ça va saigner! (pv Lou)

Dire que Dan était énervé, c'était en dessous du dessous de la vérité, il était hors de lui. La faute à qui ? À Lou, bien sûr, qui derrière son allure de jeune fille sage était en fait une peste, une goule de la pire espèce. Quand il avait reçu un mot de la part d'Ines le traitant de « menteur », Dan n'avait pas compris. Et pour cause, il respectait à la lettre la volonté de sa belle, il ne voyait plus Jo, ne lui parlait plus... Ils s'étaient à peine adressé un regard à l'anniversaire de Caleb, et c'était tout. Mais évidemment, c'était largement suffisant à Lou pour cracher son venin, comme cette fichue vipère savait si bien le faire. Dan ne savait pas ce que Lou avait pu dire exactement à sa belle pour qu'il la fasse douter comme ça ? Elle avait dû lui raconter un bon paquet de conneries ! Il la détestait, vraiment, il la détestait !

Lou et Dan n'avaient jamais été en bons termes, tout le monde le savait. Lou trouvait Dan idiot, et surtout, qu'il n'était pas suffisamment bien pour sa meilleure amie tandis que Dan reprochait surtout à Lou (même s'il ne s'avouait pas ces raisons) d'être la petite amie de son grand manitou. Oui, l'animosité qu'ils avaient l'un envers l'autre ne datait pas d'hier, mais là, elle venait d'atteindre un degré supérieur. Dan n'allait plus se contenter d'ignorer Lou et de la supporter en présence de Tom ou d'Ines, il avait des comptes à régler avec elle, et ça allait saigner. Elle n'avait pas le droit de se mêler de sa relation avec elle, et il allait lui arracher les yeux, parce qu'elle avait osé supposer qu'elle pouvait s'immiscer dans des affaires qui ne la concernaient pas.

Il avait donc décidé d'avoir une discussion avec elle. Il l'avait prit à part dans la salle commune des verts et argent, et lui avait demandé de le rejoindre dans un cachot, à la fin de leurs examens respectifs, pour discuter, discuter ou se prendre le chou. Lou avait accepté. Après, ça ne voulait pas dire qu'elle ne se défilerait pas. Lui, en tous cas, était là. Il l'attendait dans ce même cachot où son grand manitou avait inscrit sur lui sa marque quelques temps plus tôt. Il tenait à ses explications, et il était prêt à lui sauter à la gorge si celles-ci ne lui convenaient pas... et comme elles avaient toutes les chances de ne pas convenir, ça allait péter. En même temps, la prise de bec entre eux était inévitable. Ce n'était pas plus mal qu'ils mettent carte sur table avant que Dan ne quitte Poudlard, ce serait une bonne chose de faite.

Il l'attendait donc, les bras croisés. Si elle se défilait, elle allait entendre parler de lui. Encore plus. Après quelques minutes d'attente, il entendit des pas s'approcher. Elle était venu. Les hostilités étaient sur le point de commencer.

Les examens de la journée avaient été longs et éprouvants. Elle venait de sortir d'un examen pratique de métamorphose qui s'était particulièrement mal passé. Elle n'avait réussi que deux des trois sortilèges qu'il fallait qu'elle lance, et le deuxième, elle ne l'avait réussi qu'en trois fois.

Elle était désespérée, fatiguée... Tout ce qu'elle voulait à l'heure actuelle, c'était faire la sieste, une bonne sieste d'une heure avant de se remettre aux révisions pour le lendemain, mais elle ne pouvait pas.

Elle ne pouvait pas parce que (pauvre d'elle), elle avait promis à Daniel de lui accorder un "tête à tête" histoire qu'ils puissent s'expliquer tous les deux.

Autant dire que Daniel Chaser était la dernière personne de l'école que la verte et argent avait envie de voir, mais si c'était l'occasion de mettre les points sur les i...

Bien sûr, Lou savait parfaitement ce que le septième année lui reprochait : d'avoir parlé à Ines du fait que lui et Jo se trouvaient tous deux à l'anniversaire de Caleb. Il devait se dire qu'elle avait dû modifier un peu les faits, pour mettre le feu aux poudres entre lui et sa meilleure amie. Mais le fait est qu'elle n'avait pas eu besoin de dire grand chose... Il y avait trop longtemps que l'improbable couple que formaient Daniel et Inès ne tenait qu'à un fil. Comment résister à la tentation de couper ce fameux fil ?

À contrecoeur, elle se rendit donc dans le cachot abandonné des sous-sols, prête à en découdre avec le soi disant meilleur ami de Tom. Quand elle arriva, il était déjà là. À en juger par sa tête, la conversation n'allait vraiment pas être amicale. Comme si elle pouvait possiblement l'être entre eux deux.

"Tu voulais me voir pourquoi ?"

Elle lui adressa un regard innocent. On l'oubliait facilement, mais quand elle le voulait, Lou aussi pouvait être une vraie vipère.

"Si ça concerne Ines, tu perds ton temps. Elle ne veut plus te parler. Il était temps, j'ai envie de dire."

Il était très plaisant de jouer aux pestes, plus encore en compagnie de Daniel. Pour une fois qu'Inès l'écoutait elle plutôt que lui, elle était bien décidée à savourer sa victoire. Les états d'âme du septième année, elle s'en moquait totalement. La fin de l'année était proche, Daniel et Ines n'avaient plus de raison de se mettre ensemble, il serait enfin loin d'eux, et donc de Tom par la même occasion. Deux ans sans Daniel Chaser ! Qui n'en rêvait pas !

… Enfin, en espérant que cet idiot ne redouble pas. Lou l'en imaginait encore capable.

À peine Lou avait-elle mit un pied dans le cachot que Dan comprit immédiatement qu'ils en ressortirait tous les deux aux mieux en ayant plus de voix à force de hurler, au pire en s'étant tous les deux cassé quelque chose après s'être tapé dessus. Cette fille l'insupportait. Entendons-nous bien, ce n'était pas nouveau, mais là, elle dépassait les bornes. Rien qu'à voir le petit sourire innocent qu'elle affichait, Dan avait envie de lui foutre des baffes. Une chance pour elle que ce soit une fille, et que Dan (c'est dingue, je sais, mais c'est vrai) avait pour principe de ne pas s'en prendre physiquement aux demoiselles. Elle venait le voir, lui demandant ce qu'il lui voulait avec cet air angélique qui ne pouvait tromper personne : BORDEL !! Elle savait parfaitement ce qu'il lui voulait. La preuve, c'est qu'elle en fit mention cinq secondes plus tard. Merlin, il détestait le ton qu'elle employait à ce moment précis. Non mais sérieusement, elle parlait de sa vie et de celle d'Ines, est-ce que ça la regardait ? Certainement pas. Qu'elle se mêle de ses oignons, bordel de merde ! Est-ce que lui s'occupait de ses affaire avec Tom ? Euh... ok, mauvais exemple. Mais on ne pouvait pas comparer ces deux situations. Dan, lui, aimait vraiment Ines, et il était sûr que c'était réciproque. Ce n'était pas cette petite chieuse qui allait commencer à foutre sa vie sentimentale en l'air, Dan n'avait pas besoin d'elle pour ça, de toute façon.

"Et la faute à qui ? Je suppose que t'es fière de toi ! Je peux savoir quelles conneries tu es allée raconté à Ines au sujet de moi et de Jo ?"

Dan se doutait de sa réponse, mais il voulait l'entendre de sa bouche. Il n'avait rien à se reprocher, en ce qui concernait l'anniversaire de Caleb. D'accord, il y avait été en même temps que Jo, mais étant donné qu'ils ne s'étaient pas adressé le moindre regard ni le moindre mot de toute la soirée, il fallait vraiment que Lou ait fabulé pour que sa belle en ait déduit qu'il s'était passé quelque chose. Quelle vicieuse, cette Lou, n'empêche, elle se donnait des airs innocents, mais dans le fond, c'était une vraie peste, elle n'avait visiblement aucun scrupule à gâcher sa vie sentimentale en mentant effrontément. Cette fille était une plaie, une véritable plaie, et rien n'aurait pu faire plus plaisir au vert et argent à ce moment précis que de lui lancer le sortilège le plus cuisant qu'il connaisse pour que son ignoble sourire triomphant disparaisse de son visage.

"Et la faute à qui ? Je suppose que t'es fière de toi !"

Un sourire presque vicieux vint s'installer sur le visage de Lou. Oui, elle était fière d'elle, et elle n'avait pas l'intention de s'en cacher, pas en présence de Daniel, en tous cas.

Ce n'est pas, après tout, comme s'ils ne savaient pas l'animosité qu'ils avaient toujours eu l'un envers l'autre. Elle avait toujours été, elle serait toujours, c'était comme ça. Lou prenait plaisir à détruire la vie de Daniel comme Daniel aurait sûrement été plus qu'heureux de détruire la sienne. Au final, ce n'était que justice.

Alors oui, Lou était heureuse, heureuse que sa meilleure amie se sépare enfin de ce type qui ne lui arrivait pas à la cheville.

Ne nous leurrons pas, Ines pouvait avoir tous les garçons qu'elle voulait, choisir Daniel Chaser parmi eux c'était... absurde. Il serait vite remplacé, et qui qu'Ines choisisse, il serait forcément mieux que ce parfait crétin.

Si seulement elle arrivait à convaincre Tom également pour qu'il ne lui tourne plus autour comme un pauvre petit chien mourant d'amour (si seulement il pouvait mourir).

"Je peux savoir quelles conneries tu es allée raconté à Ines au sujet de moi et de Jo ?"

Lou arbora son air le plus innocent, ne montrait pas la moindre once de culpabilité. Et pour cause, elle n'en ressentait aucune. Il était si plaisant d'avoir le dessus sur Daniel qu'elle se contentait de savourer l'instant, se moquant pertinemment que son interlocuteur souffre, ou même que sa meilleure amie souffre, elle aussi (elle l'oublierait très vite, Lou y veillerait).

"Mais je n'ai fait que dire la vérité. Si elle a suffi à convaincre Ines de te rembarrer, c'est qu'elle ne devait déjà plus tenir à toi."

Elle ne mentait pas vraiment. C'est vrai qu'elle avait un peu modifier la réalité, mais si peu. Sa lettre à Ines ne dévoilait pas grand chose de ce qui (ne) s'était (pas) passé lors de l'anniversaire de Caleb. En fait, elle s'était montré concise et évasive, mais ça avait suffi.

Lou savait que ça suffirait. Les relations entre Daniel et Ines étaient tendues, et depuis un moment. Entre eux, les sujets de contentieux s'accumulaient, qu'il s'agisse de Tom ou de Jo.

Lou n'avait vraiment pas eu à faire grand chose pour mettre le feu aux poudres, preuve que leur amour était loin d'être à toute épreuve.

Elle n'avait fait que dire la vérité... mais bien sûr ! Et lui, il était supposé la croire, c'est ça ?! Ok, Dan savait très bien qu'elle le prenait pour un demeuré, mais tout demeuré qu'il était, il était convaincu qu'Ines ne se serait pas emporté de la sorte si Lou lui avait rapporté la pure et simple vérité. Et pour cause, elle n'avait rien de compromettante, la vérité. Jo et lui s'étaient retrouvé dans la même pièce (sans l'avoir décidé volontairement), ils ne s'étaient pas décoché un regard, s'étaient assis à des kilomètres l'un de l'autre, ne s'étaient pas adressé le moindre mot. En quoi sa belle aurait-elle pu trouver quoi que ce soit de louche dans tout ça ? Sa peste de meilleure amie (et j'utilise le mot peste parce qu'il ne faut pas être grossier) lui avait monté le bourrichon, et pour ça, il la haïssait.

Et en plus, la donzelle se délectait de la situation, et elle en rajoutait une couche, visiblement trop heureuse de foutre sa vie en l'air. Et le pire dans tout ça, ce qui ne faisait qu'augmenter la colère de Daniel, c'était qu'elle n'avait pas complètement tort. Ça n'avait jamais été un long fleuve tranquille entre le serpentard et la jolie blonde, ils accumulaient tous les deux les sujets de discorde. Que l'un d'eux les mène à la rupture était sa hantise. Pourtant, il n'y croyait pas, que quelqu'un d'extérieur à eux-même puisse les séparer. Même maintenant, il se disait qu'ils pourraient se rabibocher... même s'ils ne le feraient sans doute pas. Il fallait dire ce qui était, cette nième dispute tombait bien, elle fournissait à Dan le prétexte à cette inévitable rupture dont il ne voulait pourtant pas. Car oui, ils allaient rompre, Dan l'avait toujours su, quand il quitterait Poudlard, il quitterait aussi sa belle, c'était mieux comme ça. Or la fin de l'année approchait.

Donc, on pourrait dire que Lou lui rendait service... mais Dan n'était pas de cet avis. Pas du tout. Il ne voulait pas qu'ils se quittent dans l'amertume, et sur un malentendu, encore moins si Dan devait supporter le sourire satisfait de Lou à chaque fois qu'elle évoquerait la séparation du couple, il ne pourrait pas le tolérer.

"Ce qui se passe entre moi et Ines, ça te regarde pas, mets toi ça dans le crâne ! C'est pas parce que ta vie est ennuyeuse à mourir que tu dois venir foutre la merde dans la mienne."

Merlin, elle pouvait s'estimer heureuse d'être une fille, sinon je vous jure qu'il lui en aurait collé une.

"Ce qui se passe entre moi et Ines, ça te regarde pas, mets toi ça dans le crâne !"

Lou croisa les bras et fit non de la tête. Elle n'était pas du tout de l'avis de Daniel.

D'accord, la vie du grand brun ne l'intéressait d'aucune manière, et il pouvait très bien mourir (dans un caniveau ou ailleurs) elle ne savait où ni comment, ça lui serait foncièrement égal, mais il n'en était pas de même quand cela concernait Ines.

Ines était sa meilleure amie, il semblait par conséquent tout naturel à Lou de veiller à son bien-être. Après tout, n'est-ce pas ce que des amis sont sensés faire ? Des meilleurs amis plus encore ?

Alors oui, ça regardait Lou, car elle en avait assez de voir sa meilleure amie dépendre d'un garçon deux fois plus bête qu'elle. Elle pensait peut-être qu'elle était heureuse avec lui, mais la cinquième année était persuadée du contraire, et bien décidée, à présent que l'occasion s'y prêtait, à ouvrir les yeux d'Ines, demeurés jusque là à moitié aveugle face à l'obscure débilité du primate qui lui servait de petit ami.

C'est pas parce que ta vie est ennuyeuse à mourir que tu dois venir foutre la merde dans la mienne.

Alors ça c'est la meilleure ! Lou ne pu s'empêcher de pousser une exclamation indignée face à de tels propos. Sa vie ? Ennuyeuse ? De quel droit jugeait-il sa vie alors que la demoiselle était convaincu que le septième année ne cessait de lorgner dessus depuis qu'elle sortait avec Tom ?

Si elle devait juger très objectivement sa vie, Lou admettrait sûrement qu'elle est effectivement un brin ennuyeuse, la faute à son caractère très effacé. Mais si elle-même avait le droit d'en arriver à un tel constat (et encore), personne d'autre ne le pouvait ni devait.

"Si ma vie est aussi ennuyeuse, dis-moi pourquoi tu voudrais tant être à ma place. Elle lui adressa un regard méprisant. Il se fiche complètement de toi, et toi tu es complètement pathétique. Tu crois que te faire éconduire par la plus belle fille de Poudlard te donne l'air viril ? T'as plus rien. Ines ne te parle plus, à moi si. Tu pourrais crever que Tom n'en aurait rien affaire, pas moi !"

Lou n'aurait pas mit sa main à couper quant à ce dernier constat, mais elle eut l'air tout de même parfaitement convaincue quand elle prononça ces mots. Parce qu'il fallait bien qu'elle en ait l'air pour qu'ils aient une portée suffisante sur l'abrutie qui lui faisait face.

"Ta vie à toi n'est pas ennuyeuse, non, elle est juste minable !"

Lou l'ennervait... à un point ! Daniel brûlait d'envie de lui lancer le sort le plus cuisant qu'il connaisse à la figure, et il ne savait même plus ce qui le retenait (d'accord, il touchait pas aux demoiselles, d'habitude, mais là, tant pis pour elle, quoi)... peut-être le fait qu'il avait l'impression que son interlocutrice n'attendait que ça. Elle serait sûrement ravie d'aller dire à Tom que Daniel l'avait agressé, tout ça pour se donner raison. N'empêche que c'était ô combien tentant de s'en prendre à elle... Dan savait parfaitement pourquoi la jeune fille l'agaçait autant, c'était parce que ce qu'elle disait était loin d'être faux. Elle pointait du doigt tout ce que Dan prenait le plus de soin possible à refouler. Oui, au fond, il savait parfaitement pourquoi il détestait tant Lou, alors qu'au fond (ou du moins jusqu'à ces derniers temps) il n'avait pas grand chose à lui reprocher. Il était jaloux. Non, il refusait de poursuivre plus loin l'analyse, admettre qu'il était jaloux de Lou, c'était déjà aller beaucoup trop loin, pour lui. Jamais, jamais il n'avouerait la chose en face, encore moins si c'était pour donner raison à cette bêcheuse de Lou Hamilton, qui avait malheureusement l'air d'en savoir beaucoup trop sur ce que lui-même ne voulait pas savoir.

"Mais je t'emmerde, Lou !"

Ok, on avait vu plus classe et plus distingué, comme argumentaire, mais j'ai jamais dit que Dan était un type classe et distingué (ou alors on aura vraiment très mal interprété mon propos), et là, il avait vraiment les nerfs en pelote, il était obligé de serrer les poings, pour éviter qu'il n'atterrisse dans la figure de la donzelle qui lui parlait avec si peu de respect.

"T'as pas de leçon de vie à me donner. T'es tellement naïve, ma pauvre ! T'es qu'un pion, on est tous des pions ! La seule différence entre toi et moi, c'est que moi j'en suis conscient."

Et c'est vrai, Dan avait peut-être en commun avec Lou d'avoir ce léger espoir que le regard de Tom sur lui changerait un jour ou l'autre, mais il avait l'impression d'être quand même plus lucide qu'elle. L'expression « l'amour rend aveugle » n'avait jamais prit autant de sens qu'avec Lou. C'était triste à remarquer, mais c'était comme ça, il fallait bien l'admettre, il n'étaient que des pions, des pièces sur un échiquier qu'il manipulait sans se soucier de leurs états d'âme. Ils étaient en train de se disputer pour un type qui se fichait royalement de leur sort, à l'un comme à l'autre. Ils pouvaient crever la gueule ouverte, tous les deux, il n'en aurait rien à faire. Et pourtant, ils continuaient. Et au lieu de s'entraider et de se comprendre, puisqu'ils étaient dans le même bain, il se déchiraient et se gâchaient mutuellement la vie.... Au fond, ils étaient tous les deux de grands masoshistes, parfaitement incapables, heureux dans leur malheur, et qui se défaisaient de leur frustration en s'en prenant l'un à l'autre.

"Mais je t'emmerde, Lou !"

Que de vilains mots, Chaser ! Lou lui adressa un regard mi-réprobateur, mi-amusé. Il perdait patience. Tant mieux.

Si, de son côté, elle parvenait à garder son calme (et l'emportement, ce n'était pas son for) elle aurait gagné. Il lui montrait clairement qu'elle avait réussi à le déstabiliser, elle n'en attendait pas moins, mais pas plus non plus.

C'est vrai, répondre à cette insulte par une autre insulte était des plus tentants. Après tout, ce n'aurait été que justice, et les noms d'oiseaux dont Lou rêvait de traiter son interlocuteur ne manquaient pas, mais elle allait se retenir de le faire. Ce n'était pas le mieux qu'elle puisse faire, bien au contraire. Il valait mieux le laisser parler, s'embourber, et réagir ensuite.

"T'as pas de leçon de vie à me donner. T'es tellement naïve, ma pauvre ! T'es qu'un pion, on est tous des pions ! La seule différence entre toi et moi, c'est que moi j'en suis conscient."

D'accord. À ce retour de bâton, elle ne s'était pas attendue. Et la réponse de Chaser, qui s'était bien rattrapé par rapport à la réplique insultante qu'il avait prononcé plus tôt, pourrait presque reprendre l'avantage, s'il insistait encore un peu.

Comme elle tout à l'heure, il utilisait la vérité pour heurter ses sentiments, car ainsi que dit le proverbe, il n'y a qu'elle qui blesse. Et oui, Lou savait bien qu'il n'avait pas tort.

Lou aimait Tom. Profondément. Elle aurait tout fait, pour lui, elle aurait soulevé des montagnes, pour lui... mais elle savait bien que lui ne se donnerait pas tant de peine pour elle. Et pourtant, elle voulait y croire, de toutes ses forces, prête à s'illusionner le plus possible. Elle était un pion, mais de tous les pions, elle osait croire qu'elle était à part, qu'elle comptait plus que les autres. Si elle n'avait pas cette légère espérance, que lui restait-il, après tout...

"T'es vraiment con. Pas étonnant qu'il te trouve complètement débile et inutile."

Je sais, on avait dit pas d'insultes, mais ça avait vraiment été trop tentant.

Bien sûr, Tom n'avait jamais prononcé ces mots au sujet de Daniel à l'adresse de sa petite amie factice, mais la demoiselle n'était plus à un mensonge près. Elle tenait sa vengeance envers Chaser, elle ne le laisserait pas gagner cette joute verbale, et si elle devait employer des moyens peu protocolaires pour y parvenir, eh bien soit !

Il fallait d'autant plus qu'elle profite de l'occasion qu'elle ne l'aurait bientôt plus aussi souvent dans son champ de vision (grand bien lui fasse). Mettre les choses à plat avant son départ était une bonne chose. Plus jamais de fausse hypocrisie entre eux, voilà une perspective qui la mettait en joie !

Pour la première fois depuis le début de cette expression parfaitement houleuse, Daniel avait l'impression d'avoir fait mouche, et d'avoir réussi à arracher, au moins quelques secondes, le sourire satisfait de la demoiselle de son visage. Elle l'avait même insulté. D'accord, ce n'était pas bien agréable de se faire traiter de con, mais ça voulait dire qu'elle avait été sensible à ce qu'il venait de dire. Un point partout, comme on dit. L'ennui, c'est qu'au moment où il avait la satisfaction de la voir se vexer, Lou, dans un même temps, s'amuser à lui mettre le doute. D'accord, ça avait tout l'air d'un mensonge éhonté, dit dans le feu de la conversation, pour que Lou ne perde pas la face. Elle n'avait dit cela que pour le décontenancer... et le pire, c'est que ça marchait. Dan imaginait mal Tom faire à Lou la moindre confidence à Lou à son sujet sur l'oreiller (ni Tom faire la moindre confidence sur l'oreiller... brrr), mais voilà, il aurait préféré qu'elle le traite frontalement de débile et inutile, plutôt que de l'entendre dire que c'était son grand manitou qui avait lui-même prononcé ces mots. Bon, ne pas avoir l'air agacé, ne pas donner l'impression d'y croire... Trouver une réplique assassine, vite !

"C'est toi qui oses me dire ça ? T'es la personne la plus fade et la plus inutile que je connaisse. Tu sers à rien, tu fais tapisserie..."

Et ça venait du fond du cœur, vraiment. Dan n'avait jamais eu Lou en grande estime, et en effet, il trouvait qu'elle était complètement inutile. Elle était là pour jouer à la jolie jeune fille docile qui s'accrochait au bras de son petit ami sans faire de vagues, elle était un accessoire pratique, rien de plus. Non, il n'avouerait jamais qu'être ce genre d'accessoire pratique lui aurait certainement plu.

"Moi, je lui ai été utile. Toi, tu te contentes de papillonner autour de lui comme un gamine pathétique." Il lui adressa un regard dédaigneux. "Encore, si t'étais belle, j'dis pas, mais même physiquement, t'es complètement fade."

Dans les dents. Un sourire satisfait flottait sur le visage de Daniel tandis qu'il guettait la réaction de son interlocutrice. Ayant pour petite amie (enfin, si elle l'était encore) la jeune femme la plus superficielle et la plus attachée à son image de tout Poudlard, il savait que pour vexer la gente féminine, rien ne valait le fait de s'attaquer au physique de ces demoiselles. Lou ne devait pas faire exception à la règle.

La question qui se posait, à l'heure actuelle, était la suivante : pourquoi n'en étaient-ils pas encore venu aux mains ? Ou pourquoi n'avaient-ils pas sortis leurs baguettes de leurs poches, et ne s'étaient-ils pas lancé dans un duel acharné ?

En ce qui concernait Lou, la réponse était simple : la vert et argent avait beau qualifier Daniel de débile, elle avait tout à fait conscience du fait qu'il était bien plus baraqué qu'elle, et elle ne se serait jamais hasardé à se lancer dans un duel avec quelqu'un de deux ans plus âgé qu'elle (d'autant plus que ses capacités en matière de sortilèges n'étaient pas bien grandes).

En ce qui concernait Daniel, il devait, au nom d'un galanterie qui, c'est peu de le dire, arrangeait bien Lou, ne pas vouloir en arriver à l'agression physique... Ceci dit, ils semblaient, l'un comme l'autre, à deux doigts de craquer et de se ruer l'un sur l'autre pour se faire le plus de mal possible. Voilà qu'explosaient, éclatantes, des années de haine silencieuse.

Et plus les répliques fusaient, moins les choses allaient en s'arrangeant.

"C'est toi qui oses me dire ça ? T'es la personne la plus fade et la plus inutile que je connaisse. Tu sers à rien, tu fais tapisserie..."

Lou sentit, comme à chaque fois qu'elle se mettait dans une colère noire, son sang ne faire qu'un tour et affluer jusqu'à son visage. Son teint de porcelaine avait dû virer au rouge vif.

Voilà la dernière chose qu'il fallait dire à Lou : qu'elle était transparente. Elle en avait souffert tout au long de sa courte vie. Daniel avait dû savoir qu'il appuyait sur le point sensible. Il souriait. Ce que Lou aurait voulu lui arracher ce fichu ce sourire ! Le lui arracher et le lui faire bouffer.

Lou prit une grande inspiration, comme pour se retenir de lui déchirer le visage avec ses ongles (très affutés, croyez-moi). Tant pis si ce n'était pas vraiment discret. Le regard de la jeune femme, quant à lui, lançait à son interlocuteur des regards assassins.

"Moi, je lui ai été utile. Toi, tu te contentes de papillonner autour de lui comme un gamine pathétique."

Lou leva les yeux au ciel. Entre eux, la compétition était très claire, savoir qui des de deux Tom préférait. Et la jeune femme avait un argument de poids sous sa manche (c'était le cas de le dire ) que Daniel ne soupçonnait pas encore.

"Encore, si t'étais belle, j'dis pas, mais même physiquement, t'es complètement fade."

Lou préféra ne même pas relever cette remarque, quand bien même elle atteignait son but : elle était particulièrement blessante et désagréable.

"ça t'arrangerais, hein, que je ne sois qu'un accessoire ?" Lou releva sa manche, et brandit son bras sous le nez de Daniel, la marque des ténèbres dessinée sur son avant-bras. "Alors, on est plus si unique, hein ? Ton meilleur ami aurait-il omis de te mentionner ce détail ?"

Oui. Franchement, ça l'aurait arrangé, qu'elle ne soit qu'un accessoire. Et d'ailleurs, il avait vraiment pensé qu'elle n'était qu'un accessoire. D'accord, il lui avait envié son statut d'accessoire... mais au moins, il avait ça pour consolation ; cette impression qu'il était utile quand elle ne servait à rien. Il l'utilisait parce qu'un jeune homme comme lui devait avoir une petite amie, et parce que Lou, calme et docile, était parfaite dans ce rôle. Elle ne servait qu'à ça. Les missions dangereuses, c'était à lui qu'il les confiait, elle ne savait rien de ses magouilles, elle ne savait rien de cette noirceur qui le caractérisait, elle ne savait rien sur rien. C'était une banale plante verte, totalement ignorante de ce qui se passait autour d'elle naïve à souhait. Sérieusement ! Elle était sa petite amie et même pas un chevalier de Walpur... QUOI ??

Dan tombait de haut. Il avait l'impression qu'on venait de lui mettre une gigantesque claque en pleine figure... Il ne voulait pas y croire... N'empêche qu'il était là : le tatouage, la marque des ténèbres, la preuve de son allégeance à son grand manitou, la preuve qu'il lui avait fait confiance, la preuve qu'elle était devenue... des leurs. Cette pensée faisait plus que l'agacer. Elle n'aurait pu l'énerver davantage. Comment avait-il pu ? Lou était faite pour n'être qu'un bête accessoire. À quoi pensait-il ? Accorder sa confiance à Lou ? Elle serait incapable d'aller jusqu'au bout. Dan' était prêt à parier que la demoiselle se débinerait au moindre obstacle. Pourquoi, par la barbe de Merlin, Tom prenait-il un tel risque ?
En fait, Dan pensait deviner le pourquoi du comment. Avec son départ ainsi que celui de Lena, Caleb, Vincent et Oly, il ne lui restait plus personne... Ou plutôt il ne lui restait plus que Lou. Il se rabattait sur ce qui lui restait. Oui, ça devait être ça. Ça ne pouvait être que ça. Disons que c'était ça. Il n'empêche que Dan se sentait quand même un peu vexé de constater que, une fois de plus, son grand manitou l'avait mit de côté, et avait omis de lui apprendre une chose si importante.

"Et alors ? Un accessoire avec un dessin sur le bras, ça reste un accessoire." Là, le vert et argent était vraiment de mauvaise foi, mais difficile de s'en empêcher. Il faisait ce qu'il pouvait pour ne pas perdre la face. "Ta stupidité me fatigue, j'me casse. Mais je te préviens... tu refous encore la merde entre Ines et moi, et ton bras, je te l'arrache."

Dan adressa à Lou un regard menaçant, pour lui prouver qu'il était vraiment capable de mettre ses menaces à exécution, avant de tourner les talons, pas mécontent, à vrai dire, de quitter ce cachot et de mettre fin à cette entrevue super désagréable.

Ce fut une grande satisfaction pour la demoiselle que de voir le visage de ce grand dadet de Chaser se décomposer en voyant la marque des ténèbres inscrite sur son avant-bras.

Lou ne l'aurait admit que sous la torture, mais au fond, elle comprenait l'agacement et la déception de son interlocuteur, elle aussi était passée par là.

Elle l'avait ressenti plus d'une fois, ce sentiment d'être mise à l'écart, de vouloir compter plus que les autres... Au fond, Daniel et Lou souffraient du même mal... et c'était pour ça qu'ils se détestaient. Chacun reconnaissait dans l'autre sa propre image, et cette image ne leur plaisait pas du tout.

"Et alors ? Un accessoire avec un dessin sur le bras, ça reste un accessoire."

L'évidente mauvaise foi dont faisait preuve Daniel, voilà de quoi Lou devrait se contenter pour conserver son amour propre.

Ni l'un ni l'autre n'y étaient allé de main morte au cours de cette joute verbale, et chacun de leurs côtés avaient su appuyer là où ça faisait mal, si bien que Lou n'aurait pas su vraiment dire qui des deux verts et argent avait eu l'avantage sur l'autre. Disons qu'ils s'étaient alterné, prenant l'un après l'autre le dessus.

Dans d'autres circonstances, si Tom n'avait pas existé, Lou et Daniel auraient pu, en vérité, s'entendre parfaitement. Mais voilà, le destin en avait voulu autrement, et à l'heure actuelle, la jeune fille n'avait plus qu'une envie : quitter cette atmosphère désagréable et oppressante.

Cependant, elle ne voulait pas être celle qui mettrait fin la première à la conversation, question de fierté. Elle fut donc soulagement (ce qu'elle ne montra pas, bien sûr), quand Daniel déclara forfait le premier.

"Ta stupidité me fatigue, j'me casse. Mais je te préviens... tu refous encore la merde entre Ines et moi, et ton bras, je te l'arrache."

Lou roula des yeux.

"Ben voyons, je suis morte de trouille." grinça-t-elle avant de quitter le cachot à son tour.

Voilà bien une conversation qui, comme c'était à prévoir, n'avait rien eu de constructive. C'était la première fois que Daniel et Lou s'en prenaient l'un à l'autre avec autant de virulence. Lou se doutait que leurs retrouvailles lors de la prochaine réunion des chevaliers de Walpurgis allaient être tendues, mais au moins ne se croiseraient-ils plus dans les couloirs de l'école sous peu.

… Au fond, Lou n'était pas mécontente que la plupart des chevaliers quittent Poudlard bientôt. Elle aurait Tom pour elle toute seule. Ou presque...

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