Il parait ( paraître et sembler, toujours et encore ) que la bassesse humaine vient du fait que nous sommes un mécanisme complexe composé d'emotions, de qualités, de défauts, d'envies et de sentiments. Ce n'est pas vraiment l'impression que j'en ai. Même dans mes fanstasmes les plus délirants, j'ai du mal à m'imaginer hommes et femmes en choses d'acier robotisées jusqu'à ne plus pouvoir faire un pas sans qu'on appuie sur un petit bouton. Non, moi en tout cas, je suis beaucoup plus complexe qu'un simple assemblage de mécaniques psychiques. Même si j'ai un point commun avec ces machines. Non, je n'ai pas un coeur d'acier. Mais je ne connais pas la peur. Je n'ai quasiment jamais ressenti la frayeur intelligente, le stress stupide, la montée d'adrénaline puissante. Danser sur le fil, au dessus du vide, pas de problème. Comme dirait l'autre, la peur est une illusion, un verrou qui enchaîne nos neurones. Ce n'est pas normal de ne pas avoir peur, je le sais et pourtant... je trouve ça foutrement pratique. Car, il faut bien l'avouer, qui n'a pas peur est capable de tout faire.Et, il parait aussi, que ne jamais avoir peur, ce n'est pas humain. C'est trop bête.

J'ai beaucoup trop de défauts, il paraît. Si encore, comme dis ma grand-mère, j'étais un génie. Même pas. Disons que je suis assez malin pour survivre. Pour arnaquer les autres, leur faire interpréter ce qu'ils veulent entendre. Malhonnête, à c'qu'on dit. Je me souviens, ma mère avait toujours peur que je finisse pendu, vous imaginez ? Défaitiste, ma mère. Tout mon contraire. D'ailleurs, elle m'a toujours répété, avec cet air si... étrange, n'oublie jamais, fils, tes conneries vont tous nous mener jusqu'à la potence. Ne me prenez pas pour un méchant garçon non plus. Je n'aime faire que des trucs illégaux, et non immoraux, ce qui est à mon avis ne grande différence. D'ailleurs, on ne voit pas un grçon qui maîtrise ses émotions mieux que moi. Je ne suis certes pas froid, mais souvent d'ne humeur égale, et je cache mon impulsivité derrière une envie de "faire les choses vite". D'ailleurs, ça m'a valu ma place à Gryffondor, JE VOUS JURE. Derrière mon humour à froid et côté pince sans rire se cachent donc un lion noble et enragé. Enorme blague. Du lion, je n'ai probablement que la crinière ébourifée, et encore. J'ai l'amour du danger. C'est plus fort que moi. Tête brûlée. On me dit très créatif aussi, le fait que j'ai passé mon enfance dans un cirque y a largement contribué je pense. Je suis même un peu beaucoup mythomane avec les gens que je connais à peine, j'adore les mener en bâteau, c'est plus fort que moi. J'aime râler, aussi. Il paraît que je suis une grande gueule quand je veux, toujours à aller chercher les ennuis... ou pas. Moi, j'dirais que ce sont les ennuis qui me trouvent. Mes proches disent que je suis trop taciturne, trop lunatique. Et que c'est parfois... effrayant. Enorme blague.

De toute façon, on ne m'enchaîne jamais. Quelque soit la profondeur de mes sentiments envers une personne quelconque, je n'aurais jamais d'attaches. Pour la bonne raison que je suis plus libre que n'importe quelle personne ici.
Car, il parait que je suis un peu dérangé. Mais ça, c'est toujours ma mère qui le dit. Assez fou pour fumer au bord du vide et m'enfuir sans regarder derrière moi.

Je vous le jure sur la tête de Penelope ( spéciale dédicace), la bogosse attitude ne passera pas par moi. Je ne suis pas moche et je le sais pertinemment, c'est même assez pratique donc inutile d'épiloguer là-dessus. C'est vrai, décrire son pysique ça fait très narcissique. Bon. Je suis grand. Du genre, très grand. En fait, je dépasse un peu tout le monde. Mon père. La plupart des autres mecs. C'est un avantage, je suppose. On ne me cherche pas d'histoires. Pourtant, si on excepte ma grande taille, je ne suis pas très imposant. Je ne suis pas du tout baraqué, à ma grande horreur. Je suis élancé. Mais bordel, élancé, c'est bon pour les filles qui veulent entrer dans leur taille 34, pas pour moi. Je suis même un peu trop maigre, je trouve.Bref, mes muscles sont tout fins et nerveux, c'est pas demain la veille que j'impressionerais quelqu'un par mon corps d'éphèbe, hein. Sinon, je ne sais pas si c'est intéressant, mais j'ai des cicatrices un peu partout sur le corps, à force de jouer au plus malin. Ça fait badass.

Sinon, j'ai des cheveux de malade. Je vous jure. Je les coiffe, comme toutes personne sensée chaque matin, avec le petit peigne, tel un dandy parfaitement fréquentable, et, jésus, que se passe t-il une heure après ? Ce n'est plus des cheveux que j'ai sur le caillou, c'est un bordel emmêlé et sans nom. Ma mère y voit là une preuve iréfutable que Dieu me déteste. C'est une malédiction. J'ai toujours une mêche moche qui se secoue au dessus de ma tête. Et si je passe ma main dans les cheveux pour faire mon beau, j'ai l'air d'un bad boy à deux sous. Je vous dis, ma vie n'est que misère. Ensuite euh... j'ai des gros sourcils. A ce qui paraît, ça me donne un air méchant. D'ailleurs, si je devais me comparer à un animal quelconque, je dirais le loup, car j'ai des traits taillés au couteau, et un regard totalement... inhumain ? Oui, on m'a fait la remarque ( non, ce n'est pas ma mère ) mais je peux comprendre. C'est vrai, quoi, des yeux noisettes, c'est sensé être chaud et agréable, alors que les miens, ils brillent d'un éclat un peu... sauvage, voire effrayant. Pauvre de moi. Donc, avec mes joues creuses, ma barbe de trois jours et mes petites ombres violines sous les pupilles, je fais peur. Mais apparement, certaines trouvent le côté gitanos nerveux et sauvage séduisant. Tant mieux j'ai envie de dire hein. Et en plus, j'ai l'air beaucoup plus vieux que mes 18 ans, ce qui est un avantage considérable. Et pas que pour la drague.

Allongé dans l'herbe sêche, je profitais du soleil qui tapait sans pitié sur mon torse nu, en cette fin d'été. Le soleil était le bienvenu, d'ailleurs, après cet été merdique que nous avions passé, à fantasmer sur le monstreux Hitler, à accepter les meurtres, l'horreur et la bassesse humaine. Dans notre famille, Hitler n'avait passionné personne. On l'avait plutôt haï, et pas qu'un peu, l'ignoble son of a bitch. La magie avait-elle résolu ce grand mystère de l'humanité ? Etait-il humainement possible de retourner dans le passé ? Dans ce cas, soyez en sûr, je le tuerai dans le ventre de sa propre mère, cette enflure. "Tu n'es que violence, Isham. Tu verras, tu te conduiras toi-même à la potence. " Talia, recroquevillée en position foeutale, la pauvre n'ayant jamais réussi à se détacher de cette mère trop encombrante, secouait négligemment la tête. Je ne pris même pas la peine de lui répondre, la respiration coupée par la chaleur cotonneuse qui m'emplissait de tout mon être, enfermé dans mon silence confortable. Je ne ressentais plus rien, même plus l'envie de me traîner ailleurs, malgré le soleil qui brûlait impitoyablement ma peau basané. Je n'écoutais même plus Talia et ses paroles moralises. J'étais loin. Beaucoup plus loin qu'elle même ne pouvait se projeter. Et, au moment où la lumière du soleil devint plus qu'aveuglante, comme une explosion de lumière cristalline dans mes iris, je fermai les yeux. Enfin, l'obscurité. " Tout tes défauts sont fait pour l'ombre, Isham. Tu le sais ? " Ne pas répondre. C'était le meilleur moyen pour perdre le contrôle de lui même. Mais. " Qu'est-ce que tu insinues par-là, soeurette ? Pas de sous-entendus avec moi, parlons en adultes." Entre adultes. L'énorme blague. Talia avait donc 22 ans, aucun boulot fixe, elle disait chanter mais, mon dieu, certes, elle avait une voix, une vraie, une qui casse vos convictions les plus profondes et qui vous touche en plein coeur, mais elle était incapable de se trouver un boulot stable. Et après, elle osait se plaindre de mon incapacité à trouver un travail... convenable. Quant à moi ? 18 ans, des cheveux digne des plus grands coiffeurs new-yorkais, et... rien d'autre. Excepté un talent indéfinissable pour attirer les embrouilles, un niveau scolaire lamentable et une culture générale douteuse. Talia soupira. Et ne prit pas la peine de répondre. Elle était comme ça, ma soeur. Quand les choses menaçaient de prendre une tournure désagréable, elle abdiquait. " Tu as peur que je devienne comme l'autre tarée de Poudlard qui a tué Cialmhar à Londres, c'est ça ?" la provoquai-je tranquillement. Elle marchait à tout les coups, ça faisait partie du charme Taliaien. " Isham ! " protesta-t -elle, une main sur la bouche, ses grands yeux de Bambi papillonnant de colère, comme ces actrices de cinéma muet qu'elle adulait. Car, oui, en plus d'être légèrement naïve et mégalomane, ma soeur voulait devenir actrice. Certes, vu ses mimiques de nunuche hollywoodiennes, elle avait bien des chances, mais quand même. " Talia, avant de tourner avec Rita Hayworth, prie pour que tes seins grossissent. Parce que là, si tu te présentes à un casting, ils pourraient te poursuivre pour arnaque sur la marchandise." Comment ? Quel est ce petit bruit qui beugle " salaud ! " ? Ecoutez, elle m'a énervé, puis elle s'en remettra. Pendant qu'elle me traitait de tout les noms ( et je l'avais mérité ! ), je m'abandonnai définitivement au soleil qui menaçait de me cramer le visage.

1930. Pyromanie. Fascination extrême pour le feu. Amour total de la destruction, je suppose, en observant Lewis jongler avec des bouteilles enflammées. Il dit ne pas utiliser la magie, mais il ment. C'est impossible. Tout le monde ment, ici. Bienvenue au cirque ambulant de... A défaut d'avoir un nom, les gens nous appelle le cirque des songes. Bienvenue dans cet enchevêtrement de caravanes transparentes de couleurs. Pourquoi le cirque des songes ? Car nous sommes plus un rêve, un mythe, une légende qu'autre chose. Une sorte de mélange de tziganes, de juifs et autres pratiquants ayant quitté leurs pays d'origines à la montée du nazisme et des dictatures, de sorciers de tout poil voulant vivre une vie de bohème, et, bien sûr, des moldus acceptant de vivre dans le secret. On parcourt l'angleterre, et à chaque fois, c'est la même chose. Bien sûr, dans mon cerveau d'enfant de 3 ans, ça me paraît pour l'instant fantastique comme vie, vivre d'amour et d'eau fraîche, sous la lueur de la lune, et avoir comme animal de compagnie un petit éléphanteau que ma soeur et moi partagions avec les enfants que la caravane à côté, ça le faisait, mais quand tu grandissais, c'était autre chose. On était bizarement heureux, là, sans repères au milieu de tout ces gens étranges et parfois effrayants. Mais pourquoi le cirque des songes ? Car, après avoir enchanté la race humaine avec nos numéros spectaculaires, mi-magiques mi-acrobatiques, nous disparaissions au petit matin, et nous nous égarions dans les tréfonds de leur mémoire. Parfois, certains se souvenaient de nous. Comme des ombres indistinctes, nous continuions de leur apporter de la magie. Mais les autres nous avaient oubliés. Tout ce dont ils se souvenaient, c'était ce moment d'extase, cet orgasme visuel lorsqu'ils avaient senti la puissante émotion de l'art en eux. Nous étions rien. Nous étions des fantômes. Nous étions juste un souvenir heureux. Parfois, les enfants se souvenaient de nous, les gamins à la peau basanée ou au contraire, blanche comme neige, ils se souvenaient de nos rires sauvages, ils se souvenaient de nos yeux brûlés par le soleil, et alors, à travers la brume d'émotions confuses que nous leur inspirions, ils regrettaient ne pas s'être perdus en chemin, à nos côtés.

1944. Colorier ma vie de la douceur du chaos, c'était visiblement déjà une de mes passions. Maintenant, j'me trouve irresponsable et débile d'avoir fait ça, mais bon... J'entends ma soeur qui beugle sans être discrète, mais les adultes n'entendront pas. Il ait noir dans le chapiteau fraîchement monté. C'est comme une prison d'ombre tout autour de moi, ma respiration commence à s'accélérer. J'ai beau le cacher tant bien que de mal, j'ai la phobie du noir, et ça doit être la seule chose devant laquelle je ressens de la peur. D'ailleurs, Talia, elle a peur, je la vois qui brandit sa baguette avant de réaliser qu'elle ne peut pas s'en servir. Elle commence donc à monter sur l'échelle. Quand à moi, je fis un pas dans le vide. Dans le noir presque total, j'aurais pu chuter, traverser l'espace entre l'air et la piste en quelques secondes, le cri terrifié de Talia m'aurait accompagné comme un chant funèbre, et je me serais fracassé à terre. Ce serait sans doute la sensation la plus agréable de toute ma vie, cette adrénaline puissante qui naît pendant la chute. Mais je ne suis pas tombé. Ma chaussure a rencontré le fil, tranchant et si fin qu'il en paraissait invisible même en pleine lumière. Talia me rejoint. Amusé, j'éclairai mon visage aux paupières lourdes avec une allumette. " Oh, Isham. Arrête, s'il te plait. " Elle s'inquiétait vraiment trop pour moi. Ses traits prenaient alors une expression doucement maternelle, et elle tendait ses bras pour m'étreindre dans une étreinte de chaleur glacée. Je m'éloigne d'elle, délicatement, je ne voulais pas de ses bras, je ne voulais pas de son amour rassurant, tout ce que je voulais, c'était être quelque chose, quelqu'un, juste un instant. Mon corps se balança dangereusement, c'était trop bon, ma respiration s'arrêta pour mieux profiter de l'instant, de l'air qui caressait mes yeux, du vide ambiant. Du vide en moi. Talia ne bougeait plus, la pauvre était morte de peur. Pauvre petit chat écorché, ballottée au gré des souhaits de nos parents. Je la pris par la main, et je l'ai faite doucement, très doucement, comme si mes mouvements étaient entravés par une volonté inhumaine, comme si nous évoluions dans une torpeur cotonneuse, tourner autour de moi. " Ressens, Talia. Tu danses au bord du vide. " Un faible chant força les lèvres de ma soeur, la peur emplissait son être. Et, tout aussi doucement, je la fis basculer d'un petit centimètre dans le vide pour la ramener vers moi. " Regarde. Tu n'as pas à avoir peur. " Talia chanta plus fort.

1940 Recommencer, encore et encore. Quelque chose bloquait. Je n'arrivais pas à me débarrasser de cet épouvantard. Je restais calme, il n'y avait que ça à faire, après tout. L'homme fait de noir s'avança vers moi. " Je n'ai pas peur." Concentration, et ignoble mensonge. La vue de ce noir me retournait l'estomac. " Ridikulus" soufflai-je. Il ne se passa rien. J'ai reculé. Ma respiration s’accélérait. " Je n'ai pas peur." Pas de peur, pas de peur, pas de peur.

" C'est à propos d'être vivant, vous comprenez. C'est un sorte de tout. Je n'ai pas peur. Je me suis promis à moi-même de ne jamais avoir peur. La peur, c'est la soumission. C'est sentir le danger que j'aime. Si pour vivre totalement je dois me mettre en danger, quel est le problème ? " Dippet me fixait de ses yeux sombres. Je secouai nerveusement la tête tandis qu'il allait ouvrir la bouche. " Ne vous la jouez pas psychiatre, m'sieur. C'est peu crédible. Faites votre boulot, et mettez moi en colle. " Pendant qu'il griffonnait un mot à l'adresse du concierge, j'écoutais distraitement son discours habituel, faisant les réponses dans ma tête, car, si j'avais osé répondre, ce n'aurait été qu'insolence et immondice. Et Talia serait déçue. Ne pouvais-je pas souffler un moment ? Non. Souffler c'était abandonner, souffler c'était penser à autre chose qu'au danger, c'était penser à Pénélope, c'était, durant ces quelques secondes de répit total, de calme maritime durant lesquelles je ne menaçais pas de m'enflammer, c'était avoir le temps de décortiquer mes vrais sentiments à son égard, imaginer sa bouche contre la mienne, c'était avoir le temps de m'enchaîner à elle sans m'en rendre compte. Et je ne voulais pas. Il y avait ce doux ressac d'amertume, toujours, tout le temps. Et tout ne devenait alors que violence.

Son sourire qui tremblait ardemment lorsqu'elle parlait de lui. C'était dans ces moments là que je me rendais compte que j'étais un vrai idiot. Que j'aurais donné le peu que j'avais pour être ce garçon dont elle parlait avec les yeux qui crépitaient. C'était stupide. J'hochai la tête à chacune de ses paroles, étrangement calme et silencieux. Même pas la décence de m'épargner son bonheur stupide, qui était pour moi comme une gifle à chacun de mes hochements de tête. Elle était tellement fragile. J'aurais pu la briser facilement, sous la colère. Mais Pénélope était apaisante. Sa douceur brute me contaminait. Mais pourquoi était-je son ami, bonne question. Mieux aurait fallu que je ne la rencontre jamais. Mais lorsqu'elle souriait et me posait la main sur l'épaule, je souriais à mon tour. Abominable cercle vicieux.

Un jour, ma soeur en a eu assez de n'être personne. Elle voulait exister, que les gens remarquent sa beauté froide et ne l'oublient pas dès qu'elle tourne le dos. C'est là qu'elle a commencé à vouloir devenir une actrice, ou une chanteuse. Elle chantait parfois dans des bars, je m'installais à une table et sirotait un alcool grossier qui me réchauffait violemment. J'écoutais sa voix, envoûtante et profonde, et lorsqu'elle refermait pour toujours ses lèvres carmin, j'avais l'impression de me réveiller d'un long voyage à vol d'oiseau. Et les grands yeux de Bambi de Talia me survolaient, asséchés d'avoir trop pleurer.

Les lèvres de la fille contre les miennes, son corps en collision contre le mien, choc frontal. Ses cheveux qui caressent ma bouche, ses murmures que je n'écoute même plus. Traître. Lâche. Je ferme les yeux, et rejette le plus loin possible l'illusion chantante du visage pâle de Pénélope qui se superpose sur le visage de la brune. J'avais pourtant tout essayé. Les filles, pleins de filles, des jeunes comme des moins jeunes, des jolies, des moches aux visages fascinants, des grosses, des maigres, des bien foutues, des gentilles, des pestes, plein de filles différentes pour oublier l'entêtante l'innocence de Pénélope. Alors, parfois, je la haïssais. Et j'me sentais mieux, à défaut d'être heureux.

Oublié le cirque. Talia et moi étions à présent des vrais citadins, ce qui n'était pas pour nous déplaire. Surtout à moi. " C'est un gros coup, Isham. " J'ai froncé les sourcils. C'était une arnaque bien ficelé, dont nous avions eu l'idée, Teddy et moi. Mais bizarrement, je sentais que ça n'allait pas marcher. Je finis d'essuyer la vaisselle du jour en prenant un air détaché. " Tu penses que ça peut marcher ? Et si ça n'abuse pas le ministère ? " Je connaissais la suite. On disparaîtrait, pendant quelques temps seulement. L'haleine alcoolisé de Teddy me chatouilla les narines. " Viens, tu dors dans mon canapé. J'vis dans un appart glauque, dans un quartier sordide, avec des vieux mafioso, des clochards et des prostituées. Tu vas aimer." J'aimais bien Teddy. Il me ressemblait. Et puis, les affaires sont les affaires, et je ne laissais pas un ami bourré rentrer chez lui seul. Certes, c'était moi qu'il lui avait servi ces cocktails, mais quand même. Il n'avait qu'à ne pas être malheureux, et ne pas se perdre dans des paradis désenchantés.

" Mais tu l'as volée, Isham ! " Ricanant doucement, j'observai ma soeur perdre son sang-froid. " Roh làlà, que de grands mots. Je préfère l'expression "arnaquée", c'est beaucoup plus classe, Talia. " " Arrêtes ton baratin ! " Et oui. Mon abominable soeur, alias l'abominable femme du cirque ( c'est affectif, hein ) squattait chez moi. Elle prenait toute la place sur le canapé, écoutait du classique sur son gramophone, dévalisait la cuisine, portait des fringues moches, parce que madame sortait d'une relation difficile. On croit rêver. Elle commença à ouvrir la bouche. " Non Talia. Tu es ma grande soeur, tu es encore plus mignonne qu'une licorne rose, mais non, je n'irais pas voir le verdict de l'amour pour la 3ème fois, c'est mort. " Et l'autre recommença alors à m'engueuler sur le fait qu'arnaquer les misérables gens, c'était pas bien. Que Dieu me garde, je ne sais pas si je vais survivre à Talia Blythe.