Je ne rirais pas [Steve]

Invité

Aelycia & Steve - Je ne rirais pas
« Assurément, le rire est source d'ennuis »

« Parfait. Dans ce cas, vous pouvez prendre congé, nous nous reverrons à Poudlard. Ne ratez pas la réunion surtout. »

Hochant brièvement la tête, Aelycia se leva à ce signal, sortant en première du compartiment des préfets, en passant l'air de rien devant Tom Jedusor. Son agacement, elle le gardait derrière son air neutre habituel. Elle ne devait pas montrer à quel point le fait d'avoir un poste inférieur à celui de Jedusor l'horripilait.
Mais Aelycia n'arrivait pas vraiment à être en colère. En effet, elle était trop heureuse -ou du moins satisfaite- d'avoir été nommée préfète pendant les vacances d'été. Ce rôle qui lui incombait maintenant l'emplissait d'une certaine fierté tout à fait gryffondorienne qui la faisait se sentir... bien. Oui, bien, elle allait bien. C'était fou. Invraisemblable même. Même voilà la première fois depuis deux ans qu'elle se sentait plus ou moins contente. Pour cause, sa nomination bien entendu. Cela signifiait que son sérieux et son assiduité avaient portés leurs fruits, et qu'elle allait pouvoir profiter de ses horaires plus lestes pour partir à la recherche d'un nouveau moyen de sortir discrètement dans le parc pendant la nuit. Parce que malheureusement, le passage qu'elle avait l'habitude d'emprunter l'année précédente avait été endommagé par un éboulement juste avant les vacances, mais elle ne pouvait pas décemment attendre un an sans jamais se dégourdir les pattes. La louve en elle avait besoin d'air, de liberté, de folles courses après son malicieux épervier hors des murs de l'école.

Aelycia jubilait donc, mais intérieurement. Elle n'avait pas envie que d'autres ne la voie sourire, ce qui serait très embarrassant. Surtout si c'était ce troll des montagnes à la cervelle de fée de Loiyd -qui n'avait pas manqué de lui offrir un sourire goguenard- ce qui comme prévu lui avait donné envie de tester un des nouveaux sortilèges qu'elle avait appris pendant les vacances. Mais entourée comme elle l'était des autres préfets nouvellement (ou pas) nommés, elle devait se contenter de rester impassible et d'attendre tranquillement qu'ils partent dans un autre compartiment, avant d'enfin être capable de se détendre.
Ceci fait, Aelycia laissa l'ébauche d'un sourire se dessiner sur ses lèvres. Elle était préfète. Et elle avait du pouvoir. Si elle n'avait pas été aussi pragmatique et retenue, sans doute qu'elle aurait sauté de joie. Quoique... Il y avait aussi une autre raison pour laquelle elle se sentait si euphorique (enfin n'exagérons rien). Etre préfète, c'était bien, c'était signe d'influence; mais c'était surtout ce qui lui était arrivé pendant les vacances qui lui donnait cette impression de légèreté et d'amélioration dans sa vie si morne.

Aelycia s'arrêta un instant pour regarder par une fenêtre le paysage qui défilait rapidement, ne formant plus qu'une succession de couleurs à donner mal au crâne. Pendant ces vacances si particulières, elle avait rencontré Manfred. Ils avaient parlés. Ils avaient passés... un bon moment? Oui, c'est ça. Si d'autres élèves de Poudlard les avaient vus, ils auraient sans doute cru à une hallucination due à une potion ratée. Aelycia Swan et Manfred Olivier, amis?! Impossible! Et pourtant. Aelycia se sentait vraiment satisfaite de ce dont ils allaient parler. Grâce à cette discussion, elle sentait que ça allait s'arranger. Manfred allait faire des efforts, il le lui avait dit. Et elle avait foie en ces paroles.
Un bruit de pas derrière son dos fit sursauter la Gryffondor, qui se retourna, curieuse. Refoulant un nouveau sourire soudain qui risquait de faire voler leur jeu en éclat, la demoiselle s'approcha légèrement de celui qui lui faisait face.

« Steve Johnson. Ravie de te retrouver. » Zut, son ton n'était-il pas trop enthousiaste? Non, ça n'allait pas du tout. Elle devait rester calme et réfléchie. Inspiration. Expiration. Voilà.
Aelycia ne put néanmoins pas s'empêcher de prendre un air particulièrement fier. Elle était fière -très très fière- d'être préfète (d'ailleurs l'insigne rutilant accroché à sa poitrine en était la preuve). Et voici qu'elle avait l'occasion rêver de l'étaler devant Steve. Qu'il en prenne plein les yeux! Ah!

« Il me semble que c'est le moment ou je dois m'informer de ton humeur et du contenu de tes vacances, hm? » Oui, il lui "semblait" parce que demander trop directement signifierait qu'elle était vraiment curieuse de savoir comment allait Steve et... et c'était vraiment le cas. Mais fierté oblige, et rien que pour le plaisir de paraître la moins intéressée possible (elle aimait bien l'embêter un peu, Steve), elle avait été dans l'obligation de faire cette tournure de phrase des plus logique.

-Tu nous écriras tous les jours?
-Je ne crois pas, non...
-Bon, au moins, tu nous donnera des nouvelles.
-Rien n'est moins sûr.
-Steve...

Elle pousse un léger soupir résigner tandis que je lui adresse le plus taquin des sourires. Ne vous y trompez pas, j'adore mes parents. Je les trouve géniaux. Mais il y a des limites à tout. A l'âge de dix-sept ans, il est évident que je ne vais pas courir dans les jupes de ma mère au moindre ennui, j'ai ma fierté, quand même! Je sais que Mrs Johnson peut vous paraître particulièrement possessive à cet instant précis, mais il faut la comprendre. Après ce qui est arrivé successivement à Myrtle, puis à Morgan, elle ne pense pas que je sois en sécurité à Poudlard. J'ai beau répéter à ma mère que tout se passera bien, elle finit irrémédiablement par s'angoisser. Qu'entends-je? Je devrais donc céder à sa demande et lui écrire? Bah! Je déteste écrire, vous ne saviez pas? Finalement, elle me serre dans ses bras. Devant tout le monde. Sur le quai de la gare. Je vous jure!

-Maman, y'a des gens. je réplique dans un sourire.

En même temps, c'est vrai, j'apprécie cette étreinte, qui risque fort d'être la dernière avant un moment. Mon père, lui, se montre plus réservé, et m'adresse juste un sourire. Moi, je leur fais grâce d'un dernier regard, et monte dans le Poudlard-Express. Eh oui, c'est la rentrée, déjà. Je dois avouer que je m'en serais bien passée. Les vacances ont été agréables, comme se doivent d'être des vacances, et le retour à la triste réalité des cours, des devoirs, et de ces autres joyeusetés immondes, je m'en serais aisément passé. Mais en même temps, je suis ravi de bientôt retrouver Dora et Rubeus. On s'est un peu vu cet été, mais pas suffisamment à mon goût. Là, on va enfin pouvoir se rattraper.

Je monte dans le Poudlard-Express. Il est encore tôt, j'aurais pu rester plus longtemps sur le quai avec mes parents mais... non, définitivement non. Les adieux déchirants, c'est définitivement pas mon truc. Je parcours rapidement les wagons, je ne trouve pas Dora. Elle ne doit pas être encore arrivée. Alors je m'installe dans un compartiment au hasard et j'attend. Petit à petit, le train se remplit. Bientôt, mon compartiment est envahi par une armée de mioches surexcités. Dans un premier temps, ça m'amuse, et je me plaît à leur faire miroiter les terribles épreuves qui décideront de leurs maisons. Puis ça m'ennuie. Le train s'est mis en marche. Il faut que je trouve Dora. Je quitte donc l'assemblée des morveux et part en quête de ma meilleure amie. Je regarde par la fenêtre de chaque compartiment, sans succès. Finalement, pes pas croisent ceux d'Aelycia. Ah tiens!

-Steve Johnson. Ravie de te retrouver.

Avec nous deux, n'importe qui observant la situation de loin ne saurait pas à quoi s'en tenir. Sommes-nous amis, ennemis, de simples connaissances? Difficile de savoir sur quel pied danser. En fait, même moi, j'ai tendance à ne pas savoir ce qu'il en est. Mais le fait est que j'apprécie ma camarade rouge et or. C'était mal parti, pourtant : au début, je ne pensais vraiment pas que ça pourrait coller, entre nous. Nos deux caractères semblaient bien trop incompatibles. Puis je me suis fait une raison. Je l'apprécie beaucoup. Et surtout, j'apprécie le défi que je me suis lancé la concernant : tenter de la faire rire chaque fois que je la croiserais. Et croyez bien que, quand on connaît le personnage, c'est loin d'être évident.

-Il me semble que c'est le moment ou je dois m'informer de ton humeur et du contenu de tes vacances, hm?
-J'ai passé un été mémorable, tu n'as pas idée! J'ai passé tellement de temps dans mon lit que le creux sur mon matelas ne veut plus s'en aller.

C'est presque vrai. Bon, c'est un tout petit creux. Mais il est bien présent quand même, pas de doute. Je commence en douceur, je me doute que cette réplique là ne la fera pas rire (j'ai affaire à un public exigeant) mais je suis du genre persévérant. Je m'apprête à lui demander à son tour comment se sont passées ses vacances (parce qu'en fait, il s'avère que ça m'intéresse), mais à ce moment, je remarque l'insigne de préfet sur sa robe. Pourquoi ça ne me surprend pas du tout de la trouver là.

-Je voudrais pas t'alarmer, Ae', mais je crois que quelqu'un a épinglé une insigne de préfet sur ta robe.

Oui, c'est ma façon de la féliciter.

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