Ça part en vrille. Quoi part en vrille ? Ça... là, tout ça... ma vie, nos vies à tous, ce monde étrange que j'ai de plus en plus de mal à comprendre... J'étais pas fait pour ça, moi, j'étais fait pour rien, moi, à part pour mener ma vie insouciante d'adolescent insouciant. C'est ce que je suis supposé faire à mon âge. Mais non, à la place, je découvre les joies du dilemme, de l'investissement... je grandis. Peut-être. Bah, ça me plaît pas. J'ai rien demandé à personne, moi ! Vivre ma petite vie tranquille et sans histoires de clampin moyen, ça me convenait à la perfection. Mais non, la vie, cette fichue garce, s'en est mêlée, et puisqu'elle n'épargne personne, elle a choisi de ne pas m'épargner non plus. Voilà donc que je me retrouve dans un genre d'organisation secrète contre un salaud psychopathe si, si l'on en croit les personnes qui appartiennent à cette même organisation, serait à l'origine de tous les maux de l'univers. Et je me retrouve tout à coup propulsé dans une spirale infernale ou les interrogations battent leur plein... Je me sens tout à coup isolé, moi qui ait l'habitude de m'entourer. Je n'aime pas ça.

Alors changer d'air, pouvoir profiter d'une atmosphère différente, c'est vraiment pas de refus. Quand mon père m'a appris devoir passer quelques jours en France, et que ma mère m'a proposé de passer le week-end là-bas, je n'ai pas hésité deux secondes. Mon père a loué un petit chalet quelque part dans le paysage jurassien où il doit signer je sais pas quel contrat... À moi, ça me va, d'autant que la famille de Minerva y sera aussi, encore pour des affaires dont je ne sais pas grand chose. Ah, Minerva ! Ça fait une bonne éternité que je ne l'ai pas vu. On a quelques années de différence, tous les deux, mais on s'entend particulièrement bien. Je ne sais pas pourquoi, vu la divergence de nos caractères... Mais ça me convient bien. Changer d'air, en compagnie de personnes que j'apprécie, cesser de me poser ces questions qui m'agacent et m'horripilent dans un joli décor français... ça me va totalement.

Je suis arrivé le vendredi soir. Je me suis rendu jusqu'à Pré-au-lard en balai (pourquoi marcher quand on peut voler, je vous le demande), puis ma mère m'a conduit à l'aeroport. Oui, l'aeroport. Mes parents sont moldus, et moi, je ne sais pas transplaner. Mais ça ne me dérange pas. Le temps en aeroport, je déteste, mais dans l'avion, rester tout au dessus des nuages, j'adore ça, vraiment, pas pour rien que le vol sur balai me plaît autant. Finalement, nous sommes arrivés, suffisamment tard et lessivés pour que je me contente de poser mes valises et aller m'allonger. Mais maintenant, je suis au taquet. Et alors que je viens de me lever, je me prépare un petit déjeuner royal. C'est alors qu'elle passe le pas de la porte.

-Minnie ! Je suis content de te voir !

Un sourire en coin s'affiche sur mon visage. Je sais qu'elle déteste ce surnom. Alors j'en joue, évidemment.