Ces derniers temps, Rhian tentait tant bien que mal de prendre sur lui, de faire des efforts, mais c’était loin d’être vraiment évident. Au final, sa situation ne s’arrangeait pas vraiment. Du moins, le jeune garçon n’avait pas le sentiment qu’elle s’arrangeait. Un taré avait toujours envie d’en finir avec lui pour éviter qu’il se marie avec celle qu’il considérait encore il y a peu comme juste sa meilleure amie (aujourd’hui, il n’avait aucune idée de comment il devait la considérer en fait) et qu’il ait des enfants (enfin, un enfant, mais Rhian ne connaissait pas tous les détails non plus). La situation avec Louisa justement était particulière, même si Rhian comme dit précédemment faisait des efforts pour prendre un peu sur lui. Et puis Purdey Potter était toujours en convalescence. Bon, elle allait mieux quand même, puisqu’elle était réveillée, mais ça n’enlevait pas le fait qu’elle était quand même encore mal en point. En tout cas, Rhian savait qu’il n’allait pas retrouver sa mère en forme tout de suite, mais au moins elle était vivante. Au final, sa situation aurait pu être pire. Même si concrètement, le jeune garçon avait quand même un peu de mal à voir les choses de la « bonne » manière.

Le week-end que Rhian venait de vivre avait été horrible donc, même si en soit, il ne s’était pas passé grand-chose. C’était quelque chose qu’il devrait apprécier, mais quand il ne se passait rien, quand il ne faisait rien, le rouge et or avait trop tendance à ressasser tout ce qui était en train de lui arriver. Au final, Rhian ne parvenait même plus à croiser quelqu’un dans les couloirs de Poudlard sans se demander si c’était un de ces mages noirs aux ordres de ce Voldemort, ou des membres de la résistance. Puisqu’apparemment, il y avait quand même quelque résistant dans les murs de l’école de magie et certain devaient même veiller à ce qu’il ne lui arrive rien, et qu’il n’arrive rien à Louisa non plus. Bon, Rhian savait que Luna s’en chargeait en grande partie… mais ça avait quand même tendance à le rendre carrément paranoïaque. Même dans la salle commune des Gryffondor le jeune garçon ne pouvait pas s’empêcher de se poser des questions, alors quand il était question d’aller en cours. Mais quand il arriva en classe ce jour-là, il fut ravi parce que c’était un cours en commun avec les Poufsouffle. Il avait deux raisons d’être content d’être en cours avec les deuxièmes années des jaunes et noirs, parce qu’il y avait sa sœur et Hyppolite. Sa sœur était assise à côté d’une de ses camarades, ça lui allait, il s’installa près de son meilleur ami.

« Salut ! » Lui dit-il alors, profitant que le cours n’était pas encore commencé. « Comment s’est passé ton week-end ? »

Le rouge et or savait que son meilleur ami était rentré chez lui ce week-end. Rhian espérait que ça s’était bien passé, puisqu’il savait que Hyppolite n’était pas plus chanceux concernant sa propre famille, avec son père constamment en voyage. Et bien sûr, Rhian ne se doutait pas que ce dernier s’apprêtait à partir de nouveau d’ailleurs.

Rhian avait tendance à vraiment déprimer ces derniers temps, mais l’idée de pouvoir passer une heure de cours avec Hyppolite lui redonnait un peu de baume au cœur. Le jeune garçon appréciait de pouvoir discuter un peu avec son meilleur ami, afin de pouvoir oublier un peu les tracas qu’il avait. Et qu’il ne pouvait même pas en parler avec son ami. Non pas qu’il n’en avait pas envie, mais moins de personne était au courant, mieux c’était. Quand Hyppolite haussa les épaules, le jeune garçon comprit tout de suite que son week-end ne s’était pas très bien passé. Le rouge et or savait que la situation n’était pas idéale pour son ami chez lui, à cause de son père souvent absent et de son cousin qui en plus prenait sa place. Le jeune garçon ne savait pas comment il supporterait que quelqu’un arrive chez lui et prenne l’affection de sa mère. Autant dire que Rhian comprenait que ça ne soit pas évident pour son ami dernièrement, surtout encore plus quand il entendit ce qu’il lui affirma.

« Encore ? »

Demanda-t-il, même s’il n’avait pas besoin de précision. Mais c’était plus une manière pour lui de montrer son étonnement, parce qu’il savait que son père n’était pas rentré depuis bien longtemps. Justement, il avait un peu le sentiment que le père de son ami était rentré très récemment. Bon, Rhian ne suivait peut-être pas complètement les détails, mais c’était ce qu’il avait cru suivre. En tout cas, Rhian comprenait bien que son meilleur ami soit quelque peu dérangé par cette situation. À sa place, il était évident que le rouge et or ne manquerait pas de montrer son mécontentement, ce qu’il faisait déjà beaucoup trop dernièrement d’ailleurs. Mais ce n’était pas juste. À se demander si ses parents savaient prendre un peu soin de leurs enfants ? Bon, d’accord, le rouge et or faisait un peu trop le rapprochement avec sa mère qui avait promis de ne plus retourner au front et qui pourtant avait quand même réussi à se faire blesser lors d’une mission. Tu parles d’une promesse, elle n’avait rien fait du tout. Elle s’était contenté de leur mentir, comme elle savait malheureusement trop bien. Et pas que sur ça… Enfin bon, ça ne servait à rien qu’il tourne en boucle sur ça.

« Ça va. » Dit-il en haussant les épaules à son tour. « Comme d’habitude. »

Bon, donc en réalité il n’allait pas trop bien. Ça se comprenait avec le fait que sa mère avait failli mourir, qu’elle avait été entre la vie et la mort. Ce n’était plus le cas maintenant, mais de toute façon Rhian ne pouvait pas parler d’autre chose avec son meilleur ami. Ça le frustrait énormément, en réalité il avait envie de tout dire à Hyppolite, mais il ne pouvait vraiment pas se permettre de le faire. Il n’avait aucune envie de mettre en danger le jaune et noir… puisque c’était ça le truc. C’était une question de vie ou de mort.

Rhian n’eut pas de mal à comprendre qu’Hyppolite n’avait pas spécialement apprécié ses propos quand il reprit la parole, quand il lui demanda comment il allait d’habitude. Le jeune garçon n’eut pas spécialement le sentiment que son meilleur ami se soit montré très… agréable en lui rétorqua ça. Pas plus quand il affirma ensuite que s’il n’avait pas envie d’en parler, il faisait comme il voulait. Rhian se trompait peut-être, mais il avait le sentiment d’avoir vexé son ami. En même temps… il savait bien qu’il lui cachait des choses et peut-être que le Poufsouffle comprenait quelque chose. Ou alors, Rhian était simplement trop paranoïaque, parce qu’il ne savait pas vraiment comment faire concernant tout cela et son meilleur ami. Depuis qu’il connaissait la vérité, il avait envie d’en parler à Hyppolite, il avait envie de partager ce qu’il vivait avec lui. C’était normal non ? Hyppolite pouvait tout lui raconter, il lui parlait souvent de son père qui ne manquait pas d’être clairement un mauvais père (bon, ça c’était parce qu’il se rangeait évidemment du côté de son ami), mais lui… eh bien en quelque sorte, il ne lui disait vraiment rien. Ce n’était pas contre le jaune et noir évidemment, Rhian avait envie de lui en parler. Mais il ne savait pas s’il pouvait le faire, il ne savait pas s’il pouvait se permettre de le mettre dans la confidence. Après tout, il était quand même en danger, il y avait un taré dehors qui avait envie de le tuer dans le seul but de ne pas le laisser avoir de descendance avec Louisa…

« C’est pas ça. » Se justifia-t-il tant bien que mal, ne répondant sans doute pas du tout de la bonne manière. Mais il n’y pouvait rien, le jeune garçon se sentait particulièrement mal à l’aise. Il leva un instant son regard vers le professeur, avant de le baisser vers le parchemin où il était censé prendre quelques notes. « Tu sais bien, avec ma mère, tout ça… c’est pas facile. »

Bon, sa mère avait clairement bon dos dans la situation, même si c’était bel et bien compliqué pour lui en ce moment à cause de ce qui arrivait à Purdey. Rien n’enlevait le fait que sa mère était entre la vie et la mort et que donc, ce n’était pas évident. Mais s’il n’y avait eu que cela en même temps… Pendant une fraction de seconde, le jeune garçon hésita à en dire plus à son meilleur ami. Il avait vraiment envie de se confier, mais il ne pouvait pas prendre un tel risque. Surtout que cela ne concernait pas seulement lui. Ça touchait directement Louisa, ainsi que Cenlyn aussi par ricochet. Il ne pouvait peut-être pas prendre la décision de tout révéler à Hyppolite tout seul. Et quelque chose lui disait que la résistance n’aimerait peut-être pas ça non plus. Encore une fois, Rhian avait un peu le sentiment de ne plus avoir le moindre contrôle sur sa vie.

Rhian ne pouvait pas s’empêcher d’espérer qu’il allait convaincre Hyppolite que c’était que l’état de sa mère qui faisait qu’il n’allait pas fort. En même temps, le fait que Purdey soit dans le coma ne l’enchantait clairement pas. Il avait le sentiment de ne plus avoir de parents à présent, parce que son père était mort et que sa mère était presque morte. Bon, elle allait peut-être s’en remettre, mais en même temps les médecins ne semblaient pas vraiment optimistes et cela commençait à faire long. Donc, forcément, Rhian se sentait mal par rapport à tout cela, mais ce n’était qu’une chose parmi tant d’autre. Sauf que Rhian ne se voyait pas en parler à son meilleur ami. Ça l’embêtait clairement de lui cacher ça, de ne pas lui révéler la vérité, mais en même temps il ne savait pas du tout comment lui en parler. Franchement, il ne se voyait pas lui dire de but en blanc qu’il connaissait juste son futur, qu’il allait se marier avec Louisa, avoir des enfants, que William Black était son petit-fils… et que tout cela faisait qu’un taré avait l’intention de le tuer pour éviter justement que la lignée Potter ne continue. Ce n’était pas le genre de chose qu’il pouvait raconter à son meilleur ami, même s’il avait envie de se confier bien entendu. Quand bien même, il ne cherchait pas non plus à se plaindre constamment (alors qu’il n’était pas vraiment agréable en ce moment et qu’il avait tendance à le faire énormément). Mais Hyppolite avait ses propres soucis, il ne voulait vraiment pas l’embêter. Il cherchait donc à convaincre Hyppolite.

Sauf que ce n’était pas si évident que ça… Quand le jeune homme affirma qu’il le savait, avant d’affirmer qu’il était lourd quand il s’y mettait. Rhian n’avait pas du tout envie que son meilleur ami crois qu’il était lourd. Rhian s’en voulait… mais en même temps il ne pensait vraiment pas pouvoir lui parler de tout ça.

« Mais non, tu n’es pas lourd. »

Dit-il alors, se disant qu’ils devraient sans doute s’arrêter là. D’ailleurs, Rhian porta son regard vers le professeur, commençant à prendre quelques notes, même s’il n’en avait que faire de ce qu’il était en train de raconter. Il s’en voulait vraiment de ne pas dire la vérité à Hyppolite alors que forcément, il avait envie de lui en parler. Qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que ce dernier allait pouvoir l’aider, le soutenir… ne serait-ce qu’être là pour lui. Il n’y avait pas grand monde que le jeune rouge et or supportait en ce moment. Il y avait sa sœur et Hyppolite en fait… parce que même Louisa c’était compliqué. Même s’il l’adorait toujours autant, c’était quand même un peu différent maintenant entre eux.

« Bon… » Dit-il finalement en baissant un peu la voix et en tournant son regard vers son meilleur ami. « D’accord, il y a un truc… » Il espérait qu’il n’était pas en train de faire une erreur. « Mais je suis sûr que tu ne vas pas me croire. »

Rhian était persuadé que son ami risquait de ne pas le croire, parce que concrètement il ne savait même pas si de son côté, il aurait cru une histoire à ce point dingue. Et pourtant, et pourtant, tout cela était vrai de chez vrai. Rhian ne savait pas s’il pouvait se permettre de faire ce qu’il était en train de faire – c’est-à-dire révéler la réalité à Hyppolite – mais il le faisait. En même temps, ça faisait tellement longtemps qu’il lui cachait la vérité. Il n’avait pas envie de continuer, il avait envie de vraiment se confier. Cela faisait longtemps qu’il avait envie de lui en parler, mais qu’il se retenait de le faire en partie parce qu’il se doutait qu’il le prendrait pour un dingue, en partie aussi parce qu’il ne savait pas s’il pouvait se permettre de le faire. Dans tous les cas, il venait de prendre sa décision maintenant. Il allait lui en parler. Et quand Hyppolite l’invita à le faire, il eut un peu le sentiment qu’il le mettait au défi de voir s’il allait le croire ou non. Ils allaient voir.

« Bon, d’accord. » Dit-il d’abord, marquant une pause pour remettre un peu tout ça à sa place. C’était qu’il y avait quand même pas mal de chose à dire et qu’il ne devait pas commencer par le mauvais bout. Autant commencer par le commencement, afin que son meilleur ami comprenne bien la situation. « Tu te souviens des étudiants de Salem qui était là, l’année dernière. » Bon, Luna était toujours là, mais puisque Harry faisait partie du lot qui était partie et que cela concernait plus directement Harry… il allait dire ça. « Eh bien, ils viennent du futur. »

Paf, premier truc improbable à faire avaler à son meilleur ami. Il n’avait aucune idée de si le jeune garçon allait commencer par avaler cette information. S’il ne le faisait pas, le reste de l’histoire ne serait absolument à rien. Pour autant, le rouge et or continua parce que concrètement, ce n’était pas le fait qu’il vienne du futur qui avait le don de le perturber à ce point.

« L’un des garçons de ce groupe s’appelle Harry Potter. » Il marqua une pause. « C’est genre… tu sais mon descendant, mon petit-fils, mais qui est venu du futur. » Vraiment, il allait gober ça ? « J’ai découvert que dans le futur, je vais épouser Louisa et… tu vois, avoir une famille. » Et donc, ils allaient arriver à Harry. Et ce n’était pas tout en prime. Parce que déjà, rien que ça avait le don de chambouler n’importe qui, mais il y avait pire encore. « Apparemment, Harry doit avoir un rôle dans le futur, et il y a un psychopathe qui aimerait bien éviter qu’il voie le jour. Et pour ça, bah il veut s’en prendre à moi et Louisa. »

Rhian ne détourna pas son regard de Hyppolite, attendant une réaction de sa part. Une réaction qui allait lui dire s’il le prenait pour un dingue, ou s’il le croyait.

Rhian a bien conscience que tout ça va être difficile à avaler pour Hyppolite, et en même temps, on ne peut pas vraiment dire qu’il le ménage non plus. Le jaune et noir voulait savoir, maintenant il savait, tout simplement. Rhian n’y va pas par quatre chemin, pour la simple et bonne raison qu’il ne se voit pas attendre que son meilleur ami accepte un détail pour en rajouter un autre ensuite, un autre détail qui tue. Le voyage dans le temps, le petit fils, la futur femme et le psychopathe, quatre points qui avaient tendance à rapidement prendre la tête de Rhian. En même temps, le rouge et or misait sur n’importe qui capable de supporter tout ça, à seulement douze ans. Bref, il n’y va pas par le dos de la cuillère et le jeune garçon se rend bien compte que ce n’est pas facile pour Hyppolite d’avaler tout ça (une trop grosse cuillère donc). Le jaune et noir ne dit rien pendant un moment et Rhian décida de ne rien dire de plus non plus, de se contenter d’attendre que la pilule arrive à passer. Parce qu’il se doutait que ce n’était pas évident. En un sens, Rhian avait fait les choses dans l’ordre, apprenant les choses petits à petits. Mais puisqu’il ne s’était pas du tout confié à Hyppolite depuis le début, il avait un certain nombre de train en retard.

Au bout d’un moment, finalement, le jeune garçon reprit la parole. Rhian se sentit blessé sur le coup en entendant son ami lui demander de jurer que ce n’était pas des salades. Il aurait bien aimé que Hyppolite le croie sur parole tout de suite, sans avoir besoin qu’il promette que c’était la vérité. Parce qu’après tout, Rhian avait prévenu que c’était dingue et qu’il devait être prêt à tout entendre. Mais en même temps.. eh bien le rouge et or savait que ce n’était pas évident de croire une histoire pareille et que ça ne servait à rien qu’il s’agace. Au contraire, Hyppolite ne remettait pas concrètement sa parole en doute, il lui demandait simplement de confirmer que c’était bien vrai. Il ne lui riait pas au visage pour la blague qu’il venait de lui faire.

« Tu crois que j’arriverais à inventer un truc aussi dingue ? » Demanda-t-il alors, mi sérieux, mi amusé. Parce qu’en un sens, le jeune garçon se demandait vraiment comment il pourrait faire pour avoir autant d’imagination. Mais il reprit tout de même, plus sérieusement. « Non sérieusement... c’est vraiment la vérité. Je te jure que je te mène pas en bateau. »

Et il espérait que son meilleur ami allait le croire donc.

Rhian était soulagé de voir que Hyppolite le croyait vraiment, qu’il ne mettait pas en doute ses propos. Même s’il était évident que le jeune garçon trouvait ça dingue, le rouge et or ne pouvait pas vraiment en vouloir à son meilleur ami de trouver ça fou. Lui-même trouvait ça complètement dingue, et il n’était pas sûr qu’il ait cru à tout cela s’il n’avait pas eu des preuves, s’il n’avait pas été confronté à tout cela. Il appréciait donc qu’il le croit, parce qu’il n’avait vraiment pas cru que ça allait être le cas et qu’il n’avait aucune envie de se prendre la tête avec Hyppolite, il n’avait pas vraiment besoin de ça maintenant. Même si, forcément, Rhian comprenait qu’il lui en voulait un peu de ne pas lui avoir dit avant. Rhian s’en voulait, s’il avait su que Hyppolite le prendrait comme ça, il lui aurait sans doute dit avant. Mais en même temps, il n’était pas vraiment censé en parler à tout le monde. Cenlyn était au courant, parce que s’il savait quelque chose, il était normal qu’elle le sache aussi, ils n’avaient aucun secret (ou presque). Louisa aussi le savait parce que la menace le touchait aussi, et qu’elle devait se montrer prudente. Mais Hyppolite n’était pas censé savoir tout cela, moins de personne était au courant mieux c’était. Même si, dans tous les cas, Rhian se sentait quand même soulagé que son meilleur ami soit enfin au courant, il en avait assez de ne pas réellement pouvoir lui dire ce qui le tracassait. Il ne voulait pas mentir à Hyppolite, mais il le faisait quand même par omission.

« Je suis désolé, mais je ne savais pas du tout comment t’en parler… » Il ne pouvait pas s’empêcher de s’excuser auprès de son ami, parce qu’il sentait bien qu’il n’aimait pas le fait qu’il ne lui en avait pas parlé. Il connaissait quand même suffisamment Hyppolite pour se rendre compte quand quelque chose ne lui plaisait pas.

Même si, dans tous les cas, visiblement, le jaune et noir avait l’intention de l’aider. Rhian se sentit touché, mine de rien, quand il entendit son meilleur ami lui demander ce qu’ils pouvaient faire. Oh, sans doute rien du tout, mais ça lui faisait quand même du bien de se dire qu’il avait le soutien de son meilleur ami. C’était ce dont il avait le plus besoin en même temps, du soutien. Parce qu’avec tout cela, on ne pouvait pas nier le fait qu’il se sentait quand même vraiment mal. Et maintenant, il allait pouvoir tout dire à Hyppolite, sans tout mettre sur le dos de sa mère dans le coma (même si ça n’enlevait pas le fait qu’il se sentait mal par rapport à ça aussi).

« Je ne crois pas qu’on puisse faire quelque chose. » Il aimerait bien, en soit, faire quelque chose, mais ce n’était pas le cas. « Faut juste que j’attende que… que tout reprenne son court. »

Et il allait donc devoir faire en sorte de vivre sa vie normalement, en sachant ce qui allait lui arriver.

Rhian comprenait parfaitement que son meilleur ami ait envie de faire quelque chose pour régler un peu tout cela, sauf qu’en même temps… eh bien le rouge et or ne pouvait que considérer qu’il n’y avait pas de solution. Le jeune garçon ne voyait pas ce qu’il pouvait bien faire, ce que quiconque pouvait bien faire. Bon, Rhian savait que son petit fils avait l’intention de faire quelque chose dans leur époque, mais ça ne le concernait pas réellement. Tant qu’ils étaient protégé avec Louisa… c’était le principale non ? Bon, d’accord, le jeune garçon ne parvenait pas du tout à penser de cette manière, cette histoire avait juste le rendre dingue. Complètement dingue même. Il ne savait plus quoi penser réellement, quoi croire. Et avec tout cela, il avait le sentiment que sa relation avec Louisa était en train de changer énormément. Il ne parvenait pas à la voir juste comme sa meilleure amie maintenant, c’était quand même vraiment difficile.

Rhian avait simplement envie de cacher sa tête sous sa couette et d’attendre que sa vie revienne à la normale, sauf qu’il ne pouvait en effet pas être si sûr que cela que ça allait revenir à la normale. D’ailleurs, Hyppolite ne manqua pas de d’appuyer sur ce point, en affirmant qu’il ne pouvait pas être sûr que sa vie allait reprendre son cours normalement. Il ne pouvait pas être sûr… non, parce qu’il y avait déjà un psychopathe qui ne manquait pas de vouloir sa mort, à lui et à sa meilleure amie. Il ne savait même pas s’il allait être encore en vie à la fin de cette histoire, ou encore même si elle allait prendre fin un jour.

« Non… je ne peux pas être sûr en effet. » Dit-il en poussant un soupire. Il n’avait pas vraiment besoin de son meilleur ami pour broyer du noir, mais ce dernier ne manquait pas d’en rajouter un peu quand même. « Mais ce n’est pas comme si j’avais beaucoup de choix de toute façon. » Ajouta-t-il. « Si j’avais une solution, je tenterais de faire autrement. »

Sauf qu’il n’y avait définitivement aucune façon de s’en sortir. Bon, peut-être, mais là, tout de suite, Rhian ne voyait vraiment pas ce qu’il pouvait bien faire. Ce n’était pas comme s’il pouvait affronter un mage noir, ou encore s’il pouvait faire quoi que ce soit pour aider les voyageurs du futur à retourner dans leur époque. La seule chose qu’il pourrait faire, peut-être, c’était ne pas trop se prendre le choux avec Louisa, mais il ne pouvait pas faire comme si de rien n’était non plus. Il ne parvenait pas à faire comme si de rien n’était alors qu’il savait qu’elle devait normalement devenir son épouse et la mère de son(ses) enfant(s). Comment faire pour ne pas y penser maintenant ? En ce moment, Rhian avait de toute façon le sentiment que plus rien ne coulait de source en réalité…

« Mais c’est gentil de te soucier de moi. » Dit-il alors dans un sourire, à son meilleur ami.

Rhian ne pouvait pas s’empêcher de remercier Hyppolite, même s’il n’avait peut-être pas besoin de le faire. Mais il y tenait, parce que ça le touchait quand même énormément que son meilleur ami s’inquiète à ce point pour lui. Bon, en même temps, c’était en effet normal. Au vu de la situation, le rouge et or aurait clairement été mort d’inquiétude pour son ami s’il s’était retrouvé dans sa position. Mais bon, vraiment, il avait comme le besoin de le remercier. Même si Hyppolite ne manqua pas de lui dire que ce n’était pas gentil, c’était simplement normal parce qu’il était son meilleur ami. C’est sûr, c’était normal, mais en même temps Rhian trouvait ça gentil quand même. Mais il s’en voulait un peu d’avoir dit ça comme ça, puisque son ami ne manqua pas de s’excuser de poser des questions bêtes. Parce qu’il avait envie de faire quelque chose. Rhian ne savait pas vraiment comment réagir, il avait peur de blesser son ami, et en même temps il appréciait sincèrement ce qu’il lui disait. Forcément qu’il avait envie de faire quelque chose et ça le touchait énormément. Mais en même temps, il n’y avait clairement rien à faire… malheureusement. Enfin, pour le coup, Rhian pensait vraiment qu’il ne pouvait rien faire en dehors d’attendre, de voir venir et de déprimer dans son coin.

« Tu peux faire plein de truc tu sais ? » Dit-il alors dans un fin sourire, en tournant son regard vers son ami. « Réussir à me faire penser à autre chose pour que je ne devienne pas fou par exemple… » Rhian poussa un nouveau soupire. « Cette histoire c’est… c’est juste de la folie. »

Et encore, le jeune garçon ne se doutait pas de tout ce qui allait se passer, quand bien même il avait vu la plus grande partie. Rien que de savoir à quoi ressemblait son futur, ça le mettait dans une position vraiment délicate. Il ne savait pas quoi penser de tout ça, il avait juste envie de revenir en arrière, de ne pas savoir tout ça. Il avait envie d’avoir le sentiment de pouvoir choisir lui-même la voix qu’il voulait suivre. C’était le cas, à un détail près – parce que clairement, s’il ne devait pas épouser Louisa un jour, le futur allait bien trop changer –, mais il ne parvenait pas à penser de la sorte. Il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que toute sa vie était tracée. Alors que non, il avait encore beaucoup de chose en main.

« Je te jure… j’ai juste envie de tout oublier. Cenlyn m’a promis qu’on me ferait subir un sort d’oublie quand tout ça sera terminé. » Parce qu’il était évident qu’avec la menace qui se trouvait au-dessus de sa tête, le rouge et or ne pouvait pas envisager d’oublier maintenant. Outre le fait qu’on ne manquerait pas de le lui rappeler, il devait quand même avoir conscience de ce qu’il y avait au dessus de sa tête, cette énorme épée de Damoclès.

Hyppolite sembla étonné d’entendre les propos de Rhian, sans que cela n’étonne réellement le jeune garçon. Parce que mine de rien, subir un sort d’oubliette, ce n’était pas rien. Mais en même temps, le jeune garçon en cet instant présent ne pouvait pas s’empêcher de se dire que c’était la seule solution possible, que c’était la meilleure chose à faire. Parce que ainsi, il allait pouvoir oublier toute cette histoire et se concentrer sur sa vie, sans penser au fait qu’il devait donc normalement épouser Louisa et compagnie. Comme ça, il pourra simplement suivre le cours de sa vie, l’air de rien, sans se rendre compte qu’il avait su par avance tout ce qui allait se passer. Même si, forcément, c’était quand même risqué.

D’ailleurs, son ami ne manqua pas de souligner sa crainte visiblement, puisqu’il lui demanda s’il n’avait pas peur que sa tourne mal. Rhian mentirait s’il affirmait que c’était en toute quiétude que Rhian envisageait cette solution. Parce que lancer un sort d’oublie ce n’était pas rien. Et forcément, ça allait être Cenlyn qui allait le lancer et même s’il avait parfaitement confiance en sa sœur jumelle, ils étaient jeunes encore. Enfin, d’ici à ce qu’ils arrivent au stade où ils allaient pouvoir lancer ce sort, ils avaient le temps de s’entraîner.

« Je ne dis pas que ça va être simple… » Rhian poussa un soupire, si seulement la situation pouvait être simple. Tout était si complexe, sa vie semblait si compliquée maintenant. Il n’avait aucune idée de ce qu’il devait réellement faire, de ce qu’il valait mieux qu’il fasse. La seule chose qu’il savait, c’était qu’il n’avait aucune idée de comment les choses allaient se passer malgré le fait qu’il connaissait son futur, il ne savait pas du tout comment il allait pouvoir s’en sortir. Il avait juste le sentiment que sa vie avait décidé de le foutre dans la merde à longueur de temps. « Mais je ne pense pas avoir le choix. » Alors oui, clairement il avait peur que ça se passe mal, mais c’était comme ça. « De toute façon, je crois que ça peut pas vraiment être pire. »

Bon, si ça pouvait l’être carrément, Rhian pourrait très bien devenir un légume et ça n’était pas du tout une bonne chose pour l’avenir. Et le futur n’allait pas manquer de lui prouver d’ailleurs que ça pouvait bien être pire, mais en même temps… eh bien, tant pis. Franchement, Rhian ne se sentait pas de continuer en aillant conscience de son futur. Là, tout de suite, le jeune garçon avait juste envie de faire l’autruche et c’était clairement ce qu’il était en train de faire.

Rhian avait conscience que sa décision avait des risques, que ce n’était pas forcément la plus seine à prendre, mais en même temps, il n’avait pas l’intention de changer d’avis. Il était peut-être un peu tête de mule pour le coup, et il l’était en réalité bien souvent, mais il n’avait vraiment pas l’intention de changer d’avis. Il ne voyait pas comment il pouvait faire sans ça, comment il allait pouvoir vivre sans perdre un peu de ce qu’il savait, en ignorant complètement ce qu’il était censé faire de sa vie. Bon, concrètement, Rhian ne savait pas grand-chose, mais quand même il était évident qu’il connaissait le plus important. Le simple fait de savoir qu’il allait se marier avec Louisa, c’était plus que ce qu’il devrait savoir.

Sauf que Hyppolite ne sautait pas de joie à cette décision. Rhian pouvait le comprendre, en un sens, mais il n’avait pas spécialement besoin d’entendre son interlocuteur lui donner des contres arguments qui ne manquaient pas d’être justement de bons contres arguments. Il était évident que Rhian prenait un risque, le risque de tout oublier, que le sort ne se passe pas comme il le fallait et que ça aille trop loin. Qu’il oublie qui il était par exemple, d’où il venait… s’il oubliait Hyppolite.

« Parce que tu penses vraiment qu’on peut t’oublier ? » Demanda-t-il dans un sourire, dans le but de tenter de détendre un peu l’atmosphère, même s’il n’était clairement pas le plus doué qui soit. Il n’avait pas envie d’inquiéter son ami, il n’avait pas envie que ce dernier se prenne la tête. « Je ferais attention… » C’était le cas, il avait vraiment envie de faire les choses bien. Il n’avait pas spécialement envie de mettre sa vie en charpie simplement parce qu’il ne se souviendrait plus de la moitié de sa vie, de qui il était, et de tous ses proches. Non, il n’avait aucune envie de perdre la boule, seulement s’assurer qu’il pouvait envisager de vivre normalement. « J’ai pas envie que ça se passe mal tu sais ? »

Il ne pouvait pas tout promettre à son ami non plus, mais il osait quand même croire qu’il pouvait trouver un moyen que ça se passe bien, qu’avec de l’entrainement, qu’avec du temps, ils allaient pouvoir mettre un plan pleinement en place, sans qu’il ne risque quoi que ce soit.

Hyppolite n’avait clairement pas tort en affirmant que quand les choses se passaient mal, souvent ce n’était pas parce qu’on avait voulu que ça se passe mal. Forcément, dit comme ça, ça remettait quand même pas mal les propos de Rhian. Mais le jeune garçon avait sincèrement envie de rassurer son meilleur ami. Rhian avait conscience que sa décision n’était pas anodine et tout le monde ne manquait pas de le lui rappeler d’ailleurs. Mais il n’avait pas envie, pour le moment, de changer d’avis. Il n’avait aucune envie de subir tous ces souvenirs qui allaient sans doute l’empêcher d’avancer comme il le voulait, sans se rendre compte encore que tout cela allait pouvoir changer dans les mois à venir. Dans tous les cas, Rhian n’avait aucune envie que son meilleur ami s’inquiète pour lui, quand bien même Hyppolite avait de bonne raison de le faire.

Tout comme il n’avait pas envie qu’il s’imagine qu’il puisse envisager de le laisser à l’écart. Bon, jusqu’à présent, il ne lui avait rien dit de tout cela, mais c’était en grande partie parce qu’il ne pouvait pas. Il n’avait pas spécialement eu à cœur de parler de ça à Louisa non plus. C’était un peu compliqué tout ça, mais le rouge et or était soulagé que Hyppolite puisse être au courant maintenant. Comme ça, il n’avait plus besoin de lui mentir, il pourrait lui parler de tout et il avait bien l’intention de lui parler de tout.

« Promis. » Dit-il, quand bien même il le faisait peut-être un peu trop vite, puisqu’il n’avait pas une seule seconde idée de comment les choses allaient se passer dans les mois et les années à venir. Surtout que toute cette situation, même si Rhian la prenait bien à cœur, ne tournait pas autour de lui.

Rhian pensait rajouter quelque chose, mais le professeur ne manqua pas de rappeler que ça serait une bonne chose de suivre le cours. C’était qu’avec tout cela, Rhian n’avait pas écouté une seule seconde le cours qu’ils étaient en train de suivre. Cela dit, le rouge et or était d’avis que ça ne servait pas à grand-chose. Enfin, pour le moment, il ne voyait pas trop l’intérêt de s’en sortir en classe. Surtout que ce n’était pas comme s’il allait pouvoir faire plaisir à sa mère qui ne se rendait compte de rien.