Let's fly (pv Yuû)

Il n'y avait qu'un seul point positif pour Gin' au fait de passer une année de plus dans cette époque affreuse, et ce point positif était de revoir Yuûki, la seule amie qu'elle ait réussi à se faire en dehors du cercle des voyageurs. Si elle avait encore des amis parmi les voyageurs. Il y avait tellement de rancoeur qui s'accumulait au sein de leur groupe qu'il devenait un peu compliqué de savoir où ils en étaient les uns par rapport aux autres. D'ailleurs, elle ne savait pas trop non plus où elle en était par rapport à la jaune et noir, en vrai. Pendant deux mois, elles ne s'étaient pratiquement pas parlé. Yuû avait proposé à Gin de passer une partie de l'été chez elle, au Japon, Gin' avait répondu oui en pensant qu'elle serait revenue dans son époque d'ici là, sauf que ce n'était pas le cas, et qu'elle avait dû trouver une excuse bidon pour refuser de retrouver son amie dans son pays d'origine. Oh, pourtant, croyez-moi, passer un peu de temps loin de l'Angleterre et de tous ses désagréments lui aurait fait le plus grand bien, mais elle n'avait pas eu le choix. Les voyageurs devaient rester entre eux. Cloîtrés chez Alliane, en gros. Merveilleux été.

Gin' avait un peu peur que Yuû lui en veuille. Bon, elle avait su rejeter la cause sur ses parents en disant qu'ils n'étaient pas d'accord, et qu'elle devait rester aux Etats-Unis avec eux, mais elle n'avait quand même pas vraiment aimé l'idée de décevoir l'une des seules amies qui lui restait. L'idée que Yuûki puisse prêter attention aux rumeurs l'inquiétait aussi. Elle craignait un peu qu'elle fasse partie de ces idiots qui pensaient que Luna était responsable de la mort de Morgan, et que par conséquent, elle aussi avait un rapport avec tout ça. Elle ne croyait pas que Yuû puisse avoir des idées aussi arrêtées et prêter attention aux rumeurs, mais ça l'inquiétait un peu quand même, il faut dire.

Lorsqu'elle avait croisé Yuûki dans un couloir, toutes deux se rendant dans leurs cours respectifs, elles n'avaient eu le temps d'échanger que deux mots. La poufsouffle n'avait pas l'air de lui en vouloir, c'est même elle qui proposa qu'elles se retrouvent sur le terrain de Quidditch. Bon, la rouge et or ne serait quand même rassurée que lorsqu'elles auraient eu le temps de bavarder plus longuement. En attendant, le fait de retrouver le terrain de Quidditch et de pouvoir revoler sur un balai lui plaisait bien. Il n'y avait que dans les airs qu'on parvenait à atteindre ce degré de liberté tel qu'il parvenait à annihiler presque toute pensée négative.

Un balai emprunté à la réserve à la main, elle alla rejoindre le terrain. Yuû n'était pas encore là. Gin' alla s'asseoir sur les gradins en l'attendant. En espérant que Yuûki ne lui poserait pas de lapin. Elle avait vraiment besoin d'un moment comme celui là pour supporter la longue année scolaire qui l'attendait. Sentir qu'elle avait une alliée auprès d'elle lui ferait du bien.

Invité

FEAT. Meredith ET Yuûki

Let's fly

« L'amour donne vraiment des ailes »

Yuûki avait l'étonnante impression qu'elle serait capable de s'envoler d'elle-même, sans avoir besoin de monter sur son balais. Elle se sentait aussi légère qu'une plume; aussi délicieusement amoureuse, aussi amoureusement joyeuse, aussi magiquement heureuse qu'une plume. Encore fallait-il qu'une plume puisse ressentir pareilles émotions, et ça elle n'en était pas très sûre. Oui, elle pouvait s'envoler maintenant, personne ne pourrait l'en empêcher. Depuis ces merveilleuses vacances elle se sentait libre de tout tant que Melody et elle était en couple. Ouah. Un couple. Elles étaient un couple. Jamais Yuûki n'aurait imaginer que cela puisse arriver. D'ailleurs, elle n'avait pas encore réaliser l'ampleur de ses sentiments avant de se déclarer à Melody. Maintenant elle ne regrettait pas cette folie. Oui. Elle était follement amoureuse. Il existait des dizaines d'autres combinaisons de mots qui pouvaient refléter ce qu'elle ressentait, mais jamais aucune ne serait assez réelle, assez sincère pour être parfaitement adaptée.

D'ailleurs, la japonaise était intimement persuadée que les gestes valaient bien vingt fois les paroles. Et elle se sentait d'humeur assez téméraire pour succomber à l'envie qui la taraudait depuis qu'elle avait quitté son dortoir; et voler sur son balais à l'intérieur même de l'école. Succombant finalement à cette idée bien trop tentante, Yuûki stoppa sa marche le temps d'enfourcher son splendide balais dernier cri et de donner un puissant coup de talon sur le sol avant de s'élever en vitesse dans les airs; et d'enfin se mettre à slalomer joyeusement entre les élèves stupéfaits.

« Waouuuuuuuuuuuuuuuh!!! » s'écria-t-elle dans un éclat de rire communicatif, se riant de l'expression du peuple d'en bas, se riant de la retenue qu'elle allait écoper maintenant que Montgomery l'avait aperçu, et riant surtout pour la sensation inimitable de liberté qu'elle ressentait là, sur son balais, libre de voler ou bon lui semblait. Elle verrait plus tard pour les conséquences. Mais là, elle avait besoin de faire quelque chose de totalement inédit, de jouir de ce bonheur et des ailes qu'elle se sentait presque pousser. Si c'était ça l'amour, alors elle avait vraiment envie que ça dure éternellement.

Après s'être amusée à effrayer les élèves en frôlant de près la collision (mais elle maîtrisait trop bien son balais pour cela), la japonaise s'engouffra à l'air libre par une fenêtre heureusement ouverte. Aussitôt son sourire sembla s'agrandir. Bonheur suprême, le vent puissant provoqué par sa folle course faisait gonfler sa chemise et venait agréablement caresser sa peau. La vitesse, le vent, le soleil... tant d'éléments clés tous réunis en ce jour de chance. Yuûki était vraiment, vraiment folle de joie. Elle avait bien fait de choisir aujourd'hui pour voler avec Meredith.
Oups, Meredith. A force de s'amuser dans les couloirs du château, elle en avait oublié que son amie rousse l'attendait sûrement déjà. Yuûki n'était pas vraiment la personne la plus ponctuelle du monde, mais elle tentait au moins d'arriver à l'heure quand c'était elle qui donnait les rendez-vous. Par les bas rayés de Merlin, vite, elle devait se dépêcher!!

Piquant brusquement vers le bas, le balais de Yuûki (et Yuûki aussi, je vous rassure qu'elle n'avait pas sauté en cours de route) prirent encore plus de vitesse, se rapprochant à vue d'œil du sol. Vite, vite. Elle pouvait encore éviter d'être en retard si elle survolait au maximum de sa vitesse le parc. Et puis ça lui ferait un petit échauffement pour après.
Elle allait si vite que ses yeux s'embuèrent de larmes et qu'elle manqua de peu la barrière du terrain, remontant juste à temps pour éviter de gouter aux murs. C'est donc une Yuûki morte de rire qui alla se poser sur les gradins à côté d'une crinière rousse bien reconnaissable (elle se savait parfaitement capable de différencier Meredith et Melody puisque cette dernière était plus foncée encore que la Gryffondor). Yuûki se laissa lourdement tomber par terre. Elle ratait toujours ses arrivées.

« Ahahah! Salut Mery, tu m'as pas attendu trop longtemps j'espère? »

Yuûki se releva lentement, encore un peu sonnée par la rencontre brusque avec le sol (voyez, ça n'avait pas été le mur finalement). Lorsqu'elle volait, elle en oubliait toute prudence. Mais bon, si on se restreignait à ça, on finirait par ne plus apprécier le moment présent, ce qui serait du beau gâchis. Et puis elle était si contente de revoir Meredith après tout ce temps. Malgré son caractère de cochon (il fallait l'avouer) elle adorait cette fille. Tout ceux qui lui demandaient pourquoi elle traînait avec cette hystérique avaient tendance à se faire envoyer sur les roses assez rapidement. Yuûki ne savait plus trop comment ni pourquoi elles en étaient venues à se côtoyer, et à s'apprécier, mais cette amitié lui suffisait en elle-même. Elle n'avait pas besoin de se poser des questions ou de douter de quoi que ce soit, Meredith était son amie, qu'il y ait des rumeurs ou non.

« Ca fait un bail. J'ai vraiment regretté que tu ne sois pas venue au Japon, mais j'comprends que tu n'ai pas pu avec ton frère malade. » Si Yuûki évitait délibérément le sujet de la mort de Morgan? D'accord, il fallait l'avouer, elle n'avait pas franchement envie de plomber l'ambiance avec cette histoire. Déjà parce qu'elle n'avait pas vu Mery depuis une éternité et qu'elle voulait absolument profiter du peu de temps qu'elles avaient. Et aussi parce qu'elle ne croyait pas forcément aux racontars et autres rumeurs qui couraient en accusant les amis de Meredith. D'accord, Aulne Quibber en avait un sacré dans le citron, et d'ailleurs Yuûki ne se gênait pas de se payer sa tête d'habitude, mais au point de tuer quelqu'un... C'était p'têtre un peu exagéré. Enfin ce n'était pas le sujet de leur rencontre. Et puis elle était si heureuse qu'assassin ou pas dans l'école, elle ne pensait qu'à vivre l'instant présent et à profiter de ses amis; et surtout de Melody...

« J'espère que tu t'es entraînée pendant les vacances, parce que je suis imbattable à la course. » ria-t-elle. « J'ai hâte de voir ce qu'un américain est capable de faire sur un balais. » Sous-entendu : "j'attends de voir si tu es aussi douée que tu me l'a laissé entendre ou si c'était juste pour défendre ta fierté gryffondorienne et que comme on dit, les américains sont des trolls en Quidditch". Où Yuûki et son tact maintenant légendaire... Oui elle méritait bien un roman en son honneur.

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Yuûki se présenta finalement, et Gin' retint à peine son soupir de soulagement. Savoir que dans les circonstances actuelles, la jaune et noir ne refusait pas de la voir était rassurant. Mais elle aurait dû s'en rendre compte, en fait, Yuû était loin d'être une personne qui se fiait aux rumeurs ou se souciait des préjugés. C'était pour ça, en partie, que Gin' la considérait comme une amie en or, ça se confirmait. Quand elle vint la rejoindre, un sourire lumineux rendait son visage radieux, elle avait l'air vraiment aux anges, et Gin' doutait un peu que sa seule présence soit la cause de tant d'enthousiasme. Il faut dire que si Yuûki en était clairement un, la rouquine, elle, était loin d'être un rayon de soleil... même si, au moins, pour une fois, elle souriait. Elle était heureuse d'être en compagnie d'une amie, une vraie, qui ne la jugerait pas ou ne s'inquièterait pas sans cesse, tout simplement parce qu'elle n'avait aucune idée de ce que devait vivre sa camarade au quotidien. Et ça, ça faisait du bien. Ne plus se laisser bouffer par ses secrets et avoir l'air, au moins quelques temps, parfaitement normale.

"Je pense surtout que mes parents voulaient pas que je quitte la maison et qu'ils se sont servis de mon frangin comme excuse." dit-elle, bien obligée de donner du poids à son mensonge, quand Yuû le mentionna.

La vérité, c'est que la furie rousse aurait adoré partir au Japon, rien n'aurait pu plus agréablement lui changer les idées. Mais il était évident que le reste du groupe ne l'aurait pas laissé faire, alors elle n'avait même pas essayé de parlementer avec eux, n'en avait parlé à personne, avait gardé cette belle idée pour elle, et avait inventé cette histoire de frère malade.

Si elle était partie sans prévenir personne (comme l'envie ne lui en avait pas manqué), elle l'aurait sûrement vite regretté de toute façon. Pas à cause de Yuûki, non, mais de tous les événements qui avaient eu lieu et qui n'avaient pas facilité les choses pour eux : la mort de Ciallmhar, le procès de Luna...

"Enfin... la prochaine fois, peut-être?"

Elle voulait se donner un air convaincu, mais elle ne l'était pas. Puisqu'ils allaient sûrement moisir ici, les excuses deviendraient difficiles à trouver... S'il finissait par y avoir encore des excuses à donner. ça faisait un moment que Gin' marchait sur des oeufs.

"Prépares-toi à voir ce sourire béat disparaître rapidement de ce visage, parce que l'Américaine va te massacrer." répliqua Gin tout en s'avançant sur le terrain, armée de son balai, et prête à l'enfourcher.

Eh oui, Gin' n'avait jamais foutu le moindre pied en Amérique, mais elle se sentait soudainement une âme de patriote. Prête à défendre son prétendu pays bec et ongles. Au moins, ça lui donnait un brin de crédibilité.
Gin' enjamba son balai et lança un regard entendu à Yuûki.

"A vos marques... prêts?"

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