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es raisons qui faisaient qu'Armando Dippet était toujours fidèle à son poste de directeur, en dépit de toutes les rumeurs qui couraient à son sujet, et du nombre de personnes qui auraient voulu le voir destitué de ses fonctions commençaient sérieusement à tenir du mystère, même pour le principal concerné, qui se demandait chaque jour un peu plus ce qu'il faisait encore là, assis derrière ce confortable bureau dont on avait voulu le déloger bien plus d'une fois. Par moments, très souvent dernièrement, même, il se disait qu'il serait beaucoup plus simple, en fait, de prendre sa retraite. Qui pourrait le blâmer, après tout, de vouloir prendre un peu de distance avec un travail qui lui donnaient l'impression d'être plus vieux encore qu'il ne l'était effectivement? Tout le monde serait ravi. Les parents d'élèves suppliaient presque tous pour que Dumbledore prenne sa place, et lui commençait à se dire que la retraite était une perspective séduisante. Mais non, il ne partait pas. Sans savoir lui-même pourquoi il s'employait ainsi à s'accrocher à la chaise de son bureau comme l'on s'accroche à un vieux rêve par essence inaccessible. Au fond, c'était peut-être juste qu'il voulait quitter son poste avec le même enthousiasme et la même fierté que celles qui l'avaient habité lorsqu'il avait prit les fonctions. Autant dire, donc, qu'il n'était pas prêt de s'en aller, si c'était ce après quoi il courait. Car une telle chimère, cela était plus évident à chaque jour qui passait, chacun d'entre eux lui apportant son lot d'ennuis divers, était de toute évidence inaccessible, et s'y accrocher complètement stupide. Mais qui avait dit qu'il n'était pas au moins un peu stupide? personne, tout le monde le trouvait stupide. C'était bien là le problème.

Une fois n'est pas coutume, Dippet avait convoqué l'un de ses professeurs dans son bureau. À croire qu'il passait plus de temps à remettre son personnel à sa place que ses élèves. C'était sans doute le cas. Entre son infirmière psychotique, le professeur de défense contre les forces du mal sociopathe, et les autres cinglés qui peuplaient Poudlard, il n'était jamais au bout de ses peines. Et parmi ceux qui savaient parfaitement le faire virer chèvre Thalia Baylissa était clairement l'une des plus douées. Autant le dire de suite, Dippet craignait le professeur de divination. Elle l'inquiétait. Il était convaincu qu'elle maîtrisait effectivement l'art de la divination, oui, mais en contrepartie, elle possédait ce caractère singulier à vous faire froid dans le dos, et des méthodes évidemment contestable... comme ce goût prononcé pour l'opium, qu'elle avait cette lubie absurde de vouloir transmettre à ses élèves. Ce n'était pas la première fois qu'elle lui faisait le coup. Mais de toute évidence, ses remontrances, la première fois, n'avaient pas eu le moindre effet dissuasif sur la jeune femme. Qui se présenta dans son bureau, l'air de rien, comme si elle n'avait absolument rien à se reprocher et ne devinait pas la raison précise de sa convocation.

-Plusieurs élèves - ainsi que l'infirmière de l'école - sont venus m'informer de ce que l'opium que vous consommez en surabondance a eu pour effets sur eux en plein cours. Je pensais pourtant avoir été très clair à ce sujet.

il présentait les faits avec le plus d'autorité possible. Malheureusement, user d'un ton autoritaire n'était pas ce qui lui réussissait le mieux. Entre autres choses.

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ais ce n'était pas l'opium, qu'accusait le directeur de Poudlard, même s'il regardait ceux qui se satisfaisaient de ce genre de substances d'un mauvais oeil, c'était celle qui laissait ses élèves s'exposer à des substances susceptibles de mettre en péril leur santé (et il exagérait à peine). Qu'il s'agisse d'opium, d'encens, ou d'il ne savait trop quoi, ce n'était pas la question, en laissant sa salle de classe empester l'illicite et l'occulte, elle mettait ses élèves en danger (et à nouveau, c'était si peu exagéré), et déjà que l'un de ses professeurs s'amusait à les perdre dans la forêt interdite, il pouvait au moins tenter d'éviter que, par dessus le marché, il se retrouvent avec des étudiants intoxiqués... c'était déjà suffisamment compliqué pour lui d'éviter que tous les parents d'élèves ne choisissent de déscolariser (à juste titre) leurs enfants. Il se fichait complètement de savoir comment c'était arrivé, puisqu'il savait pertinemment que le professeur de divination, malgré la véhémence qu'elle mettait à dire que rien n'était de sa faute, était responsable de la situation. Qu'elle réplique qu'elle ne "pouvait pas deviner" acheva de l'exaspérer. Oui oui, ainsi qu'elle l'observait si bien elle-même, il la payait pour ses prédictions. Merlin ! Qui lui avait donc refourgué une telle bande de bras cassés ? Ah oui, c'est vrai. C'était lui qui les avait engagé... Pourquoi il les avait engagé, d'ailleurs ? Dans des moments comme celui-là, la question se posait à lui très sérieusement... Quoi qu'il savait la réponse en ce qui concernait son interlocutrice. Elle lui faisait un peu peur. Il savait qu'elle n'était pas un charlatan, que ses compétences étaient réelles... et cela ajoutait malheureusement tout au fait qu'il lui filait la chaire de poule. Ce qui l'empêchait (plus encore que d'habitude) de se montrer suffisamment autoritaire envers elle, comme s'il craignait qu'elle lui lance un maléfice qui le poursuivrait pour des générations. C'était pour cette raison qu'il prit le temps de la laisser parler avant de s'offusquer des mots qu'elle employait. Qualifier un accident de "léger dysfonctionnement", non mais franchement...

Et par dessus le marché, elle lui demandait de se détendre ! Comme si c'était vraiment possible. La tâche lui serait plus aisé si, en plus des graves problèmes que rencontraient son école, on ne lui infligeait pas ceux liés aux méthodes d'éducation de ses professeurs, toutes plus contestables les unes que les autres. Dippet voulut se montrer catégorique, lui dire qu'il était hors de question qu'il soit encore questions d'émanations d'opium dans la salle de classe de son interlocutrice, même s'il devait pour cela oublier que la moindre contestation à l'adresse de Thalia Baylissa lui donnait l'impression qu'il allait être maudit sur les cent prochaines générations. Mais il fut coupé dans cet élan dénonciateur quand Thalia reprit la parole (en plus, elle ne lui laissait pas en placer une). Un climat... mortel, disait-elle? Mince, elle lui refiler des frissons dans le dos. Vous trouvez ça ridicule? Oui, peut-être que cela l'est un peu, mais attendez qu'une femme pouvant entrevoir l'avenir vous balance en pleine figure que le destin est sombre et mortel, on verra comment vous réagirez ? Et en plus, elle avait le culot de dire trouver ça excitant ! Quelle tarée...

-Peut-être que ces choses étranges ne sont que le signe de votre surconsommation d'opium. Il ne le pensait pas, même si c'eut pu être crédible. Et c'est uniquement pour cette raison que je vous ai convoqué. Plus d'opium, plus d'encens, je veux que vous vous en teniez à des cours plus conventionnels.

Si seulement il savait employer un ton plus convaincu... et convaincant.

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