Elle n'en pouvait plus. C'était simple, si simple, et pourtant si douloureux. Melody. Ce simple prénom, qui signifiait tant de choses pour elle. Là, allongée dans son lit, Lysandre laissait ses larmes couler, témoignage silencieux. Une tristesse infinie qui s'écoulait, larme après larme de son corps, de son cœur, sans pour autant réussir à s'assécher.

Elle se trouvait là, dans son lit moelleux, pelotonnée contre le mur, serrant contre elle un amas de coussins empêtrés dans sa couette trop épaisse. Elle sentait contre sa peau le tissu humide, voyait les heures défiler. Elle se sentait mal. Mal au fond d'elle même. Mal au point de se dire qu'elle n'avait pas agit comme elle l'aurait du. Malade de toute cette souffrance qu'elle gardait en elle, et dont la jeune fille n'arrivait pas à se défaire. Malade de cette hypocrisie qui suintait de sa sœur. Malade de ces regards trompeurs, de ces sourires faux que sa jumelle lui adressait lorsque ses parents étaient dans le coin. Pareils à des couteaux, ils venaient se ficher dans son corps, élargisant encore un peu plus la plaie béante au niveau de son cœur.

Et malgré tout, Lysandre continuait à couvrir sa sœur. A l'aide, avec ses propres moyens. A simuler que tout allait bien. A sortir faire un tour, pour ne pas que ses parents s'inquiètent de la voir tout le temps dans sa chambre. A laisser une partie entamée d'échecs sorciers sur la table du salon. A monter dans sa chambre pour pleurer. A passer dans la salle de bain avant de descendre, pour s'assurer que ses yeux ne soient pas trop rouges, et à se passer de l'eau fraîche sur le visage avant de partir jouer à la famille unie et aimante. A le leur faire croire, parce que Melody le voulait.

Lors de ses promenades solitaires, Lysandre gagnait une sorte de rocher, dont le dessus était plat. Elle grimpait dessus, s'asseyait, s'allongeait, et laissait le temps s'écouler. Laissait les heures passer, sans rien faire, sans rien dire. Alors qu'elle aurait eu envie de crier au monde sa douleur. De hurler combien qu'elle souffrait de cette situation. D'extérioriser pour, peut être, se sentir mieux. Et pourtant, elle restait là, seule. Dans ce silence parfois pesant, parfois apaisant, uniquement troublé par les bourrasque de vent qui balayait la colline herbeuse.

Non, Lysandre n'allait pas bien. Elle se sentait sale. Brisée. Elle aurait eu besoin de quelqu'un pour la soutenir. Elle aurait eu besoin d'un ami à ses côtés. Mais elle se taisait. S'enfermait dans sa douleur. Ne demandait rien, car était persuadée de n'en être pas digne. Et continuait à souffrir. A se détruire, lentement mais sûrement.

Dans un léger gémissement, elle resserra son emprise sur sa couette humide, comme à chaque fois que ces pensées sombres et noires venaient la hanter. Dans un reniflement, elle ouvrit les yeux et se retourna vers le mur. A travers ses prunelles embuées, elle fixa la cloison. La cloison derrière laquelle se trouvait la chambre de Melody... Et les larmes recommencèrent à couler de plus belle, alors que la Serdaigle se rappelait le vide qui s'était étendu en elle et tout ce qu'elle avait perdu ce jour là...