Interlude : Détente sportive [pv]

A peine le cours est-il fini, que je quitte précipitamment la salle. J'ai promis à Ginny de la rejoindre sur le terrain de quidditch cette-après midi, et pour rien au monde je ne manquerais à ma parole, du moins, tant que je n'ai pas à monter sur un balai. J'ai un assez mauvais souvenir de mon premier vol à balai, ce qui peut expliquer que j'évite au maximum de voler, un poignet cassé m'a suffi. Mais j'aime bien regarder les matchs quand même, et j'ai toujours fidèlement encouragé l'équipe de Gryffondor, à notre époque. D'ailleurs, c'est un peu rêveur que je quitte la salle, en repensant au match de l'an dernier, ce qui me vaut de me faire bousculer par un groupe de serpentards à peine arrivé dans le couloir.
Sans surprise, je perds la moitié de mes affaires et m'étale par terre sous le rire amusé de la bande d'idiot qui s'en va. Ils ont vraiment que ça à faire? Si je pense très fort des répliques téméraires, je n'en dis rien, trop occupé à prendre une teinte pivoine, tout en ramassant rapidement mes affaires de cours. J'ai beau faire des efforts, on ne change pas aussi vite qu'on le voudrait, et même si j'en reste pas moins un peu mieux qu'avant, je suis toujours le Neville maladroit de notre époque... Bon, avec quelques bons centimètre en plus, d'accord. Ça va faire un moment qu'on est là, maintenant que j'y pense. En général j'évite, histoire de pas trop me demander si un jour on rentrera chez nous.
Une fois mes affaires ramassées, je me rends précipitamment à la tour gryffondor pour y poser le tout (évitons un autre drame), me sachant déjà en retard pour notre rendez-vous. J'espère que Ginny ne m'en voudra pas trop. J'en profite, au point où j'en suis, pour me changer. Ne gardant de mon uniforme que le pantalon, je troque la chemise réglementaire pour un bon vieux T-shirt. Il fait vraiment trop bon en ce moment, autant en profiter.

C'est bon, je suis prêt. Il ne me reste plus qu'à courir à toute jambe jusqu'au terrain de quidditch, ce que je m'empresse de faire (me prenant au passage les pieds dans le tapis de la salle commune, c'est fatiguant d'être moi, vraiment). Autant vous dire qu'arrivé au sixièmes étages, je n'ai déjà plus de souffle, et me contente donc d'alterner courses et reprise éreintante de respiration, jusqu'à la cour.
J'ai un point de côté. C'est horrible.

C'est donc douloureusement que j'arrive sur le terrain, en retard, en plus. Au milieu Ginny m'attends déjà, balai en main, alors que je pose mes mains sur mes genoux en me pliant pour reprendre ma respiration.

Dé... Dé... Solé. J'ai fait... aussi... plus... Vite.

Dis-je en exagérant qu'à peine mon essoufflement à renfort de grandes respirations, tandis que ma phrase a à peine un sens... Bah, il faut ce qu'il faut hein. Ginny a bien changé depuis le début de l'année, et je n'ai pas vraiment envie de la voir en colère. Surtout contre moi. Déjà qu'elle était terrifiante avant quand elle s'attaquait au serpentard, maintenant, elle est carrément flippante. Je n'aimerais pas être à serpentard, franchement.

Si seulement elle pouvait jouer au Quidditch ! Elle vivait déjà un enfer, et on lui refusait le petit privilège qu'aurait été le fait de pouvoir au moins jouer à son sport préféré. L'équipe de Gryffondor avait été rapidement constituée, d'anciens majoritairement, et au début de l'année, Gin' n'avait certainement pas pensé à participer au séléction pour s'inscrire dans l'équipe des rouges et or. D'ailleurs, elle aurait trouvé ça stupide. Déjà que leur présence foutait un bordel monstre dans le continuum espace-temps, s'imposer dans une équipe qui n'était pas de son temps, ça aurait été comme donner un coup de pied dans le train de ce continuum et lui faire un doigt d'honneur (image poétique, pas vrai?). Quand elle avait appris que Luna commenterait les matchs cette année (et même si ses commentaires étaient très drôles), la rouquine lui avait passé un sacré savon. Quand est-ce que tous ses camarades allaient-ils cesser de faire joujou avec le destin, comme ça ? Un jour, il leur damerait le pion, ils seraient foncièrement dans la merde, et là ils devraient considérer leurs erreurs... s'ils en étaient capable. La mort de Grindelwald avait dérangé, mais Gin' avait la désagréable sensation que ses camarades s'en étaient tous remis un peu trop vite.

Enfin bref, plus de Quidditch pour Ginny Weasley alias Meredith Striff, donc. N'empêche que ça lui manquait : la sensation unique que provoquait le fait de voler, cette euphorie, cette sensation de totale liberté. Elle en avait bien besoin, elle qui ne cessait pas de se sentir prisonnière. Elle pouvait toujours aller voler en solitaire, bien sûr, elle l'avait même déjà fait deux ou trois fois, mais le terrain de Quidditch était très souvent occupé, ou les balais de l'école empruntés. Entre les entraînements des quatre équipes et les jojos qui faisaient leur exercice en solitaire, dur de trouver un créneau où avoir la paix. Gin' avait d'ailleurs eu tout le mal du monde à savoir à quel moment avoir le champ libre. Elle avait dû examiner attentivement le planning de réservation du terrain. Il y avait toujours le risque de croiser quelques gêneurs, mais en période d'examens, le terrain était moins souvent prit d'assaut. Les examens... Passer ses BUSE ou se foirer lamentablement et ne rien en avoir à faire, telle était la question ? Dans le doute, Gin' préférait le balai aux révisions.

Elle avait donné rendez-vous à Neville sur le terrain. Pourquoi Neville ? Parce que même si elle était hystérique et plutôt paranoïaque, en ce moment, elle n'en appréciait pas moins la compagnie de seuls amis qui lui restaient, et de tous ses amis, Neville était l'un de ceux qui l'exaspéraient le moins. Elle ne voulait pas de Harry et Hermione, et de leur grande idée d'éradiquer le mal à sa source, ni de son frère qui... qui restait son frère. Elle aurait pu partager ce moment avec Luna, c'est vrai. Mais côtoyer des gens normaux, c'est pas plus mal, parfois, quand même. Elle avait récupéré un exceptionnellement vieux modèle de Brossdur dans la réserve à balais (et dire qu'à cette époque, ça devait être un genre de balai dernier cri!) et s'était avancé vers le terrain. Neville n'était pas encore là. Elle patienta (oui, elle en était capable), craignant un peu qu'il lui ait posé un lapin. Elle ne se contrôlait plus vraiment en ce moment (sans blague?), elle aurait facilement pu lui dire quelque chose qu'elle aurait immédiatement regretté sans même s'en rendre compte. Mais non, il arriva, essoufflé, mais là. Il s'excusa, Gin se sentit mal à l'aise devant tant d'insistance. Tous ses amis, même Luna, finissaient par la prendre avec des pincettes. D'accord, elle l'avait cherché, mais ce n'était pas agréable à constater pour autant.

"Pas de problème puisque tu es là." décréta-t-elle dans un haussement d'épaules. "Je t'ai pas cherché de balai". Elle savait que Neville n'était pas un grand fan de quidditch, même si elle n'avait pas assisté à l'épique scène du cassage de poignet. "Mais j'peux toujours t'en récupérer un si tu veux." Elle disait ça pour la forme, histoire de ne pas lui donner l'impression de ne pas le laisser sur la touche. "Tu vas bien ?"

Je suis un peu étonné de voir Ginny de presque bonne humeur... Ce qui se résume à aucune crise de colère injustifiée et tout ce qui va avec. Alors, je lui souris comme je peux, bien content de la voir, quand même... Même si c'est pour faire du balai. Enfin la regarder faire du balai pour être plus exacte. J'avoue que j'aimerais bien être aussi bon que Ginny, Ron ou Harry au Quidditch, mais je ne suis bon en rien, et mauvais en tout, c'est un secret pour personne. Sauf en botanique, mais même ça, c'est ce n'est pas assez, comme me le rappelait si souvent ma grand-mère. Pourtant, moi, j'aimerais bien être fort en défense contre les forces du mal, ou même en sortilège. Et bien sûr en Quidditch. Je grimace. Ça ne sera jamais le cas, cependant.

Tu as bien fait...

Dis-je pour répondre au fait qu'elle n'ait pas pris la peine de me prendre un balai. On va éviter les catastrophes pour aujourd'hui. Après tout, c'est moi qui doit surveiller qui ne lui arrive rien, pas le contraire. Je ne voudrais pas gâcher son plaisir par un départ précipité à l'infirmerie. Je ne suis vraiment pas doué...

Oh non! Heu... je veux dire, ne te donne pas cette peine, amuse-toi.

Fis-je rapidement avec un piètre sourire pour répondre à sa remarque qui, je l'espère, est juste un politesse. Je ne veux pas de balai. Les chances que je fasse une chute mortelle sont proches de soixante pour cent (on évite les cent pour cent uniquement par la présence de Ginny). Ça ne me dérange pas de rester sur le banc des supporters. Je suis un très bon supporter. Et puis, si ce n'était pas le cas, qu'est-ce que je ferais là?... Bon, j'avoue, juste pour faire plaisir à Ginny, je serais venu. Après tout, c'est mon amie, je lui dois bien ça.
J'hoche de la tête pour répondre à sa question. Ça va, enfin si on oublie mes petits problèmes habituels avec les serpentards, le chaudron explosé ce matin, et le fait que j'ignore, encore et toujours, où est-ce que j'ai rangé mon devoir de métamorphose. En plus, j'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose d'important, mais quoi? Mon rapeltout doit être d'un magnifique rouge écarlate dans ma poche... Bref, la routine au final, alors je présume que ça va. Parfois, j'ai un peu l'impression que je m'en sors mieux à cette époque qu'à la nôtre. L'absence du professeur Rogue et Malefoy doit y être pour quelque chose.
La vraie question, c'est plutôt comme Ginny va, non?

Et toi?

Fis-je timidement, ayant toujours peur de dire un mot de travers et qu'elle s'énerve, tout en ayant peur de l'énerver si elle remarque que je prends des pincettes pour lui parler (elle me rappelle un peu Harry, l'an dernier, quoi qu'on fasse, il y avait toujours une mine quelque part). Cette année fut particulièrement haute en couleur, et même si je n'ai pas l'impression qu'elle veuille passer ses nerfs sur moi, je reste sur mes gardes. Pourquoi faire? Pour mieux me recroqueviller sur moi si cela arrive, voyons.

"On fait aller."

Joli euphémisme pour dire qu'elle allait aussi mal que d'habitude, qu'elle en avait marre de cette époque de merde et qu'elle voulait rentrer chez elle. Ça, Nevy le savait déjà, n'insistons pas. Elle ne se répandit pas en détail et préféra faire ce pourquoi elle était venue, voler.

Elle s'avança vers le milieu du terrain. Ses pieds battirent le sol, et elle s'envola. C'était assez rassurant, de voir qu'elle n'avait rien perdu de ses réflexes, et savait toujours s'élever dans les airs avec autant d'aisance. Gin' avait eu peur de ne plus savoir aussi bien faire, à force de ne pas toucher au moindre balai. Elle avait toujours aimé le quidditch, et le vol de manière générale, cette sensation de liberté, de détachement total. C'est dingue ce que ça pouvait faire du bien ! Gin' se sentait sur un balai comme dans son élément. Elle avait même songé à demander à intégrer l'équipe de Quidditch... quand elle pensait encore qu'elle passerait sa cinquième année à Poudlard en l'an de grâce 1996. il valait mieux pour tout le monde qu'elle ne sache pas qu'elle s'en serait tirée brillamment, il ne lui fallait pas ça en plus quand il s'agissait d'enrager. Son balai fendit l'air, pas très rapide, c'est vrai, mais la famille Weasley était habituée aux vieux balais, n'étant pas une habituée des nimbus 2000 ou des éclairs de feu, ce vieux brossdur très vieux modèle lui allait très bien. Elle ferma les yeux quelques secondes (pas trop longtemps, parce qu'en plein vol, c'est quand même un chouias risqué), puis laissa son regard tomber sur Nevy, qui l'observait depuis les gradins. Elle allait éviter d'être trop longue. Le pauvre, qui n'aimait absolument pas le vol depuis que son premier cours avec le professeur Bibine se soit soldé par un poignet cassé (et encore, il avait eu de la chance que ce soit que le poignet), allait s'ennuyer si elle restait trop longtemps dans les airs, et déjà qu'il était assez gentil pour bien vouloir accompagner la furie, même si elle était tout sauf de la meilleure compagnie du monde dernièrement.

Pourtant, là, elle était certaine qu'elle aurait pu y passer des heures. C'était faux. Si elle avait passé des heures, elle se les serait gelé. D'accord, il faisait beau dehors, et plutôt chaud, mais plus on s'élevait en hauteur, plus on prenait de la vitesse, et plus il était facile d'oublier qu'on serait bientôt en juin. Elle s'accorda quand même une vingtaine de minutes en hauteur, à ne pensait à rien sinon au vent qui la décoiffait, puis elle décida de rejoindre le plancher des vaches. Elle ralentit le rythme, et atterrit en toute délicatesse sur le gazon parfaitement tondu qui recouvrait le terrain de Quidditch. Elle essuya les quelques gouttes de sueur qui perlaient son front (on ne le dira jamais assez, mais le vol sur balai, c'était du sport, et c'était facilement crevant), puis elle alla rejoindre Neville, s'asseyant à côté de lui, déposant son balai d'emprunt à leurs pieds.

"C'est sympa de m'accompagner, je sais que le vol c'est pas trop ton truc... Et qu'en ce moment je suis... pas facile à supporter..."

Elle l'admettait, c'était peut-être la première fois qu'elle admettait de vive voix le fait qu'elle était particulièrement ingérable ces derniers temps. Mais le dire à Neville ou encore à Luna lui posait moins de difficultés que si elle avait dû l'admettre devant Harry (pour prendre un exemple comme ça, au pifomètre).

Contenu sponsorisé