La vie est injuste (pv Miyou :3 )

Non mais ça... ça! C'était le pompon! Non mais sérieusement, c'était abusé! Qu'il joue souvent aux cons, c'était avéré, mais qu'on le punisse à ce moment là, alors, pas quand il n'avait rien fait du tout! Car oui, Dan persistait, il n'avait rien fait du tout, on lui avait tout simplement sauté à la gorge et Dan ben... il avait riposté, forcément. C'était de la légitime défense, sérieusement! Il allait quand même pas se laisser marcher sur les pieds par le premier glandu venu.

Vous voulez des explications, pas vrai? Ben je vais vous expliquer. Dan était tranquille et peinard (accoudé au flipper... hum), il sortait de... euh... un cours quelconque, il ne demandait rien à personne, et comptait tout simplement retourner dans sa salle commune lorsqu'il s'était fait haranguer par un rouge et or dont il ne connaissait même pas le nom. Dan avait eu droit à une flopée d'insultes injustifiées (ou pas)... il n'avait pas comprit grand chose si ce n'est que visiblement, le gryffondor l'accusait de maltraiter la petite Miller. Il eut droit à tous les noms d'oiseaux (et de singes - vous saviez que les sagouins étaient une race de singe?) de l'univers, tout ça pour cette insignifiante petite poufsouffle. C'est dingue le nombre de personnes qui lui étaient tombé dessus du jour au lendemain, tout ça parce qu'il "taquinait" Lauraleen. Elle avait engagé une armée de gardes du corps à son service ou quoi? Dan trouvait ça absurde. D'ailleurs, qu'est-ce que le sort d'une gamine insignifiante comme elle pouvait bien leur faire? Qu'ils se mêlent de leurs oignons, quoi! Lui se moquait bien de leurs vies comme de l'an 40, alors bon.

Bref, la devise de notre cher Dany pouvant être "oeil pour oeil, dent pour dent", il ne lui avait pas fallu plus de deux insultes pour tirer sa baguette de sa poche. Dan était un sanguin, que voulez-vous (dire que c'est un sanguin, c'est plus classe que de dire que c'est un crétin). Mais on l'avait provoqué, c'était normal qu'il se défende!
D'accord... au final, c'était l'autre gryffi qui s'était retrouvé à cracher des limaces dans tout le couloir (le crache-limace, un bon vieux classique bien dégueulasse, mais ô combien efficace. Admirez la rime)... Il l'avait cherché. Mais cette affirmation n'avait pas réussi à convaincre le professeur qui était passé par là. Un total inconnu pour Daniel, sûrement le professeur d'étude des moldus, ou enseignant d'un quelconque autre cours sans importance, qui s'était empressé de lui coller une punition pour le soir même.

Donc il était là, dans cette ancienne salle d'étude qui n'était pas vraiment étrangère au vert et argent, vu qu'on l'avait déjà envoyé plusieurs fois dans cette pièce souvent transformée en salle de colle. On lui avait demandé de faire la punition la plus stupide du monde, mais qui était connue et reconnue dans le monde entier : on lui avait demandé d'écrire des lignes. "Je n'attaquerais pas mes camarades". Sérieusement. Non mais il croyait qu'il avait quel âge, franchement? Enfin... c'était toujours mieux que de devoir récurer les toilettes avec une brosse à dents, ou astiquer pour la nième fois des trophées dont tout le monde se foutait ceci dit... Alors il s'était mit au boulot, parce que plus tôt il aurait fini, mieux ce serait. C'est pas qu'il avait vraiment d'autres choses à faire, mais reconnaissons tout de même qu'être n'importe où ailleurs qu'ici semblait vachement séduisant, à l'heure actuelle. Le professeur quelconque qui le surveillait avait visiblement d'autres choses à faire, il ne passait que de temps à autres pour s'assurer que Dan n'avait pas prit la poudre d'escampette.

Il soupirait sur son parchemin quand la porte de la salle s'ouvrit.

Faut que je trouve une salle pour étudier tranquillement. Oui, je me suis encore fait éjecter de la bibliothèque et oui, je n'irais pas dans la salle commune. Faut sérieusement que j'arrête de m'énerver dès que je vois quelqu'un en train de maltraiter un livre. Non, vraiment, on est à la fin de l'année quoi. L'an prochain, c'est la dernière ligne droite, en tant que septième année il me faudra montrer l'exemple, être sage, disciplinée et clame... Hum, impossible. Je pense que la solution serait que je m'enferme dans la réserve en ermite, le peu d'élève osant s'y aventurer éviterait tout dérapage... Et puis ça serait plus simple pour emprunter à durée indéterminée les livres qui s'y trouve. Je suis certains qu'une tonne d'entre vous se demande ce que j'en fais, de tous ces livres mystérieusement disparu depuis deux ans. Eh bien ça ne vous regarde sincèrement pas. Sachez simplement qu'ils sont en sécurité, loin de mains mal avisées.

L'ancienne salle d'étude doit être vide à cette heure. Ça me semble une bonne idée. Me reste plus qu'à monter deux étages. On aura beau dire, je ne m'y ferais jamais, à tous ces escaliers. Surtout quand ils décident de jouer les fortes têtes. Aussi, au lieu des cinq minutes habituels qu'il me faut pour rejoindre le cinquième étage, je prends bien une demie-heure avant qu'ils n'acceptent de me déposer au bon endroit. Je vous laisse le soin d'imaginer tous les noms d'oiseau dont je gratifie ces charmants escalier, alors que j'arrive enfin à l'étage tant désiré, particulièrement de mauvaise humeur. Tiens, je vais en profiter pour réviser mes cours de runes, n'ayant rien de mieux à faire, ainsi privé de mes livres tant adorés... La prochaine fois, je lancerai un sort de stupéfaction, bien plus discret... Faut apprendre à se faire respecter dans la vie. Je crois que les premières années n'aiment pas quand je suis dans la bibliothèque... Je les sens... Tendues.

Avec un soupir d'agacement après le cirque des escaliers, je pousse la porte de la salle d'étude avec une colère mal contrôlée. Et me fige sur place. Je prends sur moi pour ne pas ouvrir grand les yeux et fermer la porte en silence avant de faire demi-tour, en oubliant le plus naturellement du monde ce que je viens de voir. Cette vision à l'effet d'une douche froide, faisant disparaitre ma colère comme neige au soleil. Et je reste là. Silencieuse, la main sur la poignée. Je ne trouve rien à dire, à vrai dire.... Nan mais ce n'est pas possible? Il y avait une chance sur combien que Chaser soit dans cette salle là, maintenant, tout de suite? Manifestement, il est collé, ce n'est pas très dur à deviner, Daniel n'a jamais été homme à aimer travailler seul dans une ancienne salle d'étude que ce soit pour réviser des cours... Nous sommes d'accord. Je me demande d'ailleurs s'il aura ses ASPIC (pas qu'il soit idiot mais... )... S'il redouble ça compliquerait quelque peu ma tâche. De tous, Daniel est celui à qui j'aurais préféré ne plus jamais avoir à parler.

Hélas pour moi, c'est là qu'une idée me vient. Je maudis mon intelligence. Je serais bien sotte de laisser passer une chance pareille de calmer les choses avec Daniel, même si, si ça ne tenait qu'à moi, je me contenterais de partir. Mais non, il y a aussi Pomona dans l'affaire. Je ne suis pas seule. Pourtant, je suis certaine qu'à ce niveau c'est totalement irrécupérable, tout ce que je vais faire, c'est parler à un mur... Comme toujours.

Contre toute attente, je garde un air neutre, et bien qu'étant resté figée à l'entrée un moment, je finis par rentrer comme si de rien n'était et que je ne venais pas de passer dix longues secondes à fixer Daniel sans un mot. Je vais me poser trois tables à sa gauche, et contrairement à mes envies, je sors une feuille et une plume, commençant à copier je ne sais qu'elle phrase qui me passe par la tête. Vous avez deviné mon idée? Non? Allons, puisqu'il est coincé ici à cause d'une colle, autant lui faire croire que, moi aussi, je suis là contre mon gré, ma colère d'il y a un instant jouant en ma faveur... Ce plan le rendra un peu moins suspicieux. Un peu.

Je trouve cette idée parfaitement sournoise. Ça me plaît, même si, paradoxalement, la souffrance qui va probablement me lacérer le cœur, comme à chaque fois, me fera vite déchanter. Il n’empêche qu'au bout d'un instant de silence, je prends mon courage à deux mains, et je me lance.

Bonjour Chaser...

Ce fut laborieux, vraiment. Je ne vois pas comment commencer autrement cette conversation, aussi agréable que du verre pilé mélangé à du gravier, que par la politesse des politesses. S'il ne répond pas? J'aviserai... Malgré moi, je suis tendue intérieurement, et sur... La défensive. Je sens que cette conversation sera encore plus dure qu'avec Lou et Lestranges.

Dan avait cru un moment que c'était l'autre prof d'il-ne-savait-même-pas-quoi qui était en train de jeter un coup d'oeil pour voir s'il n'avait pas pris la poudre d'escampette (d'ailleurs, pourquoi est-ce qu'il avait pas pris la poudre d'escampette, déjà ? Ah oui, parce qu'on est dans un rp...). Pour quelle autre raison la porte se serait ouverte si longtemps sans que personne ne vienne s'installer ? C'était ce qu'il avait pensé, et il aurait sincèrement préféré que ce soit ça, mais non. Ne s'étant pas retourné pour voir qui le privait de sa solitude, ce fut quand Miyria prit la parole qu'il la reconnut à sa voix. Et ça ne manqua pas : il eut soudain l'impression qu'une gigantesque enclume venait de glisser tout droit dans son œsophage, et transperçait maintenant son estomac. Merde. C'est pas vrai. Qu'est-ce qu'elle foutait là, hein ? Contrairement à Dan, Miy était suffisamment sérieuse pour ne pas finir collée par un enseignant inconnu au bataillon, alors pourquoi diable elle était là ? Pourquoi, bordel de Scroutt dégénéré, elle avait attendu si longtemps devant la porte ? Pourquoi est-ce qu'elle prenait la peine de la saluer alors qu'ils s'étaient tous les deux promis une fois pour toutes de ne plus s'adresser la parole ? Pourquoi, nom d'un veracrasse asthmatique, de toutes les pièces de ce fichu château, il avait fallu qu'elle entre dans celle-ci ? Même si elle était collée, tu parles d'une putain de coïncidence ! Le destin se payait leur poire à tous les deux, constamment. Il pouvait pas leur fiche un peu la paix, pour une fois ?

Dan regarda celle qui avait été son amie un moment sans rien dire. C'était surréaliste, comme à chaque fois qu'ils se retrouvaient seul à seul, maintenant. Il savait déjà que comme toutes les autres fois, il aurait à la fois cette envie contradictoire de la voir déguerpir mêlée à celle de la retenir. Il ne se sentait jamais aussi mal à l'aise que dans ces moments là, et c'était encore plus difficile à assumer que lorsqu'il se faisait sermonner par Ines (au sujet de Jo, pour donner un exemple juste comme ça). Après un moment, il détourna le regard. Eviter tout contact visuel serait sûrement le meilleur moyen de mettre plus rapidement fin au supplice. Il se réintéressa à son parchemin qu'il avait passé son temps à maudir jusque là, lui trouvant soudainement un immense intérêt, et se remit à l'écriture de ses lignes. Lui répondre, ne pas lui répondre ? Elle semblait ne pas vouloir s'en aller. Et entre un silence pesant et une nième dispute totalement vaine, il ne savait pas ce qu'il préférait.
Bon. Va pour la dispute totalement vaine.

"Qu'est-ce que tu fous là ?" demanda-t-il d'un ton froid et sans un soupçon de politesse.

En même temps, il se la posait vraiment, cette question. Qu'est-ce qu'elle foutait là ? Se retrouver dans la même pièce que lui devait être aussi désagréable pour lui que pour elle, alors pourquoi ?

Je retiens un soupir avec grande peine, faisant de mon mieux pour ne pas me raidir devant le ton aussi peu amical que polie. A quoi tu t'attendais Miyria? On récolte ce que l'on sème, comme diraient certains. Malgré tout, j'arrive à garder un air neutre, même si ma plume a cessé de griffonner mon parchemin. Par chance, il semble plus occupé par sa propre feuille que par moi. Je n'en mène pas plus large à vrai dire. Mais il a répondu, et même si sa réponse ressemble plus à une agression qui me donne clairement envie de partir sans demander mon reste, je ne bouge pas. Il a répondu. Ma volonté est plus forte que ma culpabilité. Et puis, ce n'est pas moi qui suit en tord. Si je commence à me dire que si, autant abandonner tout de suite. Moi, je suis sur le bon chemin, c'est eux qui se trompent.
Fort de cette résolution, je me remets à écrire, retrouvant ma confiance tranquille.

Évidemment, je ne fais jamais rien sans y réfléchir un moment, aussi j'ai déjà trouvé l'excuse parfaite pour expliquer ma présence (excuse d'ailleurs trouvée alors que mon cerveau essayait d'accepter la présence de Daniel dans cette salle). Et le pire c'est que je me base sur des fait véridique... Arrivé il y a peu, d'ailleurs. Je n'en rougis pas, j'étais très fière ce jour-là, de la fierté d'avoir fait son devoir, vous voyez? Et avoir prit trois heures de retenues ensuite ne m'a pas gêné plus que cela (jusqu'à ce que je les fasse, du moins).

Un élève de seconde a griffonné un livre devant moi à la bibliothèque.

Mon ton reste prudemment neutre, ignorant sa froideur. Pas besoin de plus d'explication franchement, tout le monde sait que j'ai tendance à perdre mon sang froid devant autant d'irrespect face au savoir, et que toute ma sagesse s'éclipse comme neige au soleil. Il faut vraiment que j'apprenne à contrôler mes sautes d'humeur, un jour, ça me jouera des tours.
J'ai bien pensé, un instant, dire que ma présence était pour rattraper une mauvaise note, mais, franchement, cela aurait été aussi plausible qu'une Pomona redoublant ses Aspic... Là, je soupire, mais pas à cause de Chaser. Si seulement cela pouvait arriver. Je crois que je sauterais de joie, faisant fi de la foule.

Je ne laisse cependant pas ce silence aussi lourd qu'un pudding de Noël se réinstaller entre nous. La potion est tirée, maintenant, faut la boire, aussi amer soit-elle.

Et toi?

Comme si j'en avais quelque chose à faire... Hum, ne pense pas trop fort Miyria. Je regrette déjà d'être rentrée, je ressens un mélange étrange de joie sourde et de colère dévorante comme à chaque fois que je parle à Daniel. A quoi s'ajoute cependant un terrible arrière goût de culpabilité. Et je n'arrive pas à savoir pourquoi. Pourquoi me sentirais-je coupable? Je ne me comprends pas, et ça m'agace terriblement.
Qui a-t-il de pire que l'ignorance?

Elle s'était fait punir pour avoir gueulé contre un élève irrespectueux des bouquins. C'est que c'était une bonne excuse. Une excuse réalliste, en tous cas, et à laquelle Dan voulait bien croire. Il connaissait bien Miyria, très bien même, ils étaient mine de rien très proches avant toutes ces histoires. Et même si ça n'avait pas été le cas, l'amour inconditionnel que sa camarade vouait aux livres n'aurait pas pu lui échapper. Quiconque s'intéressait un minimum à la serpy savait qu'elle traitait les livres comme des objets sacrés (avec plus de respect parfois, même, que certains êtres humains), et que quiconque malmenait un ouvrage, même le plus soporifique du monde, s'attirait automatiquement ses foudres. Donc voilà, excuse valable et donc crue par Daniel, qui ne voyait de toute façon pas d'autres raisons au fait que Miy se retrouve là, obligée à lui adresser la parole. Personnellement, il ne pensait pas une seule seconde qu'elle ait voulu le faire de son plein grès. Ils avaient tous les deux été très clairs la dernière fois qu'ils s'étaient vu, ils n'avaient plus rien à faire l'un avec l'autre. Dan hésita longuement entre répondre à son tour à la question que lui retournait Miyria ou l'ignorait sublimement, histoire de déjà commencer à faire ce qui allait être fait. Ben oui, pour Dan, l'évidence voulait qu'ils finissent tous les deux par se taire, par faire leurs punitions en silence et par ne pas s'adresser la parole une bonne heure avant de quitter la pièce sans un bruit et sans un regard. Au final, il répondit quand même, peut-être parce que dans le fond, il aimait bien conserver l'illusion qu'ils pouvaient encore avoir une conversation normale, même si c'était totalement faux.

"Un abruti m'a agressé sans raison."

Réponse totalement lacunaire, mais c'est pas comme s'il devait des détails à Miyria, ils n'étaient même plus censés s'adresser la parole ! Et peu importe si son récit était faux (çui de Miy l'était tout autant, de toute manière). Même si pour Dan, il ne l'était pas. Fallait que tous ces gens arrêtent de se mêler de ce qui les regardait pas. Pour le vert, Lauraleen était une vraie manipulatrice, à attendrir tout le monde avec son air tout mignonet histoire de se fonder une armée prête à lui fondre sur la tronche dès qu'il faisait un pas dans un couloir. Mais bon, pas la peine d'entrer dans les détails avec son ex amie, surtout qu'ils n'étaient même pas censés s'adresser la parole.

Ils avaient toujours eu une drôle de façon de se faire la tête, en même temps. Ils ne se parlaient pas pendant des mois, comme il le fallait, mais dès qu'il arrivait une occasion comme celle-là, où ils étaient bien obligés de faire avec la présence de l'autre, ils étaient incapables de continuer à s'ignorer. Ils représenteraient toujours quelque chose l'un pour l'autre. Et c'était frustrant. Dan aurait largement préféré avoir réussi à tout oublier de son amitié passée avec Miyria, ça aurait été plus simple. Mais il faut croire qu'on efface pas les vieux souvenirs comme ça. À part à renforts d'oubliettes, bien sûr, mais Dan était pas bien doué pour les oubliettes (on ne voit pas de quoi je parle, évidemment).

J'ai un doute sur le « sans raison ». On n'attaque pas quelqu'un sans raison, sauf s'il est particulièrement faible et ridicule, et que le fait de lui mettre une raclée est un divertissement sans nom pour quelques idiots dont je ne citerai pas le nom. Daniel n'est ni faible, ni ridicule. Au contraire... Alors, je doute fortement sur sa version de fait, et je ne sais pas s'il peut le sentir, mais mon silence sceptique, aussi lourd qu'un pudding de Noël, laisse très clairement entendre ce que je pense malgré moi de son « sans raison ». Après une longue minute de silence, je lance quand même une réplique.

Les victimes se font coller maintenant...? Intéressant comme concept.

Fis-je avec un air faussement "j'en-ai-rien-a-faire", avant de me gifler mentalement. Bravo Miyria, tu vas le vexer. Bravo, vraiment! Ouais, mais déjà, pourquoi quelqu'un l'attaque? Certes, cela aurait été fort sympathique que j'apprenne à cet instant même qu'il avait en fait été attaqué par Black, parce qu'il aurait essayé de parler à Prudence, car cette dernière aurait trouvé encore quelque chose appartenant à Jedusor sous son bureau (après le journal empestant la magie noire sortie de nulle part, pourquoi pas) mais... Je ne me fais pas d'illusion, je vais faire chou blanc encore un long moment. Surtout avec Daniel. Je me rappelle encore de sa nom réponse au sujet de Lena. Dire que je ne lui en veux pas serait mentir. Il m'a laissé l'apprendre de la bouche même de Jedusor. Un jour, je me vengerai pour ça.
La récolte d'information, c'est aussi long que chiant (pardonnez-moi pour ce langage très peu chaste). Si vous voulez mon avis, je n'aurai jamais dû me proposer pour ce boulot, ce n'est vraiment pas mon passe-temps favori. Moi, je préfère de loin rester dans mon coin et m'occuper de mes petits livres. Sauf que si je ne le fais pas, ça sera à Pomona de le faire, est même si elle est très douée pour cela, c'est impossible. Qu'est-ce que lui ferait Jedusor cette fois s'il le remarque? Non, inenvisageable.

Helas, c'est loin d'être aussi simple. Et le cas Daniel est de loin celui qui me semble aussi désagréable que compliqué. Je déglutis, retournant machinalement à mes gribouillages (quel gâchis, un si beau parchemin). Cette conversation, j'ai autant envie de l'arrêter que de l'alimenter. Je ne sais pas quoi faire, et encore moins comment le faire. J'ai juste l'impression d'être dans un buisson de ronce, et que j'aille de l'avant ou en arrière, c'est la même chose, je n'y gagne que de la souffrance. Dans ce cas, autant avancer alors, non? Au point ou j'en suis, je refuse de fuir à toute jambe, j'ai bien trop d'amour propre pour cela.
Malgré tout, je prie pour que le professeur surveillant cette colle n'arrive pas trop tôt. Même si je sais que cette conversation ne mènera nulle part, j'ai juste envie de pouvoir encore me cacher derrière cette fausse excuse pour parler avec lui... Je dois être masochiste, dans le fond.

Mais... mais !! Bon ok, c'est vrai, son discours était pas franchement crédible, mais il persistait, c'était pas de sa faute, s'il était là. Il était la malheureuse victime des circonstances, il n'en démordrait pas. De toute façon, tout le monde était toujours la victime de quelqu'un (c'est pas Laury qui irait le contredire), et quand on se faisait coller, on devenait la victime du système, alors où était le problème ? En tous cas, c'était sûrement pas une remarque du genre qui allait donner du baume au coeur à Daniel ou lui donner envie de sauter dans les bras de Miyria. Il n'avait même pas envie de répondre à ça. S'il répliquait, ça allait partir en cachuète à coup sûr... En même temps, c'était un peu se rendre et laisser Miyria remporter cette manche verbale s'il ne disait rien.

"C'est tout toi, de dire ce genre de conneries. Toi et ta vision ultra manichéenne du monde. Si on t'écoute, les gens sont soit bons, soit mauvais, tu ne laisses le bénéfice du doute à personne."

Voilà, c'était sorti tout seul. À force de ruminer, il fallait bien que ça sorte un jour, et qu'il dise à la vert et argent ses quatre vérités. Oui, il pensait tout ce qu'il venait de dire, et c'était même l'un des plus grands reproches qu'il pouvait faire à Miyria. Elle ne catégorisait peut-être pas les gens à la manière dont le faisait sa grande copine (ou ex copine, s'il avait tout compris) Pomona Fitz, mais c'était pas loin. À partir du moment où elle se faisait une idée sur les gens, elle ne leur donnait pas le droit à l'erreur. Sous prétexte que des gens comme lui ou Lou avaient décidé d'accorder de leur temps et de leur affection à quelqu'un qu'elle considérait d'emblée comme fondamentalement mauvais (en même temps, difficile de lui donner tort, Tom était le mal personnifié), ils devenaient d'un seul coup des personnes à détester eux aussi. C'était tellement réducteur ! Passer outre plusieurs années d'amitié, comme ça ! Elle était tellement sûre d'elle, avec son attitude d'érudite qui ne se trompe jamais, tellement sûre de détenir la vérité des êtres, qu'elle ne tenait pas compte de ce qu'il pouvait y avoir de positif, même chez l'être le plus négatif au monde. Dan aurait voulu qu'elle ne se montre pas aussi vindicative, qu'elle daigne admettre que le monde était composé d'infinis nuances de gris, qu'il n'était pas tout noir ou tout blanc, mais il avait comme le sentiment que c'était peine perdu. Après, peut-être qu'il se trompait lourdement sur elle et sur sa façon de voir les choses... mais c'était comme ça qu'il le ressentait, et ça lui faisait mal.

"Et le pire, c'est que t'es convaincue d'avoir raison. Tu ne te demandes jamais si tu as pu te tromper sur les gens, tu ne vois chez eux que ce qui t'arrange."

Fin de la tirade, retour à sa punition. Ça faisait du bien, des fois, de dire ce qu'on avait sur le cœur...
Mais pas là, là il se sentait tout sauf bien de ne pas avoir préféré fermer sa grande gueule.

Je dois avouer que... J'ai été prise un peu par surprise, là. Au point d'ouvrir grand les yeux, ma plume cessant soudainement de griffonner son parchemin. Ces mots sont comme du poison à mon oreille. Douloureux, mais faisant doucement naître une colère sourde au fond de moi. Ce n'est pas mon orgueil qui parle.
Mais c'est une vérité, les gens sont soit bons, soit mauvais, et s'ils sont entre les deux, ils finiront irrémédiablement par devenir l'un ou l'autre, de grée comme Daniel, ou par la force des choses, comme moi. Il n'y a pas de nuance, ça, c'est juste une idée mises en place pour se conforter dans le dénie et ignorer sa lâcheté en refusant d'accepter la vérité. Une façon comme une autre de refuser de voir ce qu'on est vraiment. Ah, qu'elle fait mal cette vérité mise à nue, n'est-ce pas? Qu'il est difficile de s'accepter, hum? Tout cela n'est, au final, qu'une façon d'avoir le confort de se dire qu'on n'a pas le choix, et ainsi s'alléger la conscience en se disant qu'on n'est pas si mauvais, dans le fond. Après tout, on ne fait que suivre les plus fort, non? Bêtise. La neutralité, la véritable, n'a aucune nuance. Il n'y a que le blanc, le noir, et le gris parfait. Qui pour moi, est le pire de tous.
Mon père est gris. D'un gris écoeurant et sans valeur. Insipide, lâche, plat. Je déteste le gris. Et je sais que c'est ce qu'il attend de moi. Je préfère de loin être entièrement noire ou blanche plutôt que me complaire dans la facilité du gris. J'ai certes bien des défauts, mais je ne suis pas une lâche.

Ce monde est au final comme une grande partie d'échec. On a le choix de la couleur et du camp, mais il faut en choisir un, c'est inévitable, ou alors rester hors du plateau. Mais ne pas entrer de son plein gré, c'est prendre le risque d'y être traîné de force, d'un ou de l'autre coté, sans avoir le choix duquel. Et puis, une fois qu'on entre dans la danse, il n'y a pas de demi tour possible. L'essentiel est d'accepter, ou se résigner. Au final, j'aurais très bien pu aller parmi les noirs, mais je me plais à croire que je suis fondamentalement faite pour être une blanche. Du moins, je l'espère.

C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Par respect pour toi-même, prends la peine de me regarder dans les yeux en me disant de telles choses.

Fis-je d'une voix amère et désabusée, le tout avec un ricanement mauvais. C'est trop m'en demander que de ne rien répondre. C'est facile de lancer ses quatre vérités à quelqu'un sans même prendre la peine de la regarder dans les yeux. C'est tellement lâche. Alors pourquoi ça me blesse à ce point? J'ai comme un pique dans le cœur. Parce que c'est Daniel? Je déteste ce genre d'attitude. Quitta à parler, autant le faire le dos droit, la tête haute, en fixant la personne dans les yeux. Je suis sûre qu'il peut sentir mon regard qui ne le quitte pas, aussi brûlant que sa colère est froide.

Parce que toi, peut-être, tu ne vois pas que ce qui t'arranges? Tu vas me dire que t'acceptes le fait que tu...

"Fonces droit dans le mur pour une personne qui n'en a rien à faire de toi". Je me mords la lèvre pour me taire, si fort que je me blesse et sens ce goût métallique me remplir la bouche. Serrant les poings à m'en blanchir les jointures, j'entends ma plume craquer dans un petit bruit si léger qu'il n'a pas dû l'entendre. Ma plume préférée. Quelle dommage, mais au moins, mes lèvres restent closes. Je ferme les yeux et m'oblige à reprendre doucement ma respiration, alors que je sors ma baguette de ma manche, murmurant deux sorts, l'un pour ma lèvre, l'autre pour les taches d'encres qui s'étendent sur ma main. Je déteste plus que tout perdre le contrôle. Pas des choses, mais de moi-même.
J'ai failli commettre l'irréparable.

J'ai peut-être quelques torts sans cette histoire, je ne le nie pas, mais je ne suis pas la seule.

C'est la première fois que je reconnais avoir tort dans tout ça. Un début. J'ai l'impression d'avoir un gout amer sur la langue. Et là, on ne parle plus de colles, encore une fois.

Comment ça, c'était l'hôpital qui se foutait de la charité ? Elle croyait quoi ? Que sa vision des choses n'était pas lucide. Mais si, elle l'était totalement. Il savait parfaitement que quand on le traitait de toutou, il y avait un fond de vérité, il savait parfaitement que l'admiration qu'il avait pour Tom dépassait le domaine du rationnel, il savait que ce n'était pas sain, mais puisqu'il ne se sentait bien que comme ça, alors peu importe. Enfin... se sentir bien, c'était un bien grand mot. Dan aurait été fichtrement incapable de dire quelle avait été la dernière fois où il s'était vraiment senti heureux. À certains moments, il ressentait bien quelques instants fugaces de bonheur, c'est vrai, quand il était avec Ines, ou qu'il buvait un verre avec Jo, quand Tom se montrait moins désagréable avec lui que d'habitude... mais globalement, on ne pouvait pas dire qu'il était quelqu'un de joyeux ou d'épanoui. Il se complaisait dans son malheur, c'était ça la vérité, mais à ce sujet, il était plutôt lucide. Enfin, au moins il le pensait. Pas la peine de regarder Miyria dans les yeux pour lui asséner ce genre de vérités, les conversations qui s'accompagnaient de signes de respect étaient bien loin derrière eux maintenant, non ? C'était pas la peine de faire semblant. Qu'il lui parle en la regardant face à face ou pas, qu'est-ce que ça pouvait bien changer. Il pensait ce qu'il venait de dire, il l'aurait pensé tout autant en s'obligeant à garder ses pupilles fixées sur les siennes. Dan pensa deviner le contenu de la phrase que Miyria avait décidé de ne pas finir. Dans tous les cas, ça avait évidemment un rapport avec Tom, dans ce cas, elle avait bien vu, c'était peine perdu de finir la sentance qu'elle avait entamé, parce que quand il s'agissait de Tom, il n'écoutait pas. Ouais, il fonçait droit dans le mur, mais s'il avait envie de se prendre des briques dans la tronche, il avait le droit, non ? Au nom du droit inaliénable d'être un grand masoshiste devant l'éternel.

Il avait été décidé à ne pas lever les yeux, juste pour ne pas faire ce plaisir à Miyria, mais finalement, il changea d'avis, pas volontairement, en fait. C'est sous l'effet de la surprise qu'il avait fini par regarder en direction de la jeune fille. Elle avait admis avoir ses torts dans l'histoire. C'était la toute première fois qu'elle admettait ça. Il fronça les sourcils. Pour un peu, il lui aurait posé la main sur le front pour être sûr qu'elle n'avait pas de la fièvre. Mais non, faut pas exagérer. Elle admettait avoir eu tort. Elle s'attendait sûrement à ce qu'il fasse pareil de son côté. Mais il ne faut pas oublier que si Miyria était une tête de mûle, Dan aussi, dans son genre, et suffisamment pour s'être toujours convaincu que c'était elle qui avait tous les torts. Même maintenant, il n'avait pas tous les torts.

"Crois ce que tu veux. Moi je n'aurais jamais coupé les ponts avec toi."

(Sorry! J'ai pris un retard de fou :/ :/ )

Je ne sais que répondre devant ce que vient de dire Daniel. Un instant, je reste silencieuse. Un peu surprise, il faut bien l'avouer. Oui, peut-être n'aurait-il pas eu le courage de couper les ponts comme je l'ai fait, de façon décidée et radicale, mais est-ce que sa solution aurait été réellement meilleure que la mienne ? Qu'est-ce que cela nous aurait apporté de rester amis, si ce n'est de la souffrance. Je comprends ses paroles, mais je ne les approuve pas. Je vois d'ici, ce qui se serait passé, si c'est Daniel qui avait dû prendre cette décision à ma place. Oh oui, nous serions restés en contact, mais petit à petit, notre relation n'aurait fait que se détériorer. C'est comme choisir entre s'amputer de la jambe, ou attendre qu'elle s'infecte totalement pour le faire. Au lieu d'une coupure rapide bien que douloureuses, nous aurions vécu une longue période de souffrances pareilles de l'agonie avant de finalement en arriver au même point. La seule différence, peut-être, aurait été que notre amitié se serait transformé en haine, peut-être?

Et est-ce que cela aurait été une meilleure solution? Est-ce que tu penses vraiment que cela aurait été une meilleure chose ?

Pour une fois, réellement, ma voix n'a aucune once d'animosité. Je pose une question, j'attends une réponse, c'est tout. Il peut me reprocher ma froideur, il peut me reprocher ma vision des choses, mon aversion pour Jedusor, et si il y tient ma décision, mais en aucun cas je suis la seule responsable ici. A vrai dire, le seul et unique responsable, celui à cause de qui on en est arrivé là, n'est même pas ici. Nous ne sommes que des pions. C'est vrai au fond, on donne de l'importance à tout cela, alors qu'il n'en est rien. Notre amitié à moi et Daniel, si on y regarde bien, n'est juste qu'un détail, un dommage négligeable et collatéral. Le genre de petits détails dont il n'a rien à faire. Qui en a quelque chose à faire des sentiments et des blessures des pions ? Tout ce qui compte c'est que nous avancions sur l'échiquier, tels qu'ils le souhaitent.

Je ne dis pas que ma solution était meilleure que la tienne, mais...

Mais moi j'ai agi. J'ai évité l'infection, nous enfermant dans le regret, à la place. Mais cela par contre je ne peux pas le dire à haute voix. Après tout, je ne dois pas oublier la raison pour laquelle je me force à parler avec lui. Enfin, je dois faire attention, j'avoue m'emporter facilement quand on parle de cette histoire. Probablement est-ce mon talon d'Achille, la partie douloureuse qui a du mal à cicatriser.
Ou alors, suis-je tout simplement trop sensibles. J'avoue cependant que la dernière option me semble impossible. Ce n'est pas parce que je regrette encore la perte de Daniel, Lou, et Perséphone que je suis sensible. N'est-il pas normal de regretter ses amis, n'est-il pas logique d'être attristé par leurs pertes ? Parfois, j'hésite sur la réponse à cette question. Pour une fois que je me montre un peu moins froide, j'ai l'impression que je ne devrais pas. Je devrais prendre exemple sur Pomona.
Est-il possible de fermer son coeur pour ne plus rien ressentir ? Peut-être qu'elle est là, la solution, au final....

Est-ce que sa solution aurait été la meilleure ? Dan voulait croire que oui. Il aurait pu profiter de la présence de Miyria dans d'autres circonstances que dans une atmosphère toujours aussi tendue, ils auraient pu discuter comme avant, sans se prendre sans arrêt le bec. Oui, il voulait croire que sa solution aurait été ce qu'il y avait de mieux pour eux deux, mais s'il devait être honnête avec lui-même, il devait bien avouer qu'elle avait raison. Il s'illusionnait en essayant de se convaincre lui-même qu'il pouvait poursuivre une relation normale avec les gens à qui il tenait, quand bien même ils étaient en désaccord avec ses choix, mais c'était faux. Même si ce n'était pas maintenant, il arriverait forcément un moment où sa dévotion envers Jedusor ferait barrière. Avec Miyria, c'était juste arriver plus tôt qu'avec les autres. Il suffisait de voir où il en était avec Ines. Avec sa belle, il adoptait exactement la solution que Miyria considérait comme bancale, et effectivement, elle l'était. Pour l'instant, ça allait, ils arrivaient à s'en satisfaire tous les deux, mais ça ne durerait pas, ça ne pouvait pas durer. Il voyait la fin de l'année approchait, et il savait que son départ de Poudlard risquait très fortement de mettre un terme à leur histoire. Somme toute, il semblait qu'il n'avait que deux choix : abandonner ceux qu'il aimait tout de suite ou les abandonner plus tard. Aucun de ces choix n'étaient satisfaisants, mais voilà, ils étaient nécessaires. Pour une fois, il était bien contraint de donner raison à son interlocutrice. Inutile de vous dire que ça lui écorchait la langue.

"Ouais... y'a aucune bonne solution, en fait hein..."

Chiant, comme constat. Il aurait bien voulu qu'une solution miracle lui tombe du ciel, mais évidemment, il n'y en avait pas. Enfin si, certains rétorqueraient sans doute à Dan que la solution, c'était de laisser tomber Tom et ses magouilles, mais il ne le pouvait pas. Il en était incapable, il arrivait à se convaincre qu'il serait plus malheureux en n'étant pas au service de Tom que le contraire. Sa dévotion envers son grand manitou était trop grande...

"Je veux plus te parler, Miyria. On sait très bien à quoi ça nous mène, quand on essaye de parler... alors laissons tomber."

ça découlait logiquement des réflexions qu'ils venaient de se faire. Puisqu'ils n'arriveraient jamais à recoller les morceaux, pourquoi se faire inutilement du mal ? Mieux valait qu'ils continuent leur route chacun de leur côté, et qu'ils ne cherchent même plus à s'adresser la parole quand ils se voyaient. Il baissa donc les yeux sur son parchemin et décida de joindre l'acte à la parole. Il allait faire comme si elle n'était pas là. Ce serait dur, mais le mieux. Pour eux deux. Oui oui, il était en pleine phase d'auto-conviction, là.

C'est bête, j'essaie de me convaincre qu'il y a un espoir tout en étant trop pragmatique pour y croire. J'essaie de croire en quelque chose que j'ai détruis de mes propres mains. C'est comme si je voulais admettre l’existence de la petite souris, juste après avoir démontré par a plus b qu'elle ne pouvait exister. Pourtant je sais depuis le début qu'il n'y a plus rien de possible avec Daniel. Je sais que je n'y gagne que plus de douleur à chaque fois que j'essaie... Mais je m'accroche à cette souffrance, je m'accroche à cette épine dans mon cœur que je laisse s’infecter volontairement, contemplant la plaie béante avec une étrange satisfaction. Une satisfaction profondément malsaine.
Ça me rassure de savoir que je peux souffrir. J'en ai conscience. Je sais que c'est mal. Et quand bien même j'en souffre à me rouler par terre, ça me va. Je préfère ça à l'indifférence. c'est toujours mieux que de ne plus rien ressentir... Je crois. La passivité reviendrait à oublier le mauvais, mais aussi le bon de notre amitié, a faire comme si tout cela n'avait jamais existé, et ça... Je n'y arrive pas.

Pourquoi? Pourquoi, alors qu'avec Lena et Lou j'ai laissé tombé sans aucune résistance, presque lassée de revoir éternellement le même schéma se répéter, pourquoi je n'arrive pas à lâcher prise avec Daniel? Parce que c'était le premier? Ce n'est pas lui qui s'accroche à vrai dire, c'est moi. Ça a toujours été moi. C'est moi qui reviens toujours vers lui. C'est moi qui crie. C'est moi qui cherche l'affrontement. C'est moi qui fait semblant d'être en retenue, juste pour... Pour quoi?
Je soupir avant de secouer la tête. Je suis presque lasse, et pourtant je refuse d'y mettre fin. Est-ce vraiment lui le plus lâche de nous deux?

''Je comprends...''

Mon ton est amère malgré moi. Il a raison. Il n'y a pas de « bonne » solution. Il ne sert a rien de se parler, dans ces conditions. Cela ne nous mènera jamais nulle part. C'est... Sans espoir. J'en ricane dans mon coin, rangeant mes affaires. Même a mes oreilles, ce son sonne faux.

''Oui... Tu as raison. ça ne sert a rien de continuer.''

Le dire à haute voix est... Étrange. Ça n’enlève en rien mon amertume, ça me permet juste de... L'accepter. Je ne me sens pas plus légère ou libérée d'un poids quelconque, mais... Je comprends. Il n'y a aucune solution. Il n'y en a jamais eu. Je savoure cet étrange mélange d'acceptation et de dépit, analysant chaque émotions qui suit cette acception. La colère. La tristesse. La haine. L'agacement... Je rends les armes.

le professeur revient enfin voir où en est Daniel dans sa punition, remarquant alors ma présence. Il me sermonne sur le fait que je n'ai rien a faire là mais... je ne l'écoute que vaguement. Pour une fois, je n'en ai rien à faire. Je préfère me concentrer sur ce goût acre dans ma bouche, sur cette colère qui s'insurge devant mon acceptation. J'ai envie de crier, comme d'habitude, de jeter les pires vérité à la figure de Daniel. Pour le faire réagir: Qu'il fuit, qu'il hurle ou qu'il m'attaque à son tour, qu'importe, tant qu'il ne m'ignore pas... Fascinant. Pitoyable. Je ne me savais pas aussi entêtée, mais là... J'en viens même à me liguer contre ma propre raison. Si la situation n'était pas aussi singulière, j'en rirais.
A la place de quoi, je quitte ma table en silence et rejoins la porte. Je n'ai pas la force de me retourner. Si je le fais, je vais lui jeter mon sac à la figure, déchirer son devoir, casser sa plume, pour peu qu'il réagisse, pour éviter cette impasse d'indifférence...
Mon ton est de nouveau froid, et parfaitement faux, quand je prends la parole une dernière fois, tout en quittant la pièce, une boule de colère coincée dans la gorge.

''Porte toi bien Chaser...''

Lâche prise me murmure ma conscience, ça te détruira...

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