D'

aucuns affirmeraient, à raison très certainement, qu’il s’agissait pour lui d’un exutoire, et qu’il avait choisi la voie du compromis, faute d’en trouver pour le moment une autre, qui puisse lui être potentiellement plus satisfaisante. Ces personnes auraient certainement vu juste. Mais qu’elle ne songent même pas à lui souffler cette idée à l’oreille, l’Héritier s’emporterait aussi sec. Non, il ne voulait pas voir dans cet amas de recherches, dans ces piles de livres poussiéreux, dans ces heures passées à les lire avec la plus grande des attentions, l’échappatoire qu’ils constituaient sans doute, une échappatoire à une situation qui, effectivement, commençait à très dangereusement lui échapper. Il n’en montrait rien, demeurait le plus digne possible (que faire d’autre, après tout ? ) mais la situation actuelle mettait à mal sa patience et certains, même, de ses principes. Alors oui, peut-être, que le fait qu’il se soit à nouveau remis en quête des objets les plus à même de servir de réceptacles à ses fragments d’âme pouvait être compris comme une vaine tentative de se conforter dans son idéal de supériorité, ou comme un moyen d’écarter ses préoccupations le temps d’envisager atteindre son idéal d’immortalité. Peu importaient ses raisons, personne n’osait les interroger ou les remettre en cause quoi qu’il en soit. Et durant ce temps où il se perdait dans ses nombreuses recherches, il avait au moins le sentiment d’avoir le contrôle sur quelque chose. En une telle situation, c’était loin d’être inutile.

La plupart de ses soirées, voire de ses nuits (une chance pour lui, Tom ne dormait toujours que très peu, considérant l’état même de sommeil comme un moment de faiblesse qu’il aurait volontiers accepté de s’épargner s’il l’avait pu), le préfet en chef des verts et argent les passait donc dans la bibliothèque de l’école, et plus souvent encore dans la réserve. Il n’y avait techniquement rien d’illégal à ce qu’il s’y trouve, sa qualité de préfet en chef l’y autorisant... ceci dit, l’heure très tardive à laquelle il s’y rendait (en l’occurrence, il était à peu près deux heures du matin) était bien moins conventionnelle. Mais en dépit des risques (faibles néanmoins) qu’il prenait, il préférait largement poursuivre ses recherches en pleine nuit. Car si de jour, déjà, les chances pour croiser qui que ce soit dans cette réserve étaient très faible, elles l’étaient plus encore de nuit, et c’était ce qu’il voulait. Ça, et éviter d’attirer l’attention sur les trop longues heures qu’il passait dans cet endroit normalement interdit à la plupart des élèves de cette école.

Mais quand bien même l’on prend toutes les précautions du monde, l’on est jamais à l’abri de faire une rencontre que l’on se serait sans mal épargné. En l’occurrence, c’est ce qui arriva à Tom lorsque, ouvrant la porte de la réserve, il se retrouva face à Amy Turner, une ...»amie» et camarade de classe. Embarrassant ? Pas vraiment, ou du moins, la situation l’était plus pour elle, embarrassante, que pour lui. L’air de rien, et avec une nonchalance que d’autres que lui auraient peut-être trouvé amusante, elle le salua comme si de rien n’était, et comme si elle avait tous les droits du monde de se trouver là.

-Ce n’est pas une heure pour se trouver ici. répondit-il il de ce timbre qu’il utilisait toujours afin de charmer les foules. Je suppose que tu n’as pas d’autorisation pour être ici ? ajouta-t-il, un sourire fin, d’un ton qui laissait comprendre à la demoiselle qu’elle n’avait quoi qu’il en soit pas de punitions à craindre de sa part.

Quand cela concernait ses «potentiels», Tom savait abandonner l’intransigeance, et, clairement, Amy était une potentielle.

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C

omprenant visiblement que son interlocuteur n'était pas décidée à la punir, Amy sembla se détendre, et se permit même quelques libertés de ton et d'attitude un fois ce constat fait. Presque trop aux yeux de Tom, qui appréciait malgré tout qu'une forme de respect, instaurée quasi naturellement, demeure au sein de toute conversation qu'il pouvait avoir. Néanmoins il la laissa parler sans broncher, d'autant que, sous l'effet d'un certain stress, les propos qu'elle articulait n'étaient pas complètement inintéressants. Il garda précieusement en mémoire les informations qu'elle lui avait délivré au creux du flot de paroles qu'elle venait de débiter, sans doute sans se rendre compte (ou en se rendant compte trop tard) qu'elle lui apprenait d'elle suffisamment de manquements au règlement pour qu'il puisse la faire punir jusqu'à la fin de l'année scolaire. Oh, il n'avait aucune intention de le faire, il avait conscience qu'Amy possédait un fort potentiel qu'il serait dommage de ne pas exploiter, tant qu'il ressentirait cela en elle, alors il garderait ces informations pour lui... Mais ne les oublierait pas pour autant, car il s'agissait bien là du type de moyen de pression qui pourrait lui servir afin de garder sur la jeune femme un certain contrôle. Tom appréciait avoir ce genre d'assurances. Il gardait ainsi la conviction, quoi qu'il arrive, de garder un certain avantage sur la personne dont il disposait d'information compromettantes. Juste au cas où. Quand elle eut l'audace de lui demander ce que lui-même faisait dans la réserve, il répondit tout d'abord à cette question par un fin sourire. Ce qu'il faisait là... concernait une affaire dont il n'avait parler à personne... et ne comptait parler à personne. C'était trop important, trop personnel.

-Je doute qu'il soit très judicieux de ma part de t'apprendre ce genre d'informations. remarqua-t-il tout simplement. Il y a des informations qu'il vaut parfois mieux garder pour soi. ajouta-t-il afin de lui faire comprendre qu'elle avait été bien imprudente de parler autant. Qu'elle avait été chanceuse que ce soit auprès de lui qu'elle se montre si bavarde. Enfin, chanceuse... il le lui laisserait croire, en tous cas.

Tom s'approcha d'elle, le temps de zyeuter par-dessus son épaule afin de savoir ce qu'elle lisait. "Apprentissage de la légilimancie". Tiens donc... voilà une information qui ne manquait pas de l'intéresser.

-Ce n'est pas en te contentant de garder le nez dans ce bouquin que tu apprendra vraiment la légilimancie.

Bien évidemment, il ne lui avait pas fait cette réflexion à la légère.
La mort d'Olive avait entraîné beaucoup de choses, beaucoup de complications. Entre autres, il avait perdu ce cobaye sur lequel il s'exerçait à un art que certes, il maîtrisait presque, mais qui nécessitait encore d'être un tantinet perfectionné. Cela restait de l'ordre de la potentialité, mais il avait peut-être trouvé une remplaçante au pied levé.

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L'

idée qu'Amy ait pu lire en partie dans son esprit ne lui plaisait guère, mais ce n'était pas une chose dont il se formalisait encore. Auprès d'Olive, il ne s'était pas seulement entraîné à la légilimancie, mais également à l'occlumancie, et ce qu'il laissait d'accès à son esprit n'était jamais que ce qu'il laissait autrui lire en lui. Alors, évidemment, il n'aimait pas l'idée qu'on utilise ce genre de pouvoirs sur lui, mais c'était une chose qu'il pourrait mettre au point plus tard. Pour le moment, le plus intéressant à retenir était qu'elle était capable d'au moins esquisser une intrusion dans l'esprit d'autrui, et avoir dans ses rangs une personne possédant de telles capacités pourrait clairement lui servir, il en avait bien conscience. Du moment que cette personne n'oubliait pas qu'il lui était supérieur. Car oui, voilà un point sur lequel nul ne pouvait disconvenir. Et c'était pour cette raison, par ailleurs, qu'il ne valait mieux pas chercher à considérer l'Héritier de serpentard comme son égal.

Oui, il devait reconnaître un certain potentiel et un certain intérêt et à son interlocutrice, suffisamment pour qu'il supporte ce qui n'en était pas vraiment mais qu'il considérait tout de même comme de l'insolence. On ne s'invitait pas dans ses pensées sans son autorisation, même s'il veillait à ce que rien de ce qui lui peuplait la tête (de trop important du moins) ne puisse être lu par autrui. On ne pénétrait pas ses pensées tout court. C'était une chose qu'elle allait rapidement devoir apprendre si elle voulait lui servir (et en l'occurrence, mieux valait qu'elle veuille lui servir). Oui, à plusieurs titres, Amy avait des raisons de titiller son intérêt. Ne serait-ce que parce qu'elle était la première à évoquer ce mot qui l'avait lui-même obsédé l'année passée (et qui était plus que jamais au coeur de ses préoccupations, puisqu'il se trouvait là au nom de ce que ce mot signifiait), et qu'il n'avait jamais nommé qu'en présence d'une seule personne, à savoir le professeur Slughorn.

Evidemment, Tom était intrigué, curieux... et légèrement agacé que son secret ait pu paraître au regard d'une autre, mais, aidé d'années à dissimuler la moindre d'émotions (et il en possédait si peu), il n'en montra rien, gardant aussi bien son esprit que son visage complètement fermés, donnant seulement l'impression qu'il ignorait tout de ce dont parlait Amy.

-Non, j'ignore où il se trouve. mentit-il à la perfection.

Inutile d'en rajouter davantage. D'autant qu'Amy passait déjà à un autre sujet. S'entraîner à la légilimancie ? Ça avait effectivement été son idée, son postulat de départ, mais ces mots échappés des lèvres de la vert et argent la rendait soudainement moins... intéressante. Eh oui, Tom avait sa fierté, cela n'avait rien de vraiment surprenant.

-Je préfère rester debout. déclara poliment l'Héritier, feignant un fin sourire, appréciant d'avoir une supériorité aussi bien physique que mentale. Et je n'apprécie guère que l'on s'immisce dans mon esprit. ajouta-t-il de ce même ton tout à fait aimable et agréable, mais où il fallait pourtant lire une certaine menace. Plus jamais elle ne devait chercher à lire en lui. Dis-moi, Amy, as-tu songé à t'entraîner également à l'occlumancie ?

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T

ant qu'ils se contentaient de suivre le même cours, Tom ne pouvait complètement cerner la vert et argent. Il se contentait de voir en elle une élève plutôt brillante, au tempérament fort, au potentiel évident... En bref, il avait supposé qu'elle serait un bon élément. À présent, il en était moins certain. Et pour cause, la jeune Amy Turner était bien trop suffisante, bien trop sûre d'elle. Oh, il n'y avait aucun mal à savoir faire preuve d'orgueil (nul ne sera surprit d'apprendre que c'était même la spécialité de l'Héritier de Serpentard), il fallait savoir avoir conscience de sa valeur. Mais plus il discutait avec elle, plus il se demandait s'il ne s'était pas méprit (et l'idée de s'être trompé lui était des plus désagréables) lorsqu'il l'avait envisagé comme une potentielle. La jeune femme était brillante, c'est certain, et elle disposait de talents qui, mis à son service, pourraient lui être très utiles, mais il ne pouvait compter dans ses rangs quelqu'un qui disposait d'un tel égo. L'éventualité d'un sabordage, d'une volonté d'émancipation, était trop grande.

Ceux que ses chevaliers avaient en commun, c'était une certaine soumission. Ils savaient qu'il leur était supérieur, qu'à ses ordres il ne fallait jamais disconvenir, que lui tenir tête était une erreur. Même s'il la connaissait peu encore, son attitude lui laissait entendre qu'elle ne se laisserait ni contrôler, ni soumettre, et ceux qui ne daignaient pas s'exempter d'au moins un peu de leur fierté n'avaient aucune raison de rejoindre ses rangs. Tant pis, s'il le fallait, il se passerait d'elle. Ses rangs grossissaient de jour en jour, il ne courait pas à tous prix après de nouvelles recrues, du moins pas tant qu'il n'avait pas la certitude qu'ils acceptaient ses règles, pleinement et entièrement. Et cette certitude ne pouvait être acquise auprès de quelqu'un qui proposait à un autre qu'elle connaissait finalement à peine de s'exercer à la legilimancie, non sans laisser entendre au passage qu'elle avait plus de compétences que lui en la matière. Certes, si ses entraînements auprès d'Olive avaient largement porté leurs fruits, avoir matière sur laquelle s'exercer n'aurait pas été un mal, mais entraver l'esprit d'Amy ne lui disait rien, en vérité. Il n'agissait jamais que selon sa propre initiative, et là, il lui semblait qu'elle n'était plus tout à fait la sienne.

-L'endroit et le lieu ne sont guère appropriés. Qui plus, il s'agit de ta lubie et non de la mienne. Je te ferais remarquer, d'ailleurs qu'il n'est pas de bon ton d'apprendre à autrui des aptitudes qui te serviront bien plus si tous les ignore.

Son regard soutenait sans mal celui de la vert et argent, leur proximité actuelle ne le dérangeait pas. Insensible à ce que le commun des individus de son âge tenait pour une obsession, il ne voyait en Amy qu'un orgueil qu'il hésitait encore à dompter, car le faire sans avoir sur elle le moindre moyen de pression lui semblait hasardeux, ignorant royalement des charmes qui n'auraient certainement pas échappé à quelqu'un d'autre. Rien ne comptait sinon lui-même, et l'influence qu'il savait avoir sur les autres. Si ces autres se refusaient à accepter cette influence en question, alors ils ne l'intéressaient plus. Dans le cas d'Amy, ce serait tout de même dommage.

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S

i jamais cela devait advenir un jour, il faudrait du temps avant qu'un climat de confiance s'installe entre les deux verts et argent... et cette potentialité était moins que sûre, proche de l'incertain au regard du préfet en chef des verts et argents. Tout simplement parce que leurs deux tempéraments étaient très proches l'un de l'autre, et, par conséquent, difficilement compatibles. En vérité, Amy devait être une jeune femme intéressante. Elle était de toute évidence brillante et intelligente, elle saurait, par certains traits de son caractère, faire des merveilles si elle devait un jour rejoindre les chevaliers de Walpurgis, mais la somme de ses défauts (qui pour le commun des mortels seraient en fait considérés comme des qualités) était trop importante pour ne pas être négligée. Elle avait confiance en elle, ce n'était pas un mal en soi, beaucoup d'autres de ses larbins avaient également pour eux une confiance en eux que Tom trouvait le plus souvent excessive, mais chez Amy, cela semblait induire une incapacité à être domestiqué qui n'allait pas de paire avec ce qu'il pourrait bien faire de ses compétences. Les électrons libres n'étaient pas faits pour lui plaire, ou en tous cas pas pour le servir. Il avait déjà trop à faire pour garder un oeil sur ceux qui ne lui poseraient pourtant et manifestement pas lui causer de tort. Non, avant d'engager Amy à quoi que ce soit auprès de lui, qu'il s'agisse de legilimencie ou de quoi que ce soit d'autre, il lui faudrait du temps et l'assurance qu'elle ne lui ferait pas faux bond ou ne se laisserait pas happer par l'appel de l'indépendance.

Elle voulait savoir ce qu'il faisait ici. Et elle pensait qu'il était légitime qu'elle le sache étant donné ce qu'il avait déjà appris sur elle. Au nom de ce qu'elle devait considérer comme un échange logique de bons procédés, donc. Comme s'il ne fallait que cela ! Si Tom se laissait aller à partager le fond de sa pensée avec tous ceux qui leur aurait révélé quelque chose sur eux-mêmes, il n'aurait jamais pu asseoir son autorité sur personne. Au fond, l'influence qu'il savait avoir sur autrui reposait en partie sur sa capacité à savoir à quels moments il convenait de se taire et de ne rien apprendre à personne de ses manigances, sauf ) ceux qui pourraient y être le plus directement impliqués.

Néanmoins, le marché proposé par Amy l'intéressait tout de même. Il ignorait si les secrets que la jeune femme était prête à lui révéler méritaient qu'il daigne au moins lui inventer une réponse, mais faute d'être curieux, il aimait qu'autrui se laisse aller aux révélations embarrassantes avec lui. Dans ce moment là, il gagnait en contrôle. Et rien ne valait un secret pour avoir l'emprise sur quelqu'un. Il en avait fait l'expérience avec Olive, il réitérait cette expérience avec Phoebe. Peut-être Amy ne serait-elle pas la prochaine sur cette liste (si elle était prête à lui apprendre si aisément l'un de ses secrets, il ne devait pas être si grave), mais peut-être valait-il le coup d'au moins savoir ?

-Je suis venu pour la raison qui pousse la plupart des gens à se rendre dans la réserve à une heure avancée de la nuit. Pour faire une recherche dont je n'apprécierai pas qu'on apprenne le contenu.

Bien sûr, il était question des horcruxes, mais c'était un élément qu'il ne comptait pas révéler à la vert et argent. C'était d'ailleurs son secret le mieux gardé à ce jour. Autant plusieurs de ses sbires en savaient long en terme d'informations compromettantes, autant cette information-ci, son jardin secret, il ne comptait pas la partager avec qui que ce soit. Pas avant longtemps, en tous cas. Et si elle demandait plus de précisions ? (ce qu'elle ferait certainement) Eh bien, il avait déjà sa réponse en réserve.

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lle aurait pu s'offusquer de la vacuité du propos de l'Héritier, et du soin qu'il mettait à lui fournir une réponse chargée d'omissions, qui au final ne lui apprenait pas grand chose. Elle aurait pu exiger qu'il en dise plus en échange de ses propres confidences, elle aurait pu lui reprocher de tricher et de ne pas se prêter complètement au jeu. Agir ainsi n'aurait nullement influé sur l'attitude de Tom, mais le fait est qu'elle n'avait rien fait de tout cela. Et c'était tout à son honneur. Elle s'était contenté d'un seul mot, un seul, d'une double syllabe qui était largement suffisante. Tom aimait la concision, autant dire que voir Amy en faire preuve, surtout pour cautionner son propos sans y aller d'un excès désagréable d'affirmations et de questions superflues, n'était pas pour lui déplaire.

D'autant qu'elle ne semblait pas vouloir abandonner leur marché pour autant. Elle avait promit de lui révéler l'un de ses secrets s'il répondait à sa question, c'était leur marché, et s'il avait triché, en quelques sortes, et contourné les obstacles, il s'y était tenu.

-Tu m'as promis de m'apprendre l'un de tes secrets, je ne te demande que d'engager ta promesse.

"Que" était un mot employé comme un euphémisme, car ce n'était pas rien, bien sûr, que de lui demander de lui apprendre l'un de ses secrets. Mais c'était elle qui l'avait suggéré. Peut-être une sorte d'exutoire de sa part, d'ailleurs. Leur deal ne serait alors rien d'autre qu'un prétexte pour elle afin de se libérer du poids d'un secret de trop grande importance.

-Je ne demande qu'à te faire confiance, Amy...

Il laissa sa phrase en suspens. Elle pouvait l'inviter à gagner sa confiance, celle-ci ne s'obtenait pas si facilement de la part de Tom Jedusor. Il s'agissait souvent d'un travail de longue haleine. Il fallait soit briller par une action qui laisse entendre un indéniable potentiel, soit se livrer pleinement à lui, le dispenser de tout secret et de tout mystère. Plus ses rangs grandissaient, plus Jedusor se devait de faire preuve de parcimonie dans le choix des membres de son groupe. Car c'était bien à cela que pouvait mener l'éventuel climat de confiance susceptible de s'installer entre eux. Évidemment, il n'ignorait pas que ce qu'il pouvait considérer chez elle comme des défauts pouvaient, s'ils étaient bien orientés, au service d'autres intentions, être autant de qualités précieuses. Bien sûr qu'elle avait du talent et du potentiel, si elle n'en avait pas, l'Héritier ne perdrait pas tant de temps dans la réserve de la bibliothèque avec elle. Il se serait contenté de tourner les talons, un point c'est tout, et il aurait trouvé cela parfaitement suffisant.
Mais il y avait quelque chose en elle de profondément exploitable. Ne demeurait que cette incertitude quant à la confiance qu'il pouvait mettre ou non en elle, et peut-être en saurait-il plus à ce sujet, peut-être serait-il fixé, enfin, si elle lui apprenait l'un de ces fameux secret qu'elle lui avait promit au nom de leur "marché".
Non, il n'était toujours pas bonne chose que de passer marché avec Tom Jedusor, mais beaucoup s'y risquaient malgré tout.

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lors ainsi, elle était un animagus ! Voici en effet une information qui pourrait lui être très utile en temps voulu. Décidément, la demoiselle ne manquait pas de talents cachés, entre ses talents de legilimens et celui qu'elle venait de lui apprendre (quoi qu'il demandait à voir pour le croire). Si elle avait su faire preuve d'un peu moins d'impertinence, il n'aurait pas hésité un seul instant à la faire rejoindre ses rangs. En attendant, trop de questions et de doutes demeuraient en suspens pour qu'il s'y résigne. Mais il était amplement satisfait par l'information qu'il venait d'apprendre. Quand Amy déclarait être un animagus, elle sous-entendait par la même être un animagus non déclaré. Et si cette information venait à être apprises, la vert et argent pourrait aller aux devants d'un très grave danger. En bref, il détenait là le moyen de pression qu'il aimait avoir sur chacune des personnes auxquelles il accordait plus que cette indifférence qu'il servait à bien d'autres.

Il s'apprêta à prononcer quelques mots. Mots qui dissimuleraient en partie ses intentions, bien entendu. Mais il n'en fit rien. Pas tant parce qu'il n'avait finalement pas jugé nécessaire de les prononcer que parce qu'il avait perçu des échos de voix. Des personnes approchaient. Un regard adressé à son interlocutrice de tout à l'heure, qui demeurait à présent aussi bien que lui silencieuse, lui permit de comprendre qu'elle aussi les avait entendu. Voilà qu'ils se retrouvaient dans la réserve de la bibliothèque en cette heure tardive à laquelle lui-même n'aurait guère dû se retrouver en dehors de son dortoir, et les chances pour qu'ils se fassent repérer étaient plutôt grandes.

Tom ne s'inquiéta pas malgré tout. Certes, ces voix appartenaient apparemment à des adultes, il était convaincu de pouvoir s'en tirer honorablement néanmoins. Il avait déjà plusieurs des membres du corps enseignant dans la poche, et s'il s'agissait de la bibliothécaire, c'était sa jeune assistante qu'il avait dans la poche. Ignorant sublimement les tentatives qu'Amy fit pour investir son esprit (même en de telles circonstances, il se refusait catégoriquement à ce que qui que ce soit ait accès à ses pensées), il ne fit plus un bruit, approchant seulement l'oreille de la porte pour entendre de quoi il était question. Pour le moment, même si les voix se rapprochaient, rien ne laissait supposer que les personnes qui se trouvaient là allaient faire irruption. Le mieux était donc d'attendre. Et s'ils se faisaient surprendre ? Soit, un écart de conduite seulement en sept années d'études était un affront qu'il saurait surmonter... et encore, il était certain que quel que soit l'adulte qui se trouvait là, il pourrait éviter la punition.

Finalement, les voix s'éloignèrent. Pendant un temps, le silence régna malgré tout. Il fallait en effet s'assurer qu'ils ne reviendraient pas. Ou, plus improbable, qu'ils n'attendaient pas derrière la porte pour les piéger. Quand un temps honorable fut respecté, Tom se réadressa dans un murmure, à Amy.

-Nous ferions mieux d'y aller. Il marqua une légère pause. J'ai été ravi de cette conversation.

Et effectivement, même s'il ne savait pas exactement où ça allait le mener, cette discussion avait au moins eut le mérite d'être... constructive.
Il quitta en premier la réserve. Avant de s'en aller définitivement, il adressa encore ces derniers mots à son interlocutrice.

-À bientôt.

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