Sean est un homme tendre qui donne souvent sans compter. Sa générosité a des limites mais il faut vraiment demander le monde pour les atteindre. Sa patience est grande tant qu'il se sent respecté mais il peut lui arriver de perdre son sang froid lorsque ses proches se trouvent menacés. Toutes ces qualités font de lui un père exemplaire même si sa vision d'un amour paternel n'est pas forcément la même que celle de sa petite fille Jo. Son intelligence et son penchant pour l'égalité de la justice lui ont permis de gravir les échelons du ministère jusqu'à devenir Directeur des Oubliators. Il n'en tire cependant aucune vanité. Exigeant avec lui même, Sean n'est que très rarement fier de ses actes parce qu'il reste persuadé qu'il y a toujours mieux à faire. Ses tentatives pour rendre sa famille heureuse sont presque toutes couronnées de succès mais l'idée de marier Jo à un jeune sang-pur de son âge n'a pas été bien reçue. Il n'essaye pourtant que de faire le bonheur de sa fille. Comme beaucoup d'hommes de son âge, il se cherche un peu, il s'enfonce dans de longues heures de travail intensif pour arrêter de réfléchir au reste. Fuir la réalité n'est pas une solution mais pour le moment c'est son unique refuge. Entre le travail et la maison, Sean est deux hommes, à la fois sérieux et décontracté, grincheux et doux, solitaire et protecteur. Si autrefois il ressentait un grand besoin de rester éloigner des gens, Ellen a fini par lui apprendre que se lier à quelqu'un n'est pas toujours une faiblesse. Aujourd'hui, aimer est même sa plus grande force.

Sean Benett n'est pas un homme de grande stature, il n'est pas particulièrement musclé. Son visage long et sec se repose sur une mâchoire carrée qui lui donne un air très noble. Ses yeux en amande son entourés de longs cils très féminins, mais personne n'a jamais eu le cran de lui en faire la remarque. Il porte sans grande attention une coupe brune en bataille sur le crane et une barbe pas trop fournie. Ses sourcils restent froncés constamment, lui donnant un air concentré et un peu grincheux qui lui va plutôt bien. Si au premier regard Sean n'a rien de bien impressionnant, ses pupilles sombres et sa démarche noble suffisent à mettre beaucoup de crapules dans le droit chemin. Aimant se montrer le plus froid et le plus distant possible, il prend soin de toujours s'habiller de façon sobre et monochrome. Ses lèvres fines et roses s'étirent parfois sur un sourire énigmatique forgé dans l'ironie et le malin plaisir de perturber ses proches. Une longue cicatrice barre le dos de cet homme mystérieux, de son épaule gauche à son rein droit. Personne n'a jamais vraiment osé lui demander d'où ça venait, pas même sa femme qui semble respecter les démons qu'il ne souhaite pas partager. Il n'est pas rare que les jeunes recrues du ministère le craigne, et certaines rumeurs prétendent même qu'il a autrefois fréquenté de près des dragons. Légende ou réalité ? Seul un fou songera pouvoir tirer les vers du nez à Sean. En apparence, il est le pire casse tête de cette planète. Impossible à cerner, même pour les plus doués.

Je suis né le 4 décembre 1903, à minuit. Contrairement aux autres enfants, je n'ai pas eu une vie ordinaire. Ma mère faisait partie intégrante des mouvements grévistes féminins pour les droits de vote de la femme. Dans le monde magique, tout comme dans le monde moldu, les autorités repoussaient à cette époque les demandes des femmes pour ce droit. Enceinte, elle avait du abandonner, et le débat fut très vite clos. Mon père, quand à lui, favorisait la neutralité. Il n'était pas vraiment contre la suprématie des hommes concernant la politique, mais il se serait bien gardé de se mettre ma mère à dos. En grandissant, j'appris à me méfier de son caractère explosif, suivant mon père partout où il allait. Il fallu peu de temps à mes pouvoirs pour éclore et se développer, même si les contrôler représentait encore un défi. Après plusieurs accidents survenus dans la maison, mes parents décidèrent de m'envoyer en pension chez un ami de la famille en Ukraine à l'âge de 5 ans. Vous pensez surement que c'était très tôt pour m'envoyer ainsi à l'aventure, mais vous ne savez pas encore le meilleur. Mon travail là-bas consistait à aider dans leur élevage de Pansedefers Ukrainiens. C'était de somptueuses créatures ailées, une des plus grosse espèce de dragon, pesant jusqu'à 7 tonnes et crachant des flammes puissantes et pourvue de griffes mortellement longues. Beaucoup affirmèrent que mes parents avaient perdu l'esprit pour m'envoyer dans un endroit pareil, mais au fond je leur doit énormément. C'est auprès des dragons que j'appris les bases d'un travail bien fait.

Je ne fus renvoyé à Londres qu'en 1914 pour mon entrée à Poudlard. La maison Serpentard m'ouvrit ses portes comme on accueille un vieil ami. J'avais depuis longtemps perdue mon innocence quand tant d'autres à mes côtés sentaient la peur et les larmes séchées d'avoir tant pleuré dans le train. Moi, j'avais déjà connue l'absence, la peur, la solitude et j'avais frôlé de peu la mort une bonne centaine de fois. Mes camarades de chambre posèrent des questions à propos des nombreuses marques sur mon corps, dont la plus importante barrait mon dos en diagonale. Aucune magie n'avait aidée la cicatrisation. On m'avait recousu sans anesthésie et j'avais repris le boulot sans rechigner. Chaque élève eu droit à une réponse différente, toutes plus ridicules les unes que les autres d'ailleurs. Certains disaient que j'étais né comme ça, d'autres que mon père me fouettait en cachette, d'autres que je m'infligeais ça moi-même parce que j'étais fou. Loin de porter la moindre attention aux racontars, je me plongeais avec acharnement dans mes études avec un nouveau but : trouver ma place au ministère de la magie. Lorsque je fus assez mûr, mes parents arrangèrent mon mariage avec une jeune sang-pur de bonne famille. Bien sûr Ellen était jolie à regarder, j'aimais la couleur de ses cheveux roux qui me rappelait les flammes des dragons. Et elle n'avait pas que ce point là en commun avec ces créatures ! J'adorais plus que tout son caractère impulsif, ses sautes d'humeur, sa fierté mal dissimulée et sa détermination à toute épreuve. Une vraie bête sauvage que rien ne pouvait brider. Bien sûr l'idée de me lier si tôt ne me plaisait guère, mais je voyais bien qu'un refus ne serait pas envisageable. Notre lignée de sang-pur devait prospérer.

Avec le temps ma relation avec Ellen évolua en bien. Elle devint mon amie, puis ma confidente, et finalement nous devinrent amoureux. Je l'avais épousée sans la connaître, mais nous étions faits pour être heureux ensemble. Mon premier poste au ministère en tant que stagiaire fut une source de joie pour nous, mais pas autant que l'annonce de la venue d'une petite fille dans notre vie de couple. Ellen était enceinte. Évidemment mes parents avaient fini par succomber à leur vieillesse et je me retrouvais un peu perdu devant une lourde décision à prendre. Je n'avais aucune envie d'envoyer mon enfant jouer au dada sur le dos d'un dragon ukrainien pas encore dressé. Mais étais-je vraiment à la hauteur du défi ? Élever un bébé, même à deux, était une mission ardue qu'il me fallait étudier profondément. Jusqu'à la naissance de ma fille, je n'avais aucune idée de ce que représentait un tel évènement. Je voyais ça comme une évaluation, un test d'aptitude qu'il ne fallait pas que je rate. Pourtant, à la maternité, quand la sage-femme m'annonça que j'avais une petite fille brune, tous mes calculs scientifiques et logistiques partirent en fumée. Blottie dans les bras de sa mère qui resplendissait de bonheur, elle était là, les yeux ouverts, tendant sa main microscopique vers moi comme si elle avait déjà conscience de qui j'étais. Ma vie bascula. Avec Jo, il n'y avait rien à étudier ou à comprendre, seulement à ressentir et à aimer. Pour la première fois de ma vie, je compris le vrai sens du mot famille.

Au fil des années, ma petite Jo poussait à une allure folle et aussi fou que ça puisse paraître, j'aurai tout fait pour stopper le temps. Pourtant je savais que bientôt viendrait le jour où l'oiseau devra quitter son nid. Lorsqu'elle fut en âge de faire sa propre vie, je pris la décision de lui trouver un époux. Arthur Everard, un jeune sang-pur sans problème financier représentait le partit idéal pour ma fille. Le seul problème, c'est que cette dernière n'avait absolument pas l'intention de se marier selon la tradition. Mon influence et mon autorité d'ordinaire inébranlable se heurta contre le mur de sa volonté à choisir sa propre voie. C'était bien la fille de sa mère, une tête brûlée, bornée et sans aucune logique. Mais bon, je l'aimais quand même. Finalement mon plan tomba à l'eau, sans que je comprenne pourquoi tout le monde avait refusée cette union pourtant parfaite. Qui avait-il donc de si mal dans le fait de vouloir le meilleur pour mon enfant ? Je ne comprenais pas. Mais alors vraiment pas.