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 Un goût de sel sur les lèvres [message unique]

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Invité

Un goût de sel sur les lèvres [message unique] Empty
Message#Sujet: Un goût de sel sur les lèvres [message unique]   Un goût de sel sur les lèvres [message unique] Icon_minitimeMer 14 Nov - 17:54

N'est-ce pas étrange, de quitter sa vie ? C'est comme une partie de soi-même, qu'on enferme dans un coffre pour ne plus le rouvrir. Un souvenir qui s'efface lentement. Un poids dans le cœur, qui pèse chaque jour plus lourd.

Une nouvelle vie. Une nouvelle vie, ça a le goût de l’excitation. De l’exaltation. Une nouvelle vie, c’est acide. Une nouvelle vie, c’est la fin d’une ancienne. Une nouvelle vie, c’est comme renaître, et pour renaître il faut d’abord mourir.

Olympia s’avance, les épaules en arrière et la tête droite, derrière ses parents. Sa robe pèse sur son corps, et là où d’autres se sentiraient enfermées, emprisonnées, serrées, Olympia se sent protégée. Protégée par son sang, protégée par son rang. Protégée par son nom, protégée par sa famille. Protégée par ses pouvoirs, protégée par sa baguette. Elle entre à la suite de ses parents, et se dirige vers sa nouvelle chambre.


Quelle impression étrange, de connaître chaque recoin d’un endroit sans pourtant y être jamais venue. Savoir où se trouve sa chambre… sans que ce ne soit véritablement sa chambre. S’en souvenir, alors que ses pieds n’ont jamais foulé ce sol. Reconnaître ce lieu comme le lieu de son enfance… alors qu’il n’existait pas, à cette époque. A cette époque dorée. A cette époque si lointaine. A cette époque dont Olympia se souvient. A cette époque qui n’est plus.
Elle parcoure du regard les lieux, si connus et pourtant si inconnus. Elle ferme la porte. Et pour un instant, abandonne son maintien. Perd le contrôle, la maîtrise de ses émotions. Sa dignité ôtée, laissant tout, tout accessible.

La dignité. Ne régit-elle par leurs vies ? Toutes leurs vies ? Aux sang-purs ? Le rang. Le sang. Le pouvoir. Tout cela en fait partie. Rien n’est plus important.
Car c’est un monde de masques. Un monde de costumes. Un monde de paravents. On ne se cache que pour mieux se dévoiler. Comment savoir, qui ils sont, qui il est, qui vous êtes, qui tu es, qui on est ?
Les masques, les voiles, tombent-ils un instant… ou finit-on par ne plus pouvoir les enlever ? Par perdre son identité, et par embrasser cette apparence ?
A-t-elle encore un masque ? Une personnalité, derrière… son apparence ? Est-elle encore cette petite fille, qui égayait le Manoir de ses rires ? Est-elle encore cette enfant, qui répandait la joie dans la demeure ? A-t-elle encore son âme d’enfant ?
Olympia ne sait pas. Olympia l’ignore. Alors Olympia pleure. Les larmes coulent, sur ses joues si douces, elle s’effondre, à même le sol, et les sanglots sortent de sa gorge, résonnent dans sa chambre. Son corps est secoué de spasmes, elle n’a plus la force, la force de les étouffer, ses pleurs… Une dernière fois encore…. Une dernière fois…. Pleurer sur son âme perdue…. Pleurer sur cette petite fille, qui a mûri trop vite, sans s’en rendre compte. Qui a cessé de rire, ou même de sourire… Pleurer sur cette enfance morte avant l’heure.



Olympia sursaute, face au miroir. Sa baguette pointée sur elle. Pourquoi donc ? Elle remarque ses yeux rougis, gonflés. Se serait-elle assoupie ? Elle jette un regard à la fenêtre : la nuit tombe.
Elle se sera sûrement levée à moitié endormie, et aura avancé vers le miroir la baguette à la main dans le but de se coiffer…
Mais pourquoi ne se rappelle-t-elle pas de s’être endormie ? Elle ne se souvient même pas d’être allée se coucher… Et elle porte encore sa robe.
Humide, d’ailleurs. Elle cherche ce qui aurait pu se renverser sur sa tenue, mais ne trouve rien. Comment se fait-il donc qu’elle n’ait aucune idée de ce qui s’est passé pendant l’après-midi ?
Se résignant, car elle a des mystères plus importants à éclaircir, elle sort de sa chambre, verrouille la porte et se rend dans le bureau de son père. Un sentiment de malaise profond lui presse le cœur, lorsqu’elle déambule dans les couloirs du Manoir. Il est trop… semblable.
Olympia se dit que, finalement, il eût sûrement mieux valu construire un Manoir différent, qui ne provoque pas ce sentiment si dérangeant de déjà-vu, et cette sensation étrange qui la met mal-à-l’aise.
Elle toque, puis entre. Son père se tient devant elle, assis à son bureau. Il lui fait signe de s’asseoir. Puis il lâche sa plume, et la regarde, avant de commencer à parler :

« Je vous ai inscrite à Poudlard. J’attends de vous que vous représentiez notre famille convenablement. Je ne saurais souffrir que vous me déceviez, ma chère fille. »
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