que vous voulez mes belles...

Prenant un ton tout à fait léger qui cachait bien l'arrivée imminente d'une réaction, Morticia s'adressa à Nemesis qui ne semblait pas non plus avoir la moindre petite envie de les suivre.

-Et bien, tu vois Nemesis, il y en a qui ne doutent de rien.

Et la réaction arriva lorsque celui qui se tenait à sa gauche avait décidé d'illustrer les propos de son ami en passant sa main sur la cuisse de Morticia. Perdant toute envie de rire, elle usa de la liberté de sa jambe pour s'en servir afin de faire tomber le problème à terre avant de poser son pied à un endroit sensible pendant que de la main droite elle pointait sa baguette sur le problème de Nemesis.

-Vous voyez messieurs, je doute sérieusement que de vouloir mettre une avocate et le professeur de Défense de Poudlard dans son lit soit une idée brillante. Surtout que saoule ne veut pas dire désespérée. Non mais vraiment...

Ah les hommes !

Nemesis se livrait à cette enseignante que, il y avait tout juste quelques heures, elle ne connaissait pas le moins du monde et dont pourtant, en ce moment précis, elle se sentait tellement proche. Comme si leurs histoires, sous des dehors et des aboutissants bien différents, se faisaient étrangement écho. Toutes les deux avaient vu leurs vies bousculées par la faute de ces familles qui étaient les leurs et qu'elles avaient sincèrement aimées. Morticia avait réussi là où la poupée avait, elle, lamentablement échoué. La belle et sulfureuse brune avait réussi à couper les ponts quand Nemesis ne parvenait pas à en accepter ne serait-ce que l'idée ! Sa famille, aussi étrange et hautaine soit-elle, était tout ce qu'elle chérissait au monde. Leur ouvrir son cœur tourmenté équivaudrait à renier effrontément leurs volontés de fer. Et, cela, malgré tout son aplombe et son assurance, la jeune femme s'en savait incapable ! Et quand bien même l'aurait-elle été qu'elle savait que Gwendall demeurerait le plus gros de leurs problèmes. Elle l'aimait lui aussi. Peut-être même plus encore qu'elle n'aimait Kieran ou Tristan...

Parce que les divergences ne doivent jamais être étalées entre gens de bonne compagnie. Enseignement de ma famille et règle d'or de mon politicien de fiancée... tout se doit d'être consensuel, tellement consensuel même... Tellement ennuyeux aussi. J'ai appris à ne pas laisser transparaître ce que je suis ou ce que j'éprouve je n'y peux rien. Mais, avec toi, je me permets tant de liberté que j'ai peur de ce que sera demain ! Demain quand je devrais de nouveau porter ce masque d'avocate impassible et implacable ! Le masque que je pensais être mais non... Retrouver Kieran m'a fait comprendre que cette femme je ne l'ai créée que pour plaire à ma famille et pour mieux l'oublier, lui. Mais, aujourd'hui, celle que tu vois devant toi c'est celle que j'étais avant. Et celle que je serai aussi demain si jamais Merlin le veut bien...

Puis elle se tut, à bout de souffle et sentant une larme poindre au coin de son œil de biche. Une main serrant celle, si amicale et si réconfortante de sa nouvelle amie et l'autre essuyant d'un geste rageur cette marque de faiblesse qu'elle se refusait à voir perler Nemesis écouta avec attention et les sourcils légèrement froncés les propos suivants de son amie. Se faire renvoyer ? Et pourquoi donc ? Quelles que soient les raisons pour lesquelles Morticia avançait cela Nemesis savait qu'elle pourrait sans doutes lui être utile si jamais ses craintes se révélaient fondées. Soupirant tout en souriant elle dit aussi simplement que calmement

Tu n'as pas oublié que je suis avocate, n'est-ce pas ? Et que je possède un carnet d'adresses qui ferait palir de jalousie ton employeur ! Alors si jamais celui-ci te cherchait des noises fais moi le plaisir de me laisser lui clouer le bec ! Il ne sera pas dit que je laisserai mon amie se faire éjecter aussi aisément ! Surtout que pour une fois que mon métier pourrait servir à aider et non à détruire...

En parlant de destruction les deux hommes qui osèrent ainsi venir les interrompre allaient bientôt comprendre leur terrible erreur. Nemesis se serait fait un malin plaisir de leur montrer de quoi elle était capable mais voir Morticia s'en charger ne fut certes pas pour lui déplaire. Aussi se tint elle tranquille, admirant le spectacle et n'intervenant que pour mieux retenir ceux qui, dans le bar, désiraient leur porter secours. Elles se débrouillaient très bien toutes seules ! Nemesis ne daigna se lever et rejoindre sa belle amie qu'une fois le spectacle fini. Laissant le patron appeler les Aurors pour venir ramasser ces deux ivrognes elle sourit à Morticia et lui murmura d'un air amusé

Bien joué, vraiment... Tu es douée et j'admire ton sang froid et ta maîtrise de la situation. Comme je doute que tu souhaites expliquer aux autorités pourquoi et comment nous sommes arrivées là et comme je ne tiens pas à apparaître à la une de la Gazette demain que dirais-tu de nous éclipser discrètement et, si tu es d'accord, je t'invite chez moi pour prendre un verre ? On y sera tranquilles je doute que Tristan soit là. Qu'en dis-tu ?

Invité

Voilà des heures que les deux jeunes femmes échangeaient leurs points de vue et leurs vies. Et finalement, elles commençaient à se connaître. Au moins un peu. Ironie du sort, chacune enviait en partie la vie de l'autre. Si Nemesis trouvait remarquable le courage qu'avait eut Morticia de se séparer définitivement de sa famille, Morty trouvait impressionnante l’endurance dont elle faisait preuve avec la sienne pour encore la supporter et l'aimer. Morticia détestait ses parents et tout ce qu'ils représentaient. Ce n'était même plus ses parents au fond. Mais cela ne l'empêchait pas de les haïr. Et son frère. Lui c'était presque pire. Récolter tout les lauriers pendant que personne ne faisait attention à elle, et malgré tout en profiter sans rien dire pour l'aider. Lui il aurait put faire quelque chose. C'était son frère tout de même. Mais non, il avait fait comme les autres et l'avait rejeté tout autant que le reste de sa famille. Elle ne leur pardonnerait jamais. Une pointe d'amertume s'afficha sur son visage alors qu'elle écoutait son amie. Elles étaient tellement différentes, mais se comprenaient si bien. C'était très agréable.

-Parce que les divergences ne doivent jamais être étalées entre gens de bonne compagnie. Enseignement de ma famille et règle d'or de mon politicien de fiancée... tout se doit d'être consensuel, tellement consensuel même... Tellement ennuyeux aussi. J'ai appris à ne pas laisser transparaître ce que je suis ou ce que j'éprouve je n'y peux rien. Mais, avec toi, je me permets tant de liberté que j'ai peur de ce que sera demain ! Demain quand je devrais de nouveau porter ce masque d'avocate impassible et implacable ! Le masque que je pensais être mais non... Retrouver Kieran m'a fait comprendre que cette femme je ne l'ai créée que pour plaire à ma famille et pour mieux l'oublier, lui. Mais, aujourd'hui, celle que tu vois devant toi c'est celle que j'étais avant. Et celle que je serai aussi demain si jamais Merlin le veut bien...

Nemesis serrait la main que Morty lui avait offerte. Et quelque part c'était rassurant. La pauvre était très émue d'avoir parlé d'un tel sujet. L'enseignante s'en voulait un peu de l'avoir menée sur ce chemin-là. La jeune blonde ne méritait pas de pleurer à cause d'elle. Surtout en parlant de famille. Ce n'était pas juste. Leurs vies avaient été manipulées et chamboulées et elles devaient se montrer reconnaissantes? Si Nemesis supportait cette situation, pas Morticia.

-Cette femme que tu étais avant, celle que je vois, c'est celle qui doit être là demain. Je ne comprends peut-être pas bien les enjeux que tu peux avoir à conserver ce masque, mais saches que si tu as besoin d'aide, même si au fond je ne peux pas t'apporter grand chose, je ne serais jamais bien loin.

C'était un peu compliqué de lui promettre de l'aide dans sa situation, mais elle essayerait quand même de faire de son mieux pour elle.
Alors qu'elle lui parlait une nouvelle fois de ses problèmes, elle se sentait rougir toujours un peu plus. Une fois qu'elle eut fini, Nemesis soupira. Morticia se dit qu'en effet, elle n'aurait pas due parler de ses ennuis et que cela ferait fuir sa seule amie. Mais lorsqu'elle leva les yeux, elle la vit sourire. C'était rassurant. Elle pourrait peut-être rester encore un peu avec elle alors.

-Tu n'as pas oublié que je suis avocate, n'est-ce pas ? Et que je possède un carnet d'adresses qui ferait pâlir de jalousie ton employeur ! Alors si jamais celui-ci te cherchait des noises fais moi le plaisir de me laisser lui clouer le bec ! Il ne sera pas dit que je laisserai mon amie se faire éjecter aussi aisément ! Surtout que pour une fois que mon métier pourrait servir à aider et non à détruire...

C'est vrai que cette perspective ne lui était pas même venu à l'esprit. Et puis, elle parlait d'elle comme d'une amie. C'était agréable. Si elle amenait Nemesis devant Dippet, une amie qui pourrait l'aider, une femme influente devant cet idiot, c'était s'assurer d'être tellement bien mieux vue. Mais ne serait-ce pas l'exploiter quelque part? Parce que ça aussi serait injuste. Enfin, elle verrait bien. Et puis, tant qu'elle se tiendrait tranquille, elle n'aurait pas besoin de défense face au directeur. Riant légèrement à son humour, Morticia lui répondit de façon un peu confuse.

-Je te remercie, je saurais m'en souvenir... je l'espère pas trop tôt.

Puis les deux hommes étaient venu les agacer. Quels idiots. De quoi largement illustrer les propos tenus plus tôt. À elles deux, Nemesis et Morticia avaient très largement calmé les deux crétins et empêché les autres de s'énerver. Maintenant, que les deux traînaient lamentablement par terre et que tout le monde restait à l'écart, il était certainement temps de partir. Mais partir voulait aussi dire retourner au château et à ses impératifs. C'était triste. Et puis elle serait bien resté un peu avec son... amie. Elle n'en avait déjà pas d'autres!!!

-Bien joué, vraiment... Tu es douée et j'admire ton sang froid et ta maîtrise de la situation. Comme je doute que tu souhaites expliquer aux autorités pourquoi et comment nous sommes arrivées là et comme je ne tiens pas à apparaître à la une de la Gazette demain que dirais-tu de nous éclipser discrètement et, si tu es d'accord, je t'invite chez moi pour prendre un verre ? On y sera tranquilles je doute que Tristan soit là. Qu'en dis-tu ?

Ah bah c'était une solution en tout cas. Et puis, c'était gentil aussi. Elle était gentille Nemesis. Et elle au moins savait apprécier Morticia. C'était tellement rare. C'était tellement agréable. Et tout ces compliments. Vraiment, Morty avait un peu de mal à s'y faire mais elle souriait très gentiment.

-Il est vrai que rester ici ne serait pas très malin. Mais tu es sûre que cela ne te causera pas de problèmes si je viens avec toi? Parce que c'est très gentil mais je ne voudrais pas compliquer ta situation.

Ah les hommes !

Le regard de la poupée blonde vint, dur et glacé, se poser sur les corps amochés des impudents qui avaient ainsi osé poser leurs sales pattes sur elles. Puis, se relevant pour venir s'ancrer, de nouveau océans paisibles, à ceux de la belle enseignante elle lui sourit. Lui faisant signe de l'attendre quelques instants, Nemesis retourna voir le gérant des lieux. Après quelques sourires et surtout une bien lourde bourse emplie de gallions sonnants et trébuchants discrètement posée dans la main de l'homme elle lui sourit, le remercia avec une chaleur toute feinte, et s'en revint auprès de cette nouvelle amie qu'elle entraînait déjà au dehors. Le fond de l'air était frais et la jeune femme remonta le col de son long manteau de velours immaculé. Son bras pendu à celui de Morticia elle marcha quelques instants en silence avant que de suspendre ses pas et de lui demander

Si tu n'as pas peur de pénétrer dans une maison qui tient plus du parfait petit château pour l'imparfaite petite princesse que je suis alors je t'emmène chez moi ma belle ! Et ne crains surtout pas de déranger. Tristan ne sera pas là et, quand bien même il le serait, il ne pourrait que se réjouir de rencontrer l'une de mes amies. Lui qui se plaint de ne rien savoir de ma vie trépidante !

Puis elle avait ri avant que de transplaner dans ce lieu des plus somptueux où elle vivait au quotidien. Lâchant le bras de son amie, ôtant son manteau et le tendant à cet elfe de maison qui accourait déjà vers elle, Nemesis pria son amie d'en faire autant. Puis elle la guida au travers de ce dédale de pièces plus gigantesques et luxueuses les unes que les autres, lui présentant succintement les lieux. Puis, délaissant le salon principal pour la mener jusque dans les étages, elle amena Morticia jusqu'à ce boudoir qui n'appartenait qu'à elle et où nul ne pénétrait jamais sous peine de devoir affronter ses ires ! Allant leur servir deux verres d'un excellent Whisky Pur Feu d'au moins trente ans d'âge, elle invita son amie à prendre place et, faisant de même, s'allongeant à moitié sur cette méridienne de velours blanc, elle leva son verre à leur santé avant que de murmurer, ausée

Bienvenue dans mon enfer ma chère ! Si jamais tu es intéressée, la maison, les domestiques et même l'homme parfait qui va avec... Je laisse tout à qui en veut ! Tu prends ?

Nemesis riait doucement, heureuse de pouvoir partager quelques moments de sincérité avec une femme qu'elle appréciait sincèrement. Chose bien trop rare pour ne pas être soulignée.

Invité

Les deux idiots qui deux secondes avant étaient certains de passer une très bonne soirée n'en menaient pas large. Morticia faisait distraitement bouger le bras de l'un d'eux avec son pied pendant que Nemesis se chargeait de tout autre chose. Femme de parole qu'elle était, elle réglait leurs consommations. Morticia trouvait finalement très amusant d'agiter ce type qui gémissait toujours à chaque mouvement. Que c'était touchant. Comme quoi, tout peut toujours basculer dans la vie.
Nemesis revint vers elle et les deux femmes quittèrent les lieux. Remettant en place son écharpe, Morty suivait son amie en souriant. Son amie. Quelle belle appellation. Et il n'y aurait que la jolie blonde pour la porter. Elles finirent par s'arrêter.

-Si tu n'as pas peur de pénétrer dans une maison qui tient plus du parfait petit château pour l'imparfaite petite princesse que je suis alors je t'emmène chez moi ma belle! Et ne crains surtout pas de déranger. Tristan ne sera pas là et, quand bien même il le serait, il ne pourrait que se réjouir de rencontrer l'une de mes amies. Lui qui se plaint de ne rien savoir de ma vie trépidante!

Morticia rit doucement de l'ironie de la pétillante Colloway. C'était agréable qu'elles puissent rester ainsi de bonne humeur toute les deux. Elles étaient juste bien ensemble. Et pourtant, ce n'était pas gagné au départ. Il fallait croire que le sort en avait décidé ainsi. Et elle ne s'en plaignait pas du tout.

-Et bien non, je n'ai pas peur, je te remercie. Mais je ne suis pas certaine d'être le genre de personnes de ton entourage à montrer à Tristan.

Morticia disait tout cela en riant un peu. Elle ne voulait plus confronter ses idées à celles de Nemesis pour l'instant. Elle voulait juste passer du bon temps avec elle. Le fond de la conversation viendrait bien en son temps. Les deux femmes transplanèrent jusqu'à une demeure tout à fait immense et luxueuse. De quoi mettre le moral de Morticia dans ses chaussettes. Sauf qu'avec les nombre de verres qu'elle avait pris, cela ne l'atteignait plus. Devoir tendre ses affaires à l'elfe de maison ne lui faisait ni chaud ni froid. Et puis, ce n'était pas comme si c'était la première fois. Elle aussi avait mené ce genre de vie autrefois. Ce n'était finalement que de vieilles habitudes qu'elle reprenait pour quelques instants. Bien que le fait de traverser toutes ces pièces lui avait fait un peu bizarre. Elle se demandait un peu ce qu'était devenu le manoir de son enfance. Il avait certainement changé depuis la dernière fois. Mais elle ne doutait pas que le goût de la décoration serait tout aussi désastreux qu'avant. Les deux jeunes femmes arrivèrent dans ce qui était très certainement l'antre de Nemesis Colloway. Confortable, simple tout à fait sympathique. La belle blonde leur servit deux verres d'un sublime Whisky et se mit à l'aise. Morticia l'imita bien vite, ravie de pouvoir prendre un peu de bon temps pour une fois.

-Bienvenue dans mon enfer ma chère! Si jamais tu es intéressée, la maison, les domestiques et même l'homme parfait qui va avec... Je laisse tout à qui en veut! Tu prends?

Amusée par cette réflexion un peu osée, Morticia rit doucement. Voilà une femme qui savait se détendre, prendre son temps, s'amuser un peu. Elle n'était pas comme ces autres petites filles de bonne famille complètement coincées. Nemesis savait ce qu'elle voulait et n'hésitait pas à le dire. En clair, c'était tout à fait le style de personnes que notre enseignante aimait fréquenter. De l'avoir déniché dans ce bar était un aubaine. Toujours dans l'optique de la plaisanterie, la brune se laissa entraîner dans le jeu de son amie.

-Alors là ma pauvre, je doute que "l'homme parfait" puisse me supporter plus de deux jours. Ou alors c'est qu'il a de l'endurance...

Le professeur était réellement heureuse de pouvoir partager ce petit moment de complicité avec une personne comme Nemesis. Et riant une fois encore, elle porta son verre à ses lèvres et lui glissa mine de rien:

-Mais fait moi donc penser de te faire découvrir mon enfer un jour. Je pense que cela changera ta vision des choses.

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Ah, les hommes! [PV Nemesis]

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