Depuis la rentrée, Hermione n’avait cessé de s’isoler. Cela pour plusieurs raisons. Elle se considérait brouillée avec le reste des voyageurs, elle n’avait pas accepté leur choix. Même si Hermione était heureuse de constater qu’elle avait eu tord sur l’occasion, elle n’arrivait pas à retourner vers eux. Elle était en colère contre eux. S’ajoute à cela une impression de folie. Elle commençait à avoir des idées vraiment noires. Elle en avait marre d’attendre, elle en avait marre de voir ses amis malheureux, de voir son groupe détruit par Jedusor peu à peu. Bon sang, ils étaient censés avoir une longueur d’avance en connaissant le futur, pourquoi n’arrivaient-ils pas à prendre le dessus. Jedusor était plus puissant qu’elle ne le pensait et il n’avait clairement pas besoin de ses sbires. Elle comprenait à présent pourquoi il était monté aussi haut tout en restant tapis dans l’ombre.

Debout sur le rebord du mur, s’approchant du précipice que formaient les tours de Poudlard, elle regardait droit devant elle le soleil se coucher. Cependant, elle avait plus le regard vide, avec les yeux humides, elle se forçait à ne pas cligner des yeux. Son visage exprimait sans conteste un mal être apparent. Cet endroit était bien le seul dans lequel, elle pouvait se permettre de faire cela. Les autres comptaient sur elle, avec Harry, elle était un pilier, une tête pensante, elle ne pouvait pas se permettre de faillir. Cependant, elle avait de plus en plus de difficulté à le cacher, raison pour laquelle, elle était aujourd’hui, de plus en plus éloignée du groupe.

Ses pensées défilaient et peu à peu une évidence s’installait, temps que le groupe ne serait pas prêt à utiliser les mêmes cartes que Jedusor ils perdront toujours. Après tout, où était le mal à utiliser les mêmes armes que son adverse ? Le tout n’était pas de tomber dans ses travers. Pourquoi ne pas simplement aller voir Jedusor et purement et simplement lui arracher son cœur ? Cela serait tellement plus simple et résoudrait tous ses problèmes. Des monstres comme lui ne pouvaient pas être emprisonnés. Cela ferait-il d’elle un monstre ? Sans doute. Même si elle tuait un monstre, il restait le mot tuer.

Mais à cette exception, elle ne voyait pas d’autre solution. Elle ne voyait pas d’autre moyen pour ne plus avoir à vivre ce combat. Il n’était pas le sien, il n’avait jamais été le sien. Pourquoi s’être embraqué là dedans ? Par amitié pour Harry ? C’était évident, mais le prix à payer si était lourd. Elle avait perdu ses parents, sa famille et cela la faisait souffrir plus qu’elle ne le pensait. Chaque soir à présent, elle ne pouvait s’endormir autrement qu’avec des larmes coulant le long de ses yeux. Elle était si malheureuse d’avoir perdu sa famille, à cela s’ajoutait ce combat perpétuel qui ne semblait pas vouloir prendre fin.

Elle en avait marre de souffrir autant. Un instant, elle avança d’un pas, ses yeux toujours rivés droit devant elle. A quoi bon vivre dans ce monde ? Dans cette époque ? Elle avait perdu les personnes qu’elle aimait le plus, les personnes qui l’avaient vu grandir, les personnes qui l’avaient élevé. Elle se battait contre un monstre qui serait incapable d’être vaincu temps qu’ils n’utiliseront pas ses armes. Cette époque n’était pas la sienne. La voie était bouchée, à quoi bon vivre dans cette situation ? C’était une question récurrente dans l’esprit de la jeune femme… à moins… à moins qu’elle n’use seul des mêmes armes que Jedusor. Elle était prête à ce sacrifice pour retrouver un semblant de normalité.

Hermione toujours aussi pensive, elle avait le regard grave et les larmes aux yeux, elle se sentait si mal dans cet instant. Oui, elle n’était pas malheureuse et vivait de plus en plus mal ce voyage dans le temps. Pendant très longtemps, la jeune femme avait tenu bon, elle s’était montrée forte et combative. Cependant, Jedusor l’avait eu, il l’avait eu à l’usure et aujourd’hui Hermione ne se sentait plus les épaules pour quoi que ce soit. Elle ne se sentait pas assez forte pour continuer à se battre. Non, elle était entrain de baisser les bras et elle ne tenait plus. Elle ne pouvait plus être l’épaule sur laquelle s’appuyait les autre, elle avait besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer à son tour. Sans cela, la jeune femme prenait le risque de faire une erreur monumentale et irréversible.

Elle n’entendit pas tout de suite Ron arrivée en haut. Non, elle était totalement absorbée par sa colère, par sa peur et elle se laissait doucement prendre par la dépression. Non, elle était si mal. Elle ne pouvait pas continuer ainsi. Elle sursauta lorsqu’elle entendit Ron prononcée son prénom. Elle commençait tellement à avoir l’habitude d’être appelé Prudence que cela commençait à lui faire bizarre de se faire appelé Hermione. Oui en y réfléchissant, Hermione était entrain de mourir pour laisser peu à peu place à Prudence. Et il va de soit que ce n’est pas du tout bon, c’est comme si elle perdait son identité. Elle posa son regard un vide dans ceux de Ron et elle le laissa s’approcher d’elle pour l’enlacer. Mais cela, n’avait plus aucune saveur pour Hermione alors qu’il y avait encore quelque mois cela lui créait des papillons dans le ventre. Cette épaule tendue, Hermione l’accepta mais elle refusait de craquer. Elle ne savait pas pourquoi elle n’y arrivait pas.

« Je n’y arrives plus, j’en peux plus. » trouva t’elle finalement le courage d’avouer avant de s’effondrer en larme.

Hermione n’arrivait clairement plus à avancer, elle n’avait clairement plus envie de se battre. La seule chose qu’elle voulait c’était rentrer chez elle. Il n’avait pas réussi à battre Jedusor et cela semblait de toute évidence à jamais possible. Il ne changerait pas le cours du temps et ne permettrait pas à Harry de retrouver ses parents. Mais en un sens, n’était-ce pas plus mal ? Hermione avait appris depuis longtemps que la manipulation du temps était quelque chose de dangereux et que de modifier le passé modifiait automatiquement l’avenir et parfois avec des conséquences bien plus grave. Si Jedusor était vaincu, cela ne prouvait pas pour autant qu’aucun autre tyran n’aurait pris sa place, pouvant être même pire que Jedusor. Bon, Hermione reconnaissait qu’il était difficile de faire pire que Jedusor mais tout était encore possible dans ce monde. Hermione en avait eu la preuve à plusieurs reprises.

Hermione aurait pensé se sentir mieux dans les bras de Ron, se sentir réconforté par les propos du rouquin et d’ordinaire cela aurait marché, mais machinalement la jeune femme secoua négativement la tête en signe de désapprobation.

« Comment peux-tu encore avoir de l’espoir, c’est idiot. »

Elle s’éloigna alors de lui et s’essuya les pommettes. L’envie de pleurer était toujours là, bien entendu mais elle ne pouvait s’empêcher de sentir une rancune soudainement face à la naïveté de Ron.

« Tu sais quoi, j’ai compris une chose. Nous ne gagnerons jamais. »

Hermione regardait droit devant elle, dans l’horizon à cet instant puis elle posa brusquement son regard sur Ron.

« Tu sais pourquoi ? Parce que nous ne jouons pas avec les mêmes règles que lui. Il est hors la loi et il n’a pas peur de cela. Nous, gentil que nous sommes, et surtout bien trop idiot, nous partons avec des handicaps car nous respectons la loi. Voilà notre point faible. Tant que nous ne jouerons pas avec les mêmes cartes que lui, nous perdrons. »

Hermione secouait frénétiquement la tête en l’écoutant parler. Elle ne croyait plus en cela. Ces grandes et belles paroles n’étaient que des mensonges. Combien avaient-ils perdu contre la bonne route ? Et combien allaient-ils encore perdre dans cette histoire ? Hermione se disait qu’ils n’étaient pas malins. En jouant les gentils, ils allaient peut être y arriver mais au bout de combien d’épreuve ? Au bout de combien de mort ? Hermione ne pouvait plus. Elle ne savait pas si il s’agissait là d’une passade ou non, mais il était clair qu’elle n’était pas décidée à accepter le discours de Ron.

« Mais bon sang Ron, combien allons nous devoir perdre pour que tu ouvres les yeux ? Pour que tout le monde ouvre les yeux ? »

En colère, elle laissait ses yeux briller par l’émotion. Elle se passa la main dans les cheveux et croisa ses doigts dernières sa nuque en virevoltant sur elle même. Elle ne pouvait plus, non, elle ne pouvait vraiment plus. La jeune femme était totalement à bout de nerf, elle ne pouvait plus vivre cette pression constante. Hermione avait l’impression qu’ils n’avançient pas. Ils étaient toujours bloqués aux mêmes stades. Toujours le même depuis plus de cinq ans maintenant. Sa vie avait été gâchée à cause de cela et elle se retrouvait dans un espace temps qui n’était pas le sien.

« Franchement Ron, j’en ai marre. Je ne veux plus penser à cette histoire. Je veux avancer et arrêter de voir les gens autours de moi souffrir, mourir ou autre chose. Je veux retourner dans ma famille, dans mon époque, tu le comprends cela ? Et on ne pourra jamais y réfléchir calmement si nous devons en plus de cela nous charger de s’occuper de Jedusor. Nous avons trop tardé à s’occuper de lui, nous aurions du le tuer temps que nous en avions l’occasion plutôt que de jouer au petit gentil. Cela fait un an que la situation n’a pas bougé. Je veux avancer dans ma vie Ron, tu comprends ? Et ce n’est pas en jouant les gentils que nous y arriverons. »

Elle vint se mettre la main sur le visage, essuyant au passage des larmes et elle se laissa tomber au sol se prenant la tête entre les mains.

« J’ai l’impression de devenir folle… »

Hermione se serrait fortement la tête. Elle avait si mal dans cet instant, mais elle n’arrivait pas à savoir si sa douleur était physique ou bien psychologique. Comment pouvait-elle avoir la réponse ? Elle sentait qu’elle était entrain de perdre la tête et ceux dans tous les sens du terme. Elle savait que ce qu’elle disait ne lui ressemblait absolument pas et elle avait même peur d’elle-même. La jeune femme positive, vive d’esprit avait disparu pour laissez place à un être amer qui n’espérait qu’une chose, pouvoir en terminer avec tout cela. Mourir, elle y avait pensé, mais elle n’était pas encore suffisamment lâche pour aller jusque là. Elle savait que chaque problème possédait une solution et si une personne devait perdre la vie ce n’était pas elle mais bien Jedusor et il était vital que les autres le comprennent. Jedusor ne prendra jamais le risque de leur faire perdre la mémoire, non il règlera le problème de la plus sur des manières en éliminant les voyageurs et c’était ce qui causerait leur pertes, Hermione en était aujourd’hui persuadée. Il s’agissait aujourd’hui de sa seule certitude. Elle avait conscience d’avoir changé, elle avait conscience de faire peur aux autres. Elle avait peur d’elle-même mais plus elle y réfléchissait et plus elle s’accordait avec ce qu’elle considérait son cerveau malade. Il n’y avait pas d’autre solution et elle s’emploierait à se montrer convaincante envers les autres voyageurs. Après tout, ils s’en sont toujours sortis grâce à elle, ils se devaient de se montrer à son écoute.

Mais pour l’heure, elle allait trop mal pour faire quoi que ce soit. Elle acceptait donc la main tendue de Ron et elle le laissa s’approcher. Sa présence la rassurait. Elle avait besoin de lui près d’elle et Hermione en prenait de plus en plus conscience. Elle se laissa donc faire lorsqu’il vint la prendre dans ses bras et une fois blotti à l’intérieur, elle ferma les yeux pour essayer de faire le vide. Inconsciemment, elle vint s’accrocher à son pull d’uniforme.