Liv & Nemi ▽ You can't take me, I'm free.

Il fait un temps de merde dehors. Je crois que c'est la première fois que je suis réellement contente d'être au boulot et non pas dans le taudis qui me sert de logement. Il pleut sans cesse depuis plusieurs jours, y a des ruisseaux à la place des caniveaux et les informations diffusent en continu des dépositions de personnes disparues. C'est vraiment la saison la plus pourrie de l'année. En même temps j'crois pas qu'y ai une saison meilleure que les autres, elles ont toutes des inconvénients qui me mettent les nerfs en pelote. Je sers un verre de whisky pur-feu à un vieil ivrogne puis retourne derrière le bar où j'ai caché un magasine moldu ouvert sur la rubrique sport. Techniquement j'ai pas le droit de faire ça pendant le service mais j'en ai rien à foutre, qu'ils aillent de se faire pendre. Y a une nana qui lève la main pour commander là-bas, depuis au moins un quart d'heure. J'irai pas la voir, c'est pas la partie de la salle dont je dois m'occuper, c'est pas ma faute si ce faux-jeton de Kevin est en retard. Je la regarde droit dans les yeux et hausse les épaules l'air de dire qu'elle peut arrêter de se fatiguer pour rien. Rouge de colère, elle ramasse son sac et s'approche. La pauvre, elle aurait du tracer la route au lieu de venir me chercher. Je suis pas d'humeur à converser sur le pourcentage de connasses présentes sur cette planète. Elle déverse son mécontentement, puis déconcertée par mon sourire, elle finit par sortir en claquant la porte. Les autres clients reportent leur attention sur leur verre, trop habitués à mon caractère pour oser faire une remarque. Non mais sérieusement, je suis pas assez payée pour ce boulot de merde.

Je suis de nouveau interrompue dans ma lecture par l'arrivée d'une cliente. Oh ce n'est pas n'importe laquelle. C'est une sacré habituée, elle est toujours accompagnée d'une personne différente en général. Aujourd'hui elle est seule. Je ricane intérieurement en me rappelant que j'ai déjà couché avec son frère. Son regard croise le mien et ses sourcils se froncent. Quoi, j'ai une tête qui lui revient pas, à la princesse ? Je soupire. Je sens que mon salaire va encore passer à la trappe ce mois-ci. Elle s'approche et je me contente de la fixer sans ouvrir la bouche. Cette attitude ne mérite pas que je gaspille ma salive. C'est dommage, vraiment. Je me souviens que nous étions plutôt bonne copines avant. Elle doit vraiment pas digérer l'information. Némésis, c'est le genre de fille qui passe plus de temps à surveiller la vie privée de son frère que la sienne. Un vrai bordel innommable. D'accord, je suis pas vraiment plus rangée qu'elle, mais moi je l'assume, je ne m'amuse pas à faire des courbettes et des minauderies. Je hausse un sourcil lorsqu'elle arrive au bar.

« Ouais, c'est pour quoi ? » Dis-je sur un ton neutre et désintéressé.